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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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s’envoler, d’un vol plus rapide et plus puissant qu’au moment de
son arrivée, puis disparaître dans le ciel dans la direction d’où il était
venu.
    « À l’évidence, dit Diuran le Poète, il est venu ici se
rajeunir. Allons nous baigner dans le lac, nous aussi, afin d’y recouvrer nos
forces comme lui. – Garde-t’en bien ! s’écria Bran, ce serait dangereux,
car l’oiseau a laissé tout son venin dans le lac, et tu risques d’être atteint.
– Ce qu’il a fait, je peux le faire aussi ! répliqua Diuran. Je vais me
baigner. »
    Ayant dit cela, il ôta ses vêtements et plongea dans les
eaux, y demeura quelques instants, but deux ou trois gorgées puis regagna la
berge. Et, de ce jour, il eut des yeux excellents, des dents très saines, et
nulle maladie ne vint jamais le tourmenter. Aucun de ses compagnons, toutefois,
n’osa imiter son exemple, et ils regagnèrent tous leur bateau, se contentant
d’emporter les baies rouges cueillies dans le bois.
    Le lendemain matin, alors qu’ils voguaient paisiblement, ils
virent avec stupéfaction un homme qui conduisait sur les vagues un char tiré
par deux chevaux. L’inconnu se dirigea vers le bateau et engagea la
conversation avec Bran.
    « Bienvenue à toi, Bran, fils de Fébal, ainsi qu’à tous
tes compagnons. – Comment me connais-tu ? s’étonna Bran. Et qui
es-tu ? – Je suis Mananann, fils de Lîr, des tribus de Dana, et je suis
venu jusqu’à toi pour te dire que, bientôt, tu toucheras au but que tu t’es
fixé. – Mais, reprit Bran, par quel prodige peux-tu faire galoper tes chevaux
sur la mer ? – Il ne faut pas toujours croire ce que l’on voit, répondit
Mananann. Tu trouves déjà merveilleux que ton bateau soit capable de flotter
sur la mer mais, à mes yeux, ce que tu appelles la mer est une plaine fleurie
sur laquelle roule mon char tiré par deux bons chevaux. Ce qui te paraît la mer
claire, ô Bran, fils de Fébal, m’est une agréable plaine émaillée de fleurs.
Tandis que tu vois des vagues autour de toi, moi, dans cette plaine immense et
merveilleuse, je vois des troupeaux qui paissent tranquillement l’herbe verte
et moelleuse qui ne manque jamais, été comme hiver. Les poissons que tu vois à
travers les flots me sont des oiseaux qui chantent dans les arbres, et l’écume
des vagues, ce sont pour moi des fruits d’or qui mûrissent toute l’année. Oui,
Bran, c’est sur le haut d’un bois que navigue ton bateau, frôlant la cime des
arbres : un bois couvert de fruits admirables se trouve sous la proue de
ton bateau, un bois rempli de fleurs odorantes, de fruits parfumés, et dont les
feuilles sont de la couleur de l’or le plus pur. »
    Bran et ses compagnons écoutaient avec étonnement ce que
disait Mananann. Celui-ci fit plusieurs fois le tour du bateau, ses chevaux
galopant à toute allure parmi les vagues qui projetaient jusque sur la voile de
blancs embruns.
    « Je dois te quitter maintenant, reprit Mananann. Vous
avez tous enduré le froid, la faim et la soif, je le sais, mais cette épreuve
était peut-être nécessaire pour vous permettre d’apercevoir l’île des Femmes à
travers la brume. Il arrive en effet souvent que l’on passe tout près de ce que
l’on cherche sans même s’en rendre compte. Adieu, Bran, fils de Fébal, que tes
compagnons et toi-même rament fermement vers l’île des Femmes, Émain si
agréable à ses hôtes. Vous n’en êtes pas loin, et tu l’atteindras avant le
coucher du soleil. »
    Sur ce, Mananann disparut de leur vue dans un éblouissant
jaillissement d’écume. Alors, ils se mirent tous à ramer, pleins de confiance
et d’espoir, avec une nouvelle ardeur. Et, de la sorte ils arrivèrent en vue
d’une île dont, par prudence, ils firent le tour. Ils y virent une troupe
d’hommes et de femmes qui s’esclaffaient et qui, tout en regardant Bran et ses
compagnons, ne cessaient pourtant de deviser avec de grands éclats de rire.
« Ce n’est certes pas l’île des Femmes, dit Bran. Mais il nous faut savoir
qui sont ces gens et ce qui les rend si joyeux. »
    On tira au sort pour savoir lequel d’entre eux mettrait pied
à terre, et le sort désigna le troisième des frères de lait de Bran. Il
débarqua donc mais, dès qu’il fut au milieu des rieurs, il se mit à parler et à
rire autant qu’eux. Et ses compagnons eurent beau le héler, point de
réponse : il se contentait de les regarder et de se moquer d’eux. Alors,
Bran se souvint

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