Les contrebandiers de l'ombre
beaucoup de concessions. Et même à accepter Dante Leighton.
Chapitre 7
Pour la première fois depuis le jour tragique de l'enlèvement, un an auparavant, les rires fusèrent sans retenue dans l'aile sud du château de Camareigh. Dans les cheminées ronflaient de grosses buches, car des vents très froids venaient avec le crépuscule dans l'ouest de l'Angleterre. La pluie aspergeait les fenêtres, et bientôt les lourds rideaux de velours allaient être tirés, et les chandeliers allumés pour éclairer les pièces.
La lumière vacillante et rousse du feu se reflétait dans l'argent du service à thé que l'on venait de poser entre les deux femmes assises sur un sofa tapissé de soie rose, près de la chaleur.
Rhea pouvait voir sa mère par-dessus sa tasse remplie à l'instant et encore fumante.
— C'est quand même mieux que les affreuses potions de Rawley, fit remarquer la duchesse avec un sourire radieux. Bien que je suspecte notre incorrigible gouvernante d'avoir relevé les doses d'une ou deux gouttes de rhum !
— Vous vous sentez vraiment mieux, mère ? demanda Rhea, cherchant la réponse dans le visage encore blanc de lady Dominick.
Elle ne présentait aucun signe de fièvre et n'avait pas toussé depuis plus d'une heure.
— Je ne me suis jamais sentie en meilleure forme depuis un an, affirma la duchesse avec un geste apaisant.
Le regard de sa mère se promena à travers la pièce et traduisit sa satisfaction. Elle ne désirait rien de plus. Les plus jeunes, Arden et Andrew, jouaient sur le tapis, sous la table à thé. Les pas plus assurés d'Andrew lui permettaient d'atteindre le plat de biscuits avec certitude. Sa sœur jumelle le talonnait, avec plus de difficultés toutefois.
Robin était leur favori, car il s'était institué grand pourvoyeur de petits gâteaux. Il avait grandi de trente centimètres cette année. Il était plus mince, aussi, mais ses cheveux révélaient parfaitement son état de petit sauvageon.
— Robin n'est plus le même depuis ton enlèvement, dit la duchesse. Vous aviez été si proches l'un de l'autre ! Il en a eu le cœur brisé.
— Il semble plus calme, remarqua Rhea, mais il a le même feu dans les yeux. C'est Francis qui a le plus changé, je trouve.
Francis était le premier enfant mâle des Dominick. C'était donc l'héritier du titre. Il semblait aussi être l'héritier des traits de son père. Bien qu'ayant les yeux de sa mère, il avait la même structure osseuse, la même démarche que son père.
— Oui, Francis est devenu un jeune homme brillant et élégant, avoua la duchesse avec fierté.
Sabrina Dominick considéra son mari et son fils aîné qui parlaient ensemble. Il y avait si peu de temps (c'était comme hier) qu'elle avait rencontré Lucien Dominick, qu'ils s'étaient mariés.
Ils avaient d'abord eu Rhea... Les années étaient vite passées et Lucien n'avait pas changé.
Aussi beau que la première fois. Son caractère, heureusement, était devenu plus doux. Son cœur pouvait s'ouvrir au malheur des autres. La duchesse souhaitait le même bonheur pour sa fille.
— Nous avons prévenu Mary et Terence, lança la duchesse, puis avec un sourire malicieux, elle ajouta : Je suis sûre, du reste, que c'était inutile. Mary aura certainement « senti » ton retour à Camareigh Os croiseront le messager en route, comme d'habitude... Betsie a dû me croire folle quand j'ai commandé d'allumer les feux dans des chambres inoccupées !
Pour confirmer ce qui venait d'être dit, les portes s'ouvrirent brusquement, et une foule de personnes bruyantes fit irruption au milieu de la paisible réunion de famille.
C'était la tribu des Fletcher : lady Mary et le général, sir Terence, escortés de leurs sept enfants.
Les cris de « Rhea Claire ! Rhea Claire ! » résonnèrent dans toute la pièce quand cette nombreuse famille, tout juste arrivée de Green Willows, sa demeure du Wiltshire, aperçut le familier et radieux visage de la revenante, assise près de sa mère.
— Nous avons rencontré votre courrier en chemin ! Oh, ma chère Rhea, c'est merveilleux de te retrouver. C'était très étrange : j'ai vu un bateau embossé à Londres, un chat, puis un visage familier et Camareigh. J'ai compris que tu étais de retour !
S'installant confortablement sur le sofa avec sa sœur et sa nièce, lady Mary se réchauffa les mains et les pieds devant le feu, comme si tout ce qu'elle venait de dire était parfaitement normal.
— Ce voyage me semble
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