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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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les Arméniens et les peuples de l’Asie Mineure,
ainsi que tous les peuples qui occupent, au nord et à l’ouest du monde,
l’Europe et les îles qui sont en face, dans le grand océan. Japhet eut huit
fils, et le huitième portait le nom de Magog. Magog eut lui-même deux fils qui
se nommaient Baath et Ibath. C’est de ce dernier, à savoir Ibath, que
descendent les rois qui régnèrent à Rome. Baath eut un fils à qui il donna le nom
de Fenius Farsaid : c’est de lui que descendent les Scythes, et c’est de
ceux-ci que proviennent les Gaëls [26] .
Mais c’est de Magog, fils de Japhet, que sont issus les peuples qui vinrent
s’établir en Irlande avant les Gaëls, à savoir la tribu de Partholon, fils de
Sera, et la tribu de Nemed, fils d’Agnoman, ainsi que tous ceux de la tribu de
Nemed qui, après s’être exilés d’Irlande, y revinrent s’établir plus tard.
    Après le Déluge, l’île d’Irlande demeura déserte pendant une
période de trois cent douze ans. Alors y aborda Partholon, fils de Sera. Il
venait d’un pays qui s’appelait la Mygdonie, c’est-à-dire la Petite Grèce. Il
avait dû quitter sa patrie parce qu’il avait commis un crime : il avait en
effet tué son père et sa mère pour permettre à son frère de régner mais, ce
faisant, avait provoqué de grands malheurs : neuf mille hommes furent tués
en une semaine, et Partholon dut s’enfuir au plus vite, en compagnie de dix
personnes, dont ses trois fils et quatre femmes. Il erra pendant un mois en
Adalacie, puis il mit neuf jours pour aller d’Adalacie au pays des Goths. Il
repartit du pays des Goths et voyagea un mois entier pour atteindre l’Espagne,
et c’est de là qu’après une navigation de neuf jours son bateau aborda les
côtes d’Irlande. C’était un mardi, le dix-septième jour de la lune, aux
calendes de mai [27] .
    « Voici une terre qui nous conviendra, dit Partholon.
Les arbres y sont beaux et verdoyants, et le gibier doit y être abondant.
Cherchons un lieu où établir nos demeures. »
    Ils firent le tour de l’île et décidèrent de s’installer
dans l’endroit qui leur parut le plus fertile. On raconte que c’était celui que
l’on nomme maintenant Mag Inis, la Plaine de l’Île. À cette époque, il n’y
avait ni ferme, ni maison, ni champs cultivés à la disposition des
hommes : ils ne pouvaient survivre qu’en se livrant à la cueillette des
fruits sauvages et à la chasse, à la poursuite des oiseaux, ainsi qu’à la
capture des poissons dans les estuaires.
    Ils construisirent donc leurs maisons dans la Plaine de l’He [28] . Lorsque Partholon
s’en allait à la pêche et à la chasse, il laissait sa femme, Elgnat, fille de
Lochtach, dans sa demeure pour qu’elle la garde. Et il demanda à son serviteur
Topa de veiller sur Elgnat, afin que celle-ci ne fût pas attaquée par les
loups. Car il y avait des loups en Irlande, bien qu’il n’y eût point d’animaux
nuisibles. Il n’y avait même pas d’abeilles : elles ne pouvaient pas y
vivre. C’était à tel point que si quelqu’un répandait du sable ou du gravier
apporté d’Irlande en quelque lieu de la terre où se trouvaient des ruches, les
abeilles abandonnaient immédiatement celles-ci.
    Cependant, chaque fois que Partholon était absent, Elgnat
jetait les yeux sur le serviteur. Et plus elle le regardait, plus l’embrasait
le désir de le voir couché à ses côtés. Un jour, n’y pouvant plus tenir, elle
l’invita à venir la rejoindre dans son lit. Le serviteur refusa tout net et se
défendit de jamais trahir la confiance de son maître.
    « Tu es un poltron, dit la femme. Tu as peur que
Partholon ne te tue si jamais il apprend que tu as couché avec moi ! – Je
n’ai pas peur, ô femme, mais je n’ai pas envie de commettre une mauvaise action
envers mon maître. »
    Le lendemain, Elgnat provoqua encore Topa. Il refusa une
nouvelle fois de la rejoindre dans son lit. « Je comprends bien, dit la
femme. Tu n’es pas viril, et voilà pourquoi tu refuses de me rejoindre. Que la
honte se répande sur toi ! »
    Quand il entendit cette insulte, le serviteur ne put faire
autrement que d’aller dans le lit prouver à la femme de Partholon sa virilité.
La chose faite, l’homme et la femme eurent soif et burent dans le vase que
Partholon avait préparé pour le moment de son retour.
    Le soir, Partholon rentra de la chasse et, comme il avait
soif, il but dans le vase qu’il avait préparé. Mais, en

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