Les croisades vues par les arabes
fils du vizir al-Afdal, est arrivée en Palestine et a réussi à surprendre les troupes de Baudouin à Ramleh, près du port de Jaffa. Le roi lui-même n'a échappé à la capture qu'en se cachant à plat ventre parmi les roseaux. La plupart de ses chevaliers sont tués ou capturés. Ce jour-là, l'armée du Caire est parfaitement en mesure de s'emparer de Jérusalem, car, comme le dira Ibn al-Athir, la cité est sans défenseurs et le roi franc est en fuite.
Certains des hommes de Charaf lui dirent : « Allons prendre la Ville sainte! » D'autres lui dirent : « Prenons plutôt Jaffa! » Charaf ne parvenait pas à se décider. Pendant qu'il hésitait ainsi, les Franj reçurent des renforts par la mer, et Charaf dut revenir chez son père en Egypte.
Voyant qu'il était passé à deux doigts de la victoire, le maître du Caire. décide de lancer une nouvelle offensive l'année suivante, puis celle d'après. Mais, à chaque tentative, un événement imprévu s'interpose entre lui et la victoire. Une fois c'est la flotte égyptienne qui se brouille avec l'armée de terre. Une autre fois c'est le commandant de l'expédition qui se tue accidentellement, sa disparition semant le désarroi parmi ses troupes. C'était un général courageux, mais, nous dit Ibn al-Athir, extrêmement superstitieux. On lui avait prédit qu'il allait mourir par une chute de cheval, et, lorsqu'il avait été nommé comme gouverneur de Beyrouth, il avait ordonné d'arracher tout le dallage des rues de peur que sa monture ne glisse. Mais la prudence ne prémunit pas contre le destin. Pendant la bataille, son cheval se cabre sans avoir été attaqué, et le général tombe mort au milieu de ses troupes. Manque de chance, manque d'imagination, manque de courage, les expéditions successives d'al-Afdal se terminent toutes lamentablement. Pendant ce temps, les Franj poursuivent tranquillement la conquête de la Palestine.
Après avoir pris Haïfa et Jaffa, ils attaquent, en mai 1104, le port d'Acre, qui, en raison de sa rade naturelle, est le seul endroit où les bateaux puissent accoster été comme hiver. Désespérant de recevoir du secours, le gouverneur égyptien fit demander la vie sauve pour lui et pour les gens de la cité , dit Ibn al-Qalanissi. Baudouin leur promet qu'ils ne seront pas inquiétés. Mais dès que les musulmans sortent de la ville en emportant leurs biens, les Franj se jettent sur eux, les dépouillent et en tuent un grand nombre. Al-Afdal jure de réparer cette nouvelle humiliation. Il enverra chaque année une puissante armée à l'assaut des Franj, mais ce sera chaque fois un nouveau désastre. L'occasion perdue a Ramleh en mai 1102 ne se présentera plus.
Dans le Nord aussi, c'est l'incurie des émirs musulmans qui sauve les Franj de l'anéantissement. Après la capture de Bohémond en août 1100, la principauté qu'il a fondée à Antioche reste sept mois sans chef, pratiquement sans armée, mais aucun des monarques voisins, ni Redwan, ni Kilij Arslan, ni Danishmend, ne songe à en profiter. Ils laissent aux Franj le temps de choisir un régent pour Antioche, en l'occurrence Tancrède, le neveu de Bohémond, qui prend possession de son fief en mars 1102 et qui, pour bien affirmer sa présence, s'en va ravager les environs d’Alep comme un an plus tôt ceux de Damas. Redwan réagit plus lâchement encore que son frère Doukak. Il fait savoir à Tancrède qu'il est prêt a satisfaire tous ses caprices s'il consent à s'éloigner. Plus arrogant que jamais, le Franj exige de placer une immense croix sur le minaret de la grande mosquée d’Alep. Redwan s'exécute. Une humiliation qui, comme nous le verrons, aura des suites!
Au printemps de 1103, Danishmend, qui n'ignore rien des ambitions de Bohémond, décide néanmoins de le relâcher sans aucune contrepartie politique. « Il exigea de lui cent mille dinars de rançon et la libération de la fille de Yaghi Siyan, l'ancien maître d'Antioche, qui était captive. » Ibn al-Athir en est scandalisé.
Sorti de prison, Bohémond revint à Antioche, redonnant ainsi courage à son peuple, et il ne tarda pas à faire payer le prix de sa rançon aux habitants des villes voisines. Les musulmans subirent ainsi un préjudice qui leur fit oublier les bienfaits de la capture de Bohémond!
Après s'être ainsi fait « rembourser » aux dépens de la population locale, le prince franc entreprend d'élargir son domaine. Au printemps de 1104, une opération commune des Franj
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