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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Denis Lindon
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Thersyte qui, poussé
par la curiosité, s’était joint à eux sans que personne ne le lui eût demandé. Avec
sa grossièreté coutumière, il croit bon de faire, à haute voix, une
plaisanterie de mauvais goût sur l’usage que pourrait faire désormais Achille
de son petit doigt, auquel celui-ci vient de faire allusion. La colère humaine
est un explosif imprévisible ; pour des raisons mystérieuses, elle peut un
jour être allumée par un détonateur qui, jusque-là, avait toujours fait long
feu. Dix fois, que dis-je, cent fois Achille avait, au cours des années
précédentes, écouté sans broncher les insolences de Thersyte. Mais, ce jour-là,
il n’était pas d’humeur à les supporter. Saisi d’une rage soudaine, il bondit
sur Thersyte, le prend à la gorge et se met à le secouer comme un prunier. L’infâme
Thersyte, terrorisé, a beau se rétracter piteusement et demander grâce, la
colère d’Achille, une fois mise sur orbite, poursuit désormais sa trajectoire
en s’alimentant de son propre combustible. Dans un paroxysme de fureur, Achille
frappe Thersyte d’un terrible coup de poing et le tue.
    — Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse, constate
sentencieusement Nestor.
    Et, pour compléter cette brève oraison funèbre, Ulysse
ajoute, faisant allusion à l’arrogance et à la poltronnerie de Thersyte :
    — Chien qui aboie beaucoup mord peu.
    Quant à Achille, sa colère tombée, il va se rasseoir d’un
air sombre et reprend sa lyre.

25. Les combats singuliers
    L a nouvelle de la
dispute entre les rois grecs et de la défection d’Achille ne tarde pas à
parvenir aux oreilles d’Hector. Soulagé d’apprendre que le plus redoutable de
ses ennemis est hors de combat, il rassemble aussitôt ses troupes et sort des
remparts à leur tête, décidé à en finir avec les envahisseurs grecs.
    Ceux-ci, en hâte, se mettent aussi en ordre de bataille. Les
deux armées se font face et n’attendent qu’un signal pour se ruer l’une sur l’autre.
Mais, au moment où Hector va donner à ses troupes l’ordre de l’assaut, Ulysse
sort des rangs grecs et crie à Hector :
    — Attends un instant, ô noble prince. Si la bataille s’engage,
j’ignore qui sera vainqueur, mais ce que je sais, c’est que des milliers de
Grecs et de Troyens périront. Pour éviter ce carnage, je te propose de régler l’affaire
par un combat singulier opposant un guerrier grec à un guerrier troyen.
    — Ton idée me paraît bonne, répond Hector. Et puisque
cette guerre a pour origine un différend personnel entre Ménélas et Pâris, c’est
à eux qu’il appartient de le trancher par un combat loyal. Qu’ils s’affrontent
donc dans un champ clos, en présence de nos armées. Si Ménélas est vainqueur, je
m’engage à lui rendre sa femme et son trésor. Mais, si c’est Pâris qui l’emporte,
alors l’armée grecque devra quitter nos rivages et renoncer à jamais à son
entreprise.
    Ulysse consulte Ménélas, qui accepte cette proposition. En
revanche, Pâris, qui a entendu les paroles de son frère, est beaucoup moins
enthousiaste et songe à se dérober. Discrètement, il s’éloigne d’Hector et
cherche à se perdre dans les rangs de l’armée troyenne. Malheureusement pour
lui, il est facilement repérable grâce à la somptueuse peau de léopard qu’il porte
sur sa cuirasse. Hector le découvre bientôt et lui fait honte de sa lâcheté :
    — Quoi, lui dit-il, après nous avoir entraînés dans une
guerre ruineuse et meurtrière, tu n’as même pas le courage d’affronter
loyalement l’homme que tu as trompé ?
    Pâris baisse la tête, demande pardon à son frère et accepte
de se battre.
    Cependant que Priam, roi de Troie, et Agamemnon, chef
suprême des Grecs, confirment solennellement l’accord qui vient d’être proposé,
Hector et Ulysse fixent les règles du combat singulier qui va opposer Ménélas à
Pâris. Ils tracent, sur le sable, un rectangle de trente mètres sur vingt et
conviennent que si l’un des deux adversaires sort de ce rectangle, il sera
déclaré vaincu. Chacun des deux aura droit à un javelot, une épée et un
poignard. À tour de rôle, ils lanceront leur javelot, dans un ordre qui sera
déterminé par un tirage au sort. Si cet échange de javelots n’est pas concluant,
le combat se poursuivra à l’épée et au poignard, jusqu’à la mort ou à la fuite
de l’un des adversaires.
    Dans un silence absolu et sous les yeux de deux

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