Les Dieux S'amusent
fois qu’ils s’étaient
vus, qu’il lui imposerait dix travaux : or l’hydre de Lerne était le
dixième. Mais Eurysthée n’était pas un homme de parole. Il avait pris goût aux
services d’Hercule et entendait bien en profiter encore un peu.
Les pommes d’or du jardin des Hespérides
— Mes dix travaux sont terminés, annonça Hercule en
déposant devant Eurysthée le corps inerte de l’hydre.
— Pas du tout, lui répondit Eurysthée, car sur les dix
travaux que tu as accomplis il y en a deux qui ne comptent pas : les
écuries d’Augias, parce que tu as perçu sans mon accord une rémunération
personnelle de trois cents bœufs, et la ceinture d’Antiope, parce que tu t’es
fait aider par Thésée. Tu me dois donc encore deux travaux.
Aussi surprenant que cela puisse paraître à qui connaît les
emportements d’Hercule, celui-ci ne protesta pas et accepta la onzième tâche
que lui imposait Eurysthée : aller chercher et rapporter un panier de
pommes d’or du jardin des Hespérides.
On ne savait pas grand-chose de ces fruits fabuleux. Selon
certains voyageurs, qui prétendaient en avoir vu, ils avaient la forme de
pommes, la couleur de l’or et étaient gorgés d’un jus délicieux. En fait, il s’agissait
tout simplement d’oranges, dont la culture ne s’était pas encore répandue en
Grèce. Quant à l’endroit où l’on pouvait les cueillir, c’était, disait-on, un
vaste verger, gardé par un terrible dragon et appartenant aux filles du Titan
Atlas, celui-là même qui avait été condamné par Jupiter à porter éternellement
la voûte du ciel sur ses épaules. Ses filles, propriétaires du verger, s’appelaient
les Hespérides. Personne ne savait exactement dans quelle partie du monde se
trouvait leur jardin. La première difficulté, pour Hercule, consistait donc à
le découvrir.
Il existait dans l’Antiquité, comme il en a existé à toutes
les époques, certains personnages qui connaissaient toutes les bonnes adresses.
L’un de ces personnages était un dieu marin, nommé Nérée et appelé parfois
aussi « le vieil homme de la mer ». Il était malheureusement très peu
sociable et se refusait généralement à recevoir les gens qui venaient lui
demander des renseignements. Pour les écarter, il se transformait à volonté en
monstre, en animal féroce ou en feu. Hercule décida cependant d’aller le
trouver pour lui demander ou se trouvait le jardin des Hespérides.
En voyant arriver Hercule, Nérée se transforma d’abord en
lion, puis en taureau, puis en géant. Inutile de vous dire qu’Hercule n’en fut
guère impressionné. Nérée se transforma alors en une colonne de feu.
— Tu vas voir comment je vais t’éteindre, lui cria
Hercule ; et il le noya sous un jet torrentiel.
Vous me demanderez peut-être de quel tuyau d’arrosage avait
bien pu se servir Hercule ? Je vous le laisse deviner.
Vaincu, Nérée lui apprit que le jardin des Hespérides se
trouvait à l’extrémité occidentale du Maroc, juste à côté de l’endroit où Atlas
portait son lourd fardeau. Hercule se rendit donc chez Atlas, à qui il expliqua
l’objet de sa visite.
— Je veux bien te dire où se trouve le jardin de mes
filles, lui répondit Atlas avec amabilité, mais cela ne te servira à rien, car
le dragon qui garde les pommes d’or est invulnérable et ne te laissera pas
approcher. Il n’obéit qu’à mes filles et à moi-même. Si tu le désires, cependant,
j’irai chercher moi-même les pommes d’or, à condition que tu me relaies pendant
quelques jours pour porter la voûte du ciel. Cela me permettra en outre d’aller
embrasser mes filles, que je n’ai pas vues depuis longtemps.
Sans méfiance, Hercule accepte. Dès qu’il s’est déchargé sur
Hercule de son fardeau, Atlas dévoile son jeu :
— Bon courage ! dit-il ironiquement à Hercule. Je
te cède définitivement ma place ; je viendrai t’apporter des oranges de
temps en temps.
Et il s’en va chez ses filles.
Désespéré, Hercule appelle au secours, une fois encore, son
cousin Thésée. Celui-ci accourt et, au premier coup d’œil, comprend ce qui s’est
passé.
— Je vais te dire comment te sortir de là, dit-il à
Hercule.
Craignant que des oreilles indiscrètes ne les écoutent, il s’approche
d’Hercule et lui murmure quelque chose à l’oreille.
— J’ai compris, lui répond Hercule.
Quelques jours plus tard, Atlas vient lui rendre visite. Il
apporte un panier de
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