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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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on peint, notamment les fresques. ( N.d.T. )

16
    — Tu es complètement fou ! s’exclama la princesse qui, à en juger par son regard, était tout à fait sérieuse. Spaur est-il au courant ?
    Tron secoua la tête.
    — Pas encore. Bossi, lui, jubilait.
    — Dans ce cas, vous délirez tous les deux, décréta-t-elle avec colère.
    Ils venaient de terminer le repas dans la salle à manger du palais Balbi-Valier, une pièce ornée de tapisseries flamandes comme la sala degli arazzi – à cette différence près qu’ici, les tentures n’étaient pas humides. Le commissaire avait attendu le café pour confier ses projets concernant Schertzenlechner.
    — Cela pourrait très bien marcher, s’obstina-t-il.
    Bien qu’entièrement convaincu par son plan, il avait estimé plus judicieux d’employer un conditionnel.
    — Si jamais le secrétaire de Maximilien tombait dans le piège, tes problèmes ne feraient que commencer, déclara-t-elle en jetant un coup d’œil vers la porte.
    D’un geste agacé, elle chassa Moussada (ou Massouda ?) qui venait d’apporter une nouvelle cafetière.
    — Que veux-tu dire ? l’interrogea-t-il.
    — Tu n’as pas le droit d’enquêter sur un membre de la marine, répondit-elle. Et encore moins de lui tendre une embuscade.
    — Je ne suis pas censé savoir qu’il fait partie de l’armée ! Tant qu’il ne porte pas l’uniforme, je le considère comme un civil. De plus, s’il mord à l’hameçon, cette objection ne vaudra plus rien.
    — Tu crois qu’il va paniquer et aussitôt tout avouer ?
    Tron eut le sentiment qu’elle espérait l’inverse.
    — Pourquoi penches-tu pour un crime commandité ? poursuivit-elle, toujours aussi agacée. Il pouvait très bien avoir des raisons personnelles de tuer Anna Slataper.
    — Dans ce cas, le lieutenant de vaisseau von Beust ne se serait pas officieusement enquis des progrès de nos recherches.
    — Mais la victime était la maîtresse de l’archiduc !
    Elle saisit un beignet Dauphin , le tint un instant dans ses doigts, puis le posa sur son assiette.
    — L’assassinat a dû l’ébranler. Quoi d’étonnant qu’il se montre curieux des progrès de l’enquête ?
    — Compte tenu des circonstances, objecta Tron, Maximilien aurait tout intérêt à faire preuve d’une extrême discrétion. Or il nous envoie son adjudant pour obtenir des renseignements !
    — Que veux-tu dire par là ?
    Mon Dieu, quel ton agressif ! Le commissaire s’appuya contre le dossier de sa chaise.
    — Maximilien pourrait très bien avoir perdu son sang-froid. S’il avait gardé ses esprits, il se mettrait à l’abri en attendant la suite des événements.
    — Et tu penses qu’une fois pris au piège, le secrétaire particulier va dénoncer l’archiduc ?
    — Peut-être cherchera-t-il à sauver sa peau, répondit Tron. Cependant, je doute que nous remontions jusqu’à l’archiduc. L’armée s’appropriera l’enquête et proposera un marché à Schertzenlechner. En échange de son silence, on le libérera au bout de quelques années. Au pire, François-Joseph lui accordera sa grâce.
    — Quelqu’un finira bien par parler, le contredit-elle à nouveau, et les journaux étrangers s’en feront l’écho.
    — Dans ce cas, Maximilien serait mort, du point de vue politique.
    — Voilà ce que l’empereur attend depuis des années ! s’exclama-t-elle avec emportement. Sais-tu pourquoi il souhaite le voir partir au Mexique ?
    — Pour étendre l’influence des Habsbourg au Nouveau Monde ?
    Elle fit un geste irrité de la main.
    — Ça, c’est la version de la Gazzetta di Venezia . En réalité, il veut se débarrasser de son frère car, depuis qu’il réside à Miramar, il a perdu tout contrôle sur lui. Si l’archiduc est bel et bien mêlé à ce meurtre, François-Joseph le tient. Il n’aura plus besoin de l’envoyer de l’autre côté de l’océan.
    — Or toi , tu veux qu’il y aille ?
    — Et comment !
    — Pourquoi ? As-tu encore en tête quelques… perspectives d’investissement ?
    La princesse fixa d’un air sombre l’assiette à dessert posée devant elle.
    — Tu veux vraiment tout savoir ? C’est une histoire triste.
    — Raconte, dit-il.
    Le regard de son amie le frôla et s’arrêta sur le buffet surmonté d’un Ricci qu’elle avait acquis l’année précédente lors d’une vente aux enchères à Paris. Puis il revint vers lui. Elle se mit à parler sans émotion dans

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