Les contrebandiers de l'ombre
sauvage, couvert de cuivre en fusion. Pourtant la pluie frappait à la fenêtre et le feu crissait dans l'âtre, mais peu importait qu'il n'y eût pas d'alizé pour caresser leurs corps. Pour Rhea, en effet, les sensations étaient exacerbées par le souvenir et le désir d'anticiper, pour parvenir à une union plus satisfaisante et plus intime. Avant ce moment de réveil sexuel, sur cette plage, elle était une enfant sans connaissance de sa propre sensualité.
La passion lui était inconnue jusqu'à cet instant. Aujourd'hui, c'était une femme qui acceptait et vivait tous les désirs pressants que Dante l'avait aidée à ressentir, en l'initiant aux voies de l'amour. Et seul Dante pouvait calmer le feu qui coulait dans ses veines.
Quels que soient les événements futurs, Dante était une partie d'elle-même, et jamais plus elle ne serait affranchie du besoin de ses baisers.
Répondant à ses étreintes, Rhea sentit les doigts de Dante concentrer leurs efforts sur les lacets de son corsage, comme sur ceux de son jupon. Dans un bel ensemble, ces effets glissèrent sur le parquet, la laissant en corset, chemisier et bas. Une fois qu'elle fut débarrassée de la mousseline et de la dentelle qui la cachaient, les mains de Dante enserrèrent sa taille. Les bras de la jeune femme s'enroulèrent autour de son cou et il enfouit son visage dans la soie parfumée de ses cheveux, en la tenant très fort contre sa poitrine.
— Tu deviens chaque jour plus voluptueuse. Je n'en peux plus ! fit-il, la voix étouffée par la masse de cheveux blonds. (Rhea sentit son souffle chaud contre son oreille, alors qu'il lui léchait le lobe, sa langue chatouillant la chair délicate.) Tu m'as vraiment ensorcelé, Rhea !
Il la débarrassa rapidement des derniers nœuds du corset, qui atterrit sur la pile de vêtements abandonnés çà et là. Dante la souleva avec aisance et la jeta sur le lit, sans prêter la moindre attention à la pudeur féminine qui aurait pu encore lui rester. Elle tomba mollement sur la couverture et la pile de coussins. Sa surprise intérieure jaillit en un éclat de rire qui se mêla à celui de Dante. Elle n'avait pas compris que sa chemise remontait maintenant au-dessus de ses hanches, laissant sa pudeur tout à fait compromise.
Dante s'agenouilla devant elle et entreprit de rouler ses bas avec un soin particulier, ses doigts se détournant souvent de leur tâche. Cette délicate opération achevée, Rhea s'assit confortablement dans les coussins, les bras croisés derrière la tête, la chemise couvrant les fermes rotondités de sa poitrine. Elle observa Dante qui enlevait sa chemise, découvrant son torse d'athlète.
— Tu veux connaître un secret ? commença-t-elle avec hésitation.
— J'ai l'intention de connaître tous tes secrets, répondit-il en ajoutant avec plus de sérieux : Pas de secrets entre nous, sinon nous nous comprendrons toujours mal.
— Aucun, promit Rhea, croyant la promesse facile à tenir.
— Dis-moi quel est ce terrible secret.
— Je crains que ce ne soit pas bien extraordinaire, admit-elle. Si je te disais que tu. me rappelles quelqu’un de ma famille ?
— Bon Dieu ! Pas ton père, au moins ? demanda Dante avec une horreur feinte.
— Idiot ! s'écria-t-elle en riant. Oh, bien sûr, maintenant que j'y pense, je trouve aussi certaines ressemblances de caractère entre vous deux... Il s'agit d'un ancêtre. Il y a un portrait de lui dans la galerie longue à Camareigh. Etant enfant, j'ai conçu une grande fascination pour ce personnage. C'était même ma peinture favorite là-bas !
— Quel était cet ancêtre ? Un homme exemplaire, sans doute ?
Son attention se concentrait plutôt sur les boutons de sa culotte et il ne vit pas l'éclair diabolique dans les yeux de Rhea.
— Il faut bien le dire, c'était un fieffé coquin.
— Vraiment ?
— Hum, oui. Je le crains bien, répliqua la jeune femme, qui essayait de garder son sérieux.
C'était un corsaire à l'époque de la reine Elisabeth.
Un léger bruissement, et les vêtements de Dante tombèrent au milieu du tas d'effets appartenant à Rhea. Ses bottes volèrent à travers la pièce.
— Un corsaire ? répéta-t-il, assez enchanté. Alors, il va sans dire que c'était un gredin.
— D'après le regard qu'il a sur le portrait, j'ai toujours été persuadée qu'il aurait pu charmer le diable en personne, continua Rhea, que fascinait la masculine beauté du corps nu de Dante. (Il s'approcha du lit et se tint
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