Les contrebandiers de l'ombre
plus long et la route plus exécrable chaque fois ! Le temps non plus n'est pas fameux. Je dois vieillir.
— Une tasse de thé ? proposa la duchesse.
Rhea fut entraînée par ses cousins et totalement accaparée par leurs questions.
— C'est toi qui lis dans mes pensées à présent, plaisanta lady Mary. Rhea paraît en bonne santé. Je crois à peine à son retour. Peut-être aurai-je enfin de bonnes nuits de vrai sommeil !
— Tes visions ont toujours été un réconfort pour moi, Mary, et elles ont été bien utiles aussi.
De nombreuses fois, les visions de Mary avaient non seulement sauvé sa propre vie, mais également celle de membres de sa famille.
— Je ne peux te dire le plaisir que j'ai de voir Rhea enfin assise parmi nous, fit le général.
Longtemps, j'ai douté des dons de Mary, mais cette fois-ci, j'y ai cru. Nous avons tellement attendu ce jour. (Son ton se durcit au point de prendre des accents plus militaires.) Lucien m'a informé de ces difficultés... inattendues. Ne peut-on rien faire contre ce Dante Leighton ? La conduite de cet homme est indigne, il ne devrait pas pouvoir s'en sortir impuni !
Lady Mary arrêta de se servir de petits fours.
— Et qui est ce Dante Leighton ?
— J'allais justement t'en parler avant que Terence ne se joigne à nous, répondit la duchesse.
— Il n'a rien à voir avec un dragon ou un animal mythique de ce genre, par hasard ?
— Mais comment diable sais-tu cela? dit Sabrina Dominick, interloquée.
— J'ai vu plusieurs fois des dragons rouges et grimaçants. Une fois, il y a deux mois, et une autre fois, il y a quatre ou cinq jours. Ensuite, ça m'est un peu sorti de la tête, avec tout ce qui est survenu dans mes rêves à propos de Rhea. Je n'avais pas fait le rapprochement.
— Lucien est le seul, avec Rhea, bien sûr, à avoir eu le privilège de rencontrer le capitaine Leighton. Mais je crains que nous n'ayons bientôt le plaisir de sa compagnie, répondit Sabrina Dominick.
— Tu veux dire qu'il s'est invité à Camareigh ? demanda lady Mary, interdite. Mais ce n'est guère mieux qu'un sauvage ! Pauvre Rhea ! Avoir enduré sa présence si longtemps ! Et personne ne l'arrête ! Lucien, ne lui laissez pas passer la porte !
— Mary, Dante Leighton est le mari de Rhea, annonça lady Dominick sans ménagements. Et le père de l'enfant qu'elle porte.
La femme du général faillit s'étouffer, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention de Rhea. Les nouvelles allaient bon train dans le salon : de son côté, le récit qu'elle faisait de ses aventures à ses insatiables cousins entrait dans une étape délicate. Elle craignait les réactions les plus violentes. En observant la vieille garde, autour de sa mère, il était évident, d'après les visages consternés, que Dante ne s'était pas non plus fait beaucoup d'amis dans ce groupe.
S'il était venu, s'il avait été là, avec tous ces gens, la tension n'aurait pas empoisonné toutes les conversations, la haine n'aurait pas été engendrée par la méconnaissance. Rhea rencontra le regard compréhensif de Francis ; pourtant, il ne semblait pas tenir Dante en grande estime non plus.
— Je n'aime pas beaucoup ce type, ce Dante Leighton, fit James Fletcher avec hauteur. Il n'a pas l'air bien acceptable.
James avait toujours été amoureux de sa cousine Rhea. Ce n'était un secret pour personne.
— Ce que tu peux en penser... rétorqua l'aîné, Ewan. Ce qui est fait est fait...
— Et bien mal fait, si vous voulez mon avis, maintint James, dévoré d'amertume. Mais enfin !
On ne peut rien faire ?
— Tu pourrais toujours le provoquer en duel, Francis, recommanda George.
— D'après ce que j'ai compris, c'est un ancien corsaire, fit remarquer Francis avec un certain dépit. Il ne serait pas vivant aujourd'hui sans être diablement doué aux armes. Non. Et Rhea ne nous le pardonnerait jamais si nous le blessions d'une façon ou d'une autre.
— Cela pourrait être un accident, suggéra James, en croisant le regard appréciateur de George.
Les trois cousins en restèrent là. Ils se comprirent vite et aucun discours n'était nécessaire.
S'ils avaient eu voix au chapitre, jamais ce Dante Leighton n'aurait osé mettre le pied à Camareigh ni revoir Rhea.
— Et si on l'achetait ? Il me reste encore une grande partie de ma rente, cette année.
— Il est riche comme le Grand Turc, si j'ai bien compris, coupa Francis en haussant les épaules.
— Alors, il n'a pas épousé Rhea pour sa
Weitere Kostenlose Bücher