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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Quintilianus se
rendit dans la salle d’armes et passa l’armure qu’il avait endossée à toutes
ses batailles. Il gagna ensuite l’écurie, harnacha son étalon noir et le poussa
au galop.
    Peu après il plongea dans la nuit, affichant lui aussi les
couleurs du deuil et de la haine.
     
     
    In
Monte Appennino, Cauponae ad Silvam,
    a.d.
V Id. Mart., hora duodecima
    Monts
de l’Apennin, auberge À la forêt,
    11 mars,
cinq heures de l’après-midi
     
    Il neigeait moins fort mais avec constance, et la couche
blanche qui recouvrait le sol ne cessait d’épaissir. Armés de pelles, les
domestiques s’employaient à dégager la cour de l’auberge. La sentinelle qui
montait la garde sur la galerie vit la silhouette sombre et imposante d’un
cavalier se diriger vers le relais. Elle interpella son camarade, Bebius
Carbon, planté devant la grille principale.
    « Hé, voici du monde !
    — Qui ?
    — Je ne sais pas. Un gros type massif sur un beau
cheval. Il vient vers nous. Quel drôle d’endroit ! On passe des journées
entières sans apercevoir âme qui vive, et deux individus se présentent le même
jour.
    — J’ouvre. »
    Carbon ouvrit la porte, et le cavalier entra.
    « Je suis épuisé et affamé, dit-il. Y a-t-il de quoi
manger ?
    — À l’auberge, si tu as de l’argent. »
    L’homme acquiesça. Il confia son cheval au domestique qui
accourait en lui ordonnant de l’essuyer, de le couvrir et de lui donner de
l’avoine. Puis il lança à Carbon : « Sale temps. La ronde de nuit
doit être dure.
    — On se débrouille.
    — Vous voyez beaucoup de gens passer ici ?
    — Ça dépend.
    — Tu n’es pas bavard, me semble-t-il.
    — Dans notre métier, on utilise davantage les mains que
la langue. Mais, si ça t’intéresse, il y a à l’auberge une putain qui fait
exactement le contraire.
    — Non, je le crains. Je suis pressé. Je vais manger
quelque chose. À tout à l’heure. »
    Carbon le suivit du regard jusqu’à la porte d’entrée.
    « Cet énergumène pose trop de questions à mon goût,
dit-il à son compagnon.
    — Il a demandé si l’on voyait passer du monde. Une
seule question. Légitime, à mon avis.
    — Pour moi, c’est une question de trop. »
    Le légionnaire haussa les épaules et reprit son poste de
garde sur la galerie.
    Le voyageur ressortit une heure plus tard, récupéra son
cheval et se dirigea vers la grille. Avant de monter en selle, il s’adressa une
nouvelle fois à Carbon : « Valeureux soldat, aurais-tu remarqué
quelque chose d’étrange par ici, ces derniers temps ?
    — Que veux-tu dire par là ? interrogea Carbon en
songeant qu’il avait vu juste et que le centurion serait fier de lui.
    — J’aimerais savoir si tu as aperçu un homme à l’aspect
insolite, un homme très pressé, par exemple. »
    Carbon dégaina son épée et la pointa contre sa gorge.
« Pas un geste ! Écarte les bras ! Un seul mouvement et tu es
mort.
    — Qu’est-ce qui te prend, imbécile ?
    — Encore un mot et je t’ouvre en deux comme un
chevreau. »
    L’homme se laissa fouiller en soupirant. Un instant plus
tard, Carbon, l’air triomphant, exhiba un couteau celtique.
« Regarde ! dit-il à son compagnon. Je t’avais bien dit que ce type
ne me plaisait pas. De fait, il est armé.
    — Un tas de gens se promènent armés par les temps qui
courent.
    — Écoute, petit, range ton épée, je vais tout
t’expliquer. »
    Carbon cria à son camarade : « Descends !
Nous devons l’interroger. Cet homme est suspect, et j’ai reçu l’ordre de
contrôler les suspects.
    — Tu as reçu l’ordre ? De qui ?
    — Dépêche-toi, par Hercule ! »
    Le prisonnier fut attaché sous la menace des armes et
conduit au corps de garde. Carbon alluma deux lampes et demanda :
« Comment t’appelles-tu ?
    — Rufus.
    — Rufus quoi ?
    — Rufus, c’est tout. Ça ne te plaît pas ?
    — Ne joue pas au plus malin. Pourquoi es-tu armé ?
    — Parce que je suis en mission pour le service de
renseignements. Tu veux bien me détacher, maintenant ? J’agis exactement
comme toi, j’exécute des ordres de l’État pour une question de la plus grande
urgence.
    — Comment puis-je le savoir ?
    — Écoute, je dois partir au plus vite. Chaque heure qui
passe peut être fatale. J’ai filé comme un fou, et tu me fais perdre un temps
précieux. Si tu me libères, je n’en parlerai à personne, je te le jure.
    — Tu n’es pas dans

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