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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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l’écriture avait maintenant presque disparu – il n’y a plus de doute possible.
    Tandis qu’Afra écoutait Reinstein, elle revit défiler les dernières années de sa vie : tout prenait subitement un sens.
    Cette découverte l’attristait et l’inquiétait plus qu’elle ne la rassérénait. Jusqu’à ce jour, elle n’avait eu qu’une vague idée de la valeur du parchemin.
    Maintenant, elle avait la certitude qu’il n’y avait pas document plus séditieux et subversif dans tout l’Occident chrétien.
    Lorsque son père lui avait légué ce parchemin, il était certainement plein de bonnes intentions. Mais désormais, Afra doutait fortement qu’il ait réellement mesuré l’ampleur des répercussions que pouvait entraîner la divulgation de son contenu. Elle ne se sentait pas en tout cas de taille à affronter une telle situation. Il y avait des sommes astronomiques d’argent en jeu et les fondements mêmes de l’ é glise étaient remis en cause. Au terme de son périple aventureux, Afra n’avait plus la force de se battre. Il lui manquait l’épaule solide sur laquelle elle aurait pu s’appuyer. Elle pensa naturellement à Ulrich. Si, dans un premier temps, elle avait hésité à accepter son invitation pour avoir une explication franche avec lui, elle venait de changer d’avis, elle se rendrait à ce rendez-vous.
    Elle se tourna vers maître Hus et lui demanda d’une voix où se mêlaient le désarroi et la peur :
    — Que va-t-il se passer désormais ?
    Jan Hus et Johann von Reinstein étaient assis face à face en silence et se regardaient droit dans les yeux, comme si chacun attendait de l’autre qu’il réponde.
    — Pour l’instant, conservez le document précieusement. Personne ne peut soupçonner que vous l’avez, lui dit Hus après un temps de réflexion. Le pape Jean m’a convoqué demain. Il veut sans doute encore une fois essayer de me convaincre de renier mes thèses. Mais le parchemin ne fait que renforcer mes convictions : l’ é glise romaine se réduit de nos jours à une bande de paons, de fanfarons, de goinfres insatiables et de satyres forniquant à qui mieux mieux, les uns et les autres s’engraissant au détriment de la communauté. Cela me semble contraire au message du Christ qui est descendu sur terre pour prêcher la modestie et l’humilité. Je suis curieux de voir la réaction du soi-disant représentant de Dieu sur terre en apprenant la teneur du parchemin.
    — Il en contestera l’authenticité, objecta Johann von Reinstein.
    Afra secoua la tête :
    — Je ne le crois pas. Le pape Jean connaît son existence et son contenu à la suite d’un enchaînement malencontreux de faits. Quand j’étais à Ulm et que je cherchais le moyen de décrypter ce parchemin, je me suis rendue chez un alchimiste, un certain Rubaldus, afin qu’il m’aide à lire le parchemin. C’était hélas un espion de l’évêque d’Augsbourg, lui-même un fervent partisan du pape de Rome.
    — Ce Rubaldus a pu lire le parchemin ? demanda maître Hus.
    — Bien sûr. Peu de temps après, il a été retrouvé mort.
    Les yeux du maître étincelèrent de colère tandis que ceux de Reinstein traduisaient la plus vive inquiétude :
    — Veuve Gysela, êtes-vous bien consciente des grands dangers que vous courez ?
    — Oui, mais je suis à l’abri tant que vous garderez le secret !
    — Soyez assurée qu’aucun de nous ne parlera même sous la torture, répondit Hus qui semblait tout à fait crédible et sincère. En revanche, si l’alchimiste vous a déjà trahie, ce qui est fort probable, alors le pape n’abandonnera pas ses recherches tant qu’il n’aura pas mis la main sur le parchemin. Et un homme comme le pape Jean ne recule devant rien, pas même devant un cadavre, nous en savons quelque chose.
    — C’est une éventualité, maître Hus. Mais le pape n’a pas intérêt à éliminer la détentrice supposée du document tant qu’il n’a pas récupéré ce document embarrassant. Or, je ne suis plus celle censée posséder le parchemin.
    Hus et Reinstein se regardèrent surpris. Cette femme s’enveloppait de mystère.
    — Si ce n’est vous, alors qui d’autre ? s’enquit Hus. Vous nous devez une explication. Vous nous aviez pourtant dit que vous vous appeliez Gysela Kuchler !
    — Gysela Kuchler est morte de la peste à Venise. Elle avait pour mission de m’espionner. Elle ne travaillait pas uniquement pour le compte du pape, mais aussi pour

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