Les Dieux S'amusent
enlevée une première fois par Thésée, n’avait
pas encore vingt ans lorsqu’elle apprit la mort de son ancien ravisseur ; Philoctète,
qui avait assisté Hercule sur son bûcher, n’avait alors guère plus de trente
ans ; quant à Nestor, qui avait bien connu les deux héros et qui avait
participé activement à plusieurs de leurs aventures, il atteignait juste la
soixantaine, mais se sentait encore en pleine forme : le long discours qu’il
prononça à l’occasion de son anniversaire commençait par ces mots :
— Au moment où se termine la première moitié de ma vie…
Troisième
partie
La guerre de Troie
La prise de Troie . École maniériste,
début du XVIIe siècle, Blois, château.
16. La construction des remparts de Troie
V ous vous souvenez qu’après la mort de Thésée Jupiter avait chassé Apollon de l’Olympe, pour le
punir d’avoir massacré quelques Cyclopes. Il l’avait en outre privé de ses
allocations journalières de nectar et d’ambroisie, ce qui était une manière de
lui dire : « Tu gagneras désormais ton pain à la sueur de ton front. »
Apollon se mit donc à la recherche d’un travail. Dans les offres d’emploi de la Gazette de Troie , il tomba sur une annonce ainsi rédigée : « Recherchons,
pour construction remparts, architecte expérimenté. Adresser candidatures, avec
références, à Laomédon, roi de Troie. » Apollon, qui, en sa qualité de
dieu des arts, avait acquis une certaine compétence en matière d’architecture, décida
de présenter sa candidature.
Troie était, à l’époque, une grande et riche cité, située
dans une région qui fait actuellement partie de la Turquie. Comme on peut le
voir sur une carte, la ville, bien qu’elle ne fut pas un port, n’était séparée
de la mer Égée que par une bande de terre de quelques kilomètres. De l’autre
côté de la mer Égée, à quelques centaines de kilomètres de Troie, se trouve la
Grèce.
Le roi de Troie, Laomédon, était intelligent et aimable, mais
peu scrupuleux. La ville ayant été victime, à plusieurs reprises, d’attaques, d’invasions
et de pillages organisés par des rois grecs, Laomédon avait décidé de la
protéger dorénavant contre les agresseurs par une puissante ceinture de
remparts.
Pour aller lui offrir ses services, Apollon se déguisa en
architecte, c’est-à-dire qu’il se laissa pousser les cheveux très longs, tailla
sa barbe en collier, s’habilla d’une manière savamment débraillée et prit l’expression
à la fois inspirée et nonchalante propre aux membres de cette honorable profession.
Il prétendit être un architecte italien et s’appeler Ponolla, ce qui était, vous
l’avez deviné, l’anagramme d’Apollon. Il raconta au roi Laomédon qu’il avait
déjà construit de nombreux remparts en Italie, lui montra des plans et des
reproductions de ses prétendus travaux et fit preuve de tant de bagou que
Laomédon accepta de lui confier le travail.
— Combien me paieras-tu ? demanda alors Apollon à
Laomédon.
— Je te paierai un talent d’or, répondit Laomédon, mais
à une condition : c’est que les travaux soient achevés dans un délai
maximum de trois ans. La dernière pierre sera posée au terme d’une cérémonie d’inauguration
au cours de laquelle je prononcerai un petit discours. Si, par malheur pour toi,
cette dernière pierre n’est pas posée dans trois ans, jour pour jour, avant le
coucher du soleil, tu ne recevras rien.
Apollon, ou plutôt Ponolla, accepta imprudemment cette
clause et se mit aussitôt à l’œuvre.
Quelques mois plus tard, constatant que les travaux n’avançaient
pas assez vite malgré les centaines de maçons et de terrassiers qu’il avait
embauchés, il décida de se faire aider par Neptune qui, lui aussi, venait d’être
banni de l’Olympe pour avoir provoqué, par ses manœuvres, la mort d’Hercule. Neptune
fut présenté à Laomédon sous le nom d’Enupten. Grâce à son intervention, les
travaux s’accélérèrent et le retard put être rattrapé. Le délai fixé par
Laomédon expirait un 3 juin. Le 2 juin, à midi, tout était terminé : autour
de la ville de Troie s’élevait une ceinture de remparts de pierre, hauts de
quinze mètres et épais de deux mètres, percés d’une multitude de meurtrières et
surmontés de créneaux, par où les Troyens pouvaient, en toute sécurité, tirer
des flèches, lancer des pierres et verser de l’huile bouillante sur des
agresseurs
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