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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Denis Lindon
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provisions contenant, parmi d’autres victuailles, quelques
pommes d’or. Ce n’est pas par bonté d’âme qu’il est venu, mais seulement parce
qu’il craint qu’Hercule ne meure d’inanition et ne laisse tomber le ciel.
    — Tout va bien ? demande-t-il à Hercule.
    — Oui, répond celui-ci, récitant la leçon de Thésée, mais
je commence à avoir un peu mal à la nuque ; pourrais-tu me remplacer un
instant, le temps que je glisse un coussinet sur mes épaules ?
    — Bien volontiers, répond Atlas, qui était apparemment
plus naïf encore qu’Hercule.
    Aussitôt libéré, Hercule prend le large en ayant garde de ne
pas oublier les précieuses pommes d’or.

Cerbère
    Eurysthée était très fier de sa ménagerie. II l’avait déjà
enrichie, grâce à Hercule, du taureau de Crète, du cerf aux cornes d’or, du
sanglier d’Érymanthe et des cavales de Diomède. Il rêvait depuis longtemps de la
compléter par une pièce unique, le chien Cerbère ; il chargea Hercule, pour
son douzième travail, de le lui apporter.
    Cerbère était un chien énorme et farouche, qui gardait la
porte des enfers. Il avait pour consigne d’y laisser entrer tout le monde et de
n’en laisser sortir personne. Il possédait trois têtes, dotées chacune d’un
aboiement différent.
    Se rendre aux enfers n’était pas bien difficile pour Hercule ;
il connaissait le chemin, pour y être déjà allé une fois, et entretenait de
bonnes relations avec Pluton dont il était le neveu. Il alla donc trouver
Pluton et lui exposa l’objet de sa nouvelle visite.
    — Décidément, lui répondit Pluton avec un sourire amusé,
ce qui était rare chez lui, tu ne doutes de rien ! Eh bien, je consens à
ce que tu essaies de t’emparer de Cerbère, mais à la condition que tu ne te
serves pas de ta massue, ni d’aucune autre arme.
    S’attaquer à Cerbère à mains nues, même Hercule n’y pouvait
songer. Une fois de plus, il eut recours aux conseils de Thésée, qui, lui aussi,
connaissait bien Cerbère pour avoir séjourné quelque temps aux enfers.
    — Puisque Cerbère a trois têtes et trois aboiements, dit-il
à Hercule, il faut, pour le dompter, que tu emploies successivement trois voix :
une voix calme, pour commander, une voix forte, pour gronder, et une voix douce,
pour récompenser.
    Toute la technique des futurs dresseurs de chiens était
contenue dans cette formule. Hercule l’appliqua scrupuleusement et Cerbère le
suivit docilement. Mais lorsque, sur les talons d’Hercule, Cerbère et ses trois
têtes menaçantes entrèrent dans la salle où était assis Eurysthée, celui-ci fut
si épouvanté qu’il supplia Hercule de ramener Cerbère aux enfers et promit au
héros qu’il ne lui imposerait jamais plus d’autres tâches. Les douze travaux d’Hercule
étaient terminés.

14. Grandeur et chute de Thésée

Fondation de la démocratie athénienne
    Après avoir aidé Hercule, de la manière que l’on sait, à s’emparer
de la ceinture d’Antiope, reine des Amazones, Thésée, assagi et repu d’aventures,
retourna à Athènes dont il était devenu roi après la mort de son père. Comme
tous les autres États de la Grèce antique, Athènes était alors une monarchie
absolue, ou tous les pouvoirs appartenaient au roi. Thésée décida d’en modifier
radicalement le système de gouvernement.
    Dans une proclamation aux Athéniens, il annonça qu’il leur
remettait la souveraineté. Ce serait désormais le peuple lui-même qui, réuni en
assemblée, voterait les lois, prendrait les décisions importantes et
désignerait ses gouvernants. Tous les citoyens seraient libres et égaux en
droits. Ils ne seraient soumis qu’à l’autorité de la loi. Quant à lui, Thésée, il
renonçait à son titre de roi et devenait un citoyen comme les autres ; il
conserverait seulement, si le peuple le lui demandait, le commandement de l’armée.
    Les propositions de Thésée ayant été approuvées par le
peuple, Athènes devint, plusieurs siècles avant Rome et plusieurs millénaires
avant les États-Unis d’Amérique, la première démocratie de l’Histoire. Elle fut
bientôt, pour tout le monde grec, un exemple de justice et de liberté. C’est
pourquoi, de tous les pays voisins, les exilés et les proscrits vinrent souvent
y chercher asile.
    Un de ces réfugiés politiques se présenta un jour à la
demeure de Thésée, demandant humblement l’autorisation d’y passer quelques
heures. C’était un homme jeune

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