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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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cheveux sur son crâne avaient résisté au choc. Le chignon tressé avec art n’avait pas bougé. En s’agenouillant et se forçant à examiner de plus près la plaie à côté de son oreille, le commissaire remarqua des éclats d’os pointus dans la cavité aux parois couvertes de sang coagulé. Ce constat permettait-il de tirer des conclusions sur l’arme contondante utilisée par l’assassin ? Le docteur Lionardo lui fournirait à coup sûr de plus amples détails.
    Lorsqu’il se releva, Tron vacilla légèrement, selon toute vraisemblance à cause du cognac écossais dont il avait arrosé le haggis . Cependant, il remarqua qu’il avait l’esprit parfaitement clair, presque trop clair pour affronter un tel spectacle. Il se tourna vers Bossi.
    — Qui l’a trouvée ?
    Le sergent regarda rapidement dans le carnet dont il ne se séparait plus depuis quelque temps.
    — Une voisine, répondit-il. La porte était grande ouverte. Surprise, elle a jeté un coup d’œil à l’intérieur.
    — Est-elle entrée dans l’appartement ?
    Il fit non de la tête.
    — Ce n’était pas nécessaire pour s’apercevoir que signora Saviotti était morte. Elle l’avait aperçue hier dans l’arrière-cour.
    — À quelle heure ?
    De nouveau, Bossi consulta ses notes.
    — Après les vêpres.
    — Elle a donc été assassinée cette nuit, conclut Tron.
    — Probable.
    — Et la porte ? Les fenêtres ?
    — Rien, répondit le sergent.
    — Que faisait ici signora Saviotti ?
    — La voisine prétend qu’elle avait l’intention de veiller sur les effets d’Anna Slataper jusqu’à l’arrivée de son frère. Il devait venir à la fin du mois pour vider l’appartement.
    — Vous voulez dire qu’elle logeait ici ?
    — En quelque sorte.
    — Quelqu’un a-t-il remarqué quoi que ce soit ?
    — Le locataire de l’appartement au rez-de-chaussée, à l’entrée du passage, a vu un prêtre traverser la cour. Peu après onze heures.
    — Un prêtre ? s’étonna le commissaire.
    — Oui. Manteau noir et chapeau rond, avec une soutane.
    Tron fit une grimace sceptique.
    — Il a distingué cela dans le brouillard ?
    — L’inconnu portait une lanterne sourde.
    — Parce que vous croyez qu’un prêtre qui vient de commettre un crime se promène avec une lampe pour éclairer sa soutane ?
    — Oui. Peut-être l’a-t-il justement fait exprès, répondit le sergent.
    — Qu’est-ce qu’il a fait exprès ? l’interrogea le commissaire en écarquillant les yeux.
    — Cela paraît tellement invraisemblable ! expliqua Bossi. Un prêtre aux intentions criminelles ne garderait jamais sa soutane et son chapeau noir. Donc, s’il n’est pas bête, c’est justement ce qu’il fera.
    Tron éclata de rire.
    — Vous raisonnez à l’envers, Bossi ! Commençons par chercher si l’un des habitants de l’immeuble a reçu la visite d’un religieux.
    — Ce serait l’explication la plus simple, concéda le sergent.
    — Même si elle nous privait d’une trace précieuse, le consola son supérieur. Que pensez-vous de toute cette histoire, Bossi ?
    Cette fois, le futur inspecteur qui, en temps normaux, aimait à échafauder des hypothèses complexes fit preuve de retenue.
    — L’assassin cherchait un indice qui l’aurait trahi si nous l’avions trouvé, avança-t-il avec prudence.
    Le commissaire sourit.
    — Et comme tout le monde ne possède pas votre sagacité, ironisa-t-il, il se pourrait qu’il ait mis un manteau noir et un chapeau rond pour brouiller les pistes.
    — Vous pensez à l’ambassadeur ?
    Tron haussa les épaules.
    — En théorie, pourquoi pas ?
    — Que faisons-nous, alors ? s’enquit le sergent.
    — Allez interroger le veilleur au Danieli . Je veux savoir si Gutiérrez a passé la nuit dans sa suite.
    Après un bref instant de réflexion, il ajouta :
    — Par la même occasion, demandez-lui si le père Calderón était là.
    — Je croyais que Calderón n’était plus de la partie
    Le commissaire soupira.
    — Vous avez raison. Mais s’il ressort que Gutiérrez est resté chez lui et pas le prêtre…
    Bossi n’en revenait pas.
    — Eh bien ?
    Tron inspira profondément, puis recracha l’air avec force. Il avait mal à la tête. En fermant les yeux, il vit soudain l’ami de princesse devant lui. Le prêtre apparut un court instant au bout d’un long tunnel, surgit brusquement dans l’obscurité avant de disparaître à nouveau dans le noir. Le

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