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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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elle paraissait
légère et inconsistante. Ils regardèrent au-dessous d’eux et virent un beau
pays verdoyant et des toits de forteresses. Ils aperçurent également une bête
monstrueuse dans les branches d’un arbre et des troupeaux de bœufs dans la
prairie, tout autour. Un homme, armé d’une épée, d’une lance et d’un bouclier,
se tenait là. Mais quand il aperçut l’énorme bête dans l’arbre, il s’enfuit à
toutes jambes. La bête, alors, tendit son cou hors des frondaisons, posa sa
tête sur le dos du plus gros bœuf du troupeau et, l’attirant vers elle, le
dévora en un instant. Aussitôt, les autres bœufs s’enfuirent au triple galop. À
ce spectacle, Bran et ses compagnons furent saisis d’une terreur d’autant plus
grande qu’ils croyaient bien que le bateau ne pourrait jamais traverser cette
mer si légère. Mais, après de rudes moments d’angoisse, ils franchirent ces parages
périlleux et se retrouvèrent sur une mer normale : cependant l’eau
semblait immobile. Ils restèrent de longues heures sans que le bateau pût
avancer, quelques efforts qu’ils fissent en ramant vigoureusement. Alors, le
vent se leva, gonfla leur voile, et ils se remirent à voguer sur les flots.
    Ils abordèrent bientôt dans une île couverte d’arbres qui
ressemblaient à des saules ou des coudriers, mais qui portaient des fruits
merveilleux et de grosses baies. Ils en secouèrent quelques branches puis tirèrent
au sort pour savoir lequel d’entre eux goûterait aux fruits, et le sort tomba
sur Bran. Il écrasa quelques-unes des baies dans une coupe et en but le jus.
Alors, il tomba dans un profond sommeil qui dura depuis cette heure-là jusqu’à
la même heure le lendemain. Entre-temps, ses compagnons s’inquiétèrent, se
demandant s’il était mort ou vivant, car une écume rouge lui maculait la
commissure des lèvres. Mais il s’éveilla frais et dispos, et il leur dit :
« Vous pouvez en prendre, ils sont excellents. »
    Ils en ramassèrent donc autant qu’ils purent pour en charger
le bateau : mêlé à de l’eau, le jus ferait une boisson agréable et
enivrante. Et ils allaient partir, quand apparut une sorte de nuage dans le
ciel, et ce nuage venait vers eux. Mais ils comprirent qu’il s’agissait d’un
énorme oiseau et, terrifiés à l’idée qu’il allait fondre et refermer sur eux
ses serres monstrueuses, ils se précipitèrent à couvert, traversèrent le bois
et se retrouvèrent au centre de l’île. Il y avait là un petit lac au bout duquel
se posa l’oiseau, tenant en son bec une branche aussi colossale qu’un chêne,
mais d’une espèce inconnue. Cette branche comportait de nombreux rameaux très
larges auxquels pendaient, en guise de fruits, des grappes d’espèces de baies
jaunes, qu’on discernait à peine à travers les feuilles, tant celles-ci étaient
fraîches et drues.
    Bran et ses compagnons surveillaient l’oiseau, se demandant
ce qu’il allait faire. Mais il ne bougeait pas, et, en l’examinant mieux, ils
virent que son plumage était en piètre état, rongé par la vermine. L’un des
hommes s’approcha prudemment de l’oiseau, lequel demeura immobile ; puis
il revint vers ses compagnons, et tous s’apprêtaient au départ, lorsque
surgirent au-dessus d’eux deux grands aigles, qui se posèrent à leur tour près
de l’énorme oiseau. Après avoir pris un peu de repos, ils se mirent à becqueter
son plumage, comme pour le soulager des parasites qui l’infestaient.
    Tous deux procédèrent ainsi jusqu’au milieu de la journée.
Ensuite, ils se mirent à manger les baies que portait la branche, avant de
recommencer à picorer la pourriture et la vermine de leur voisin, le défaisant
même de ses vieilles plumes. Enfin, ils saisirent les fruits, les écrasèrent
contre des pierres et les jetèrent dans le lac de telle sorte que l’eau écuma
et devint toute jaune. Alors, le grand oiseau se leva et, dévalant la rive, se
baigna. Aussitôt, les deux aigles s’envolèrent dans le ciel et disparurent par
où ils étaient venus.
    Au bout d’un moment, le grand oiseau sortit du lac et, après
s’être ébroué vigoureusement, s’immobilisa sur le rivage comme pour dormir. De
plus en plus intrigués par son comportement, Bran et ses compagnons n’osaient
toutefois approcher, et ils se contentaient de regarder à travers les arbres.
C’est ainsi qu’ils virent le grand oiseau s’agiter enfin, déployer ses ailes
et, soudain,

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