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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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qu’il ne pouvait entrer parce que Caleb n’était pas «montrable». Caleb s’essuyait les yeux tant il riait. Ovila frappa à la porte de la seconde chambre. Pour toute réponse, il entendit les gloussements d’Antoinette et les «chut!» d’Henri. Il rejoignit Émilie.
    Le lendemain matin, Henri fut le premier à descendre. Du moins le crut-il. Il voulait se hâter de partir pour ne pas rencontrer Caleb. Il se dirigea vers le petit coin et ouvrit la porte. Caleb était assis en roi et maître, un journal à la main.
    «Fais-tu exprès, Douville? Tu t’organises pour être là chaque fois que je baisse mes culottes.» Henri referma la porte avec empressement. Puis il éclata de rire, incapable de s’arrêter. Caleb lui faisait écho, profitant de l’occasion pour camoufler quelques sons embarrassants, qu’Henri entendit néanmoins fort bien.
    «Ça recommence! », dit Ovila. Il se leva à la hâte. Henri était assis à la table de la cuisine. Voyant Ovila, il se leva et se dirigea vers la porte arrière.
    «Tu m’excuseras, Ovila, mais je me vois forcé d’aller uriner dehors. J’essaierai d’être le plus discret possible.»
    Il éclata de rire à nouveau. Caleb sortit du petit coin, boutonnant son dernier bouton de braguette.
    «J’ai jamais vu ça, Ovila. Douville pis moi on a bien des problèmes à faire des affaires bien naturelles. »
    Douville rentra. En voyant Caleb, il recommença à rire. Caleb aussi.
    «Allez-vous me dire ce qui vous arrive, vous deux?» Emilie se tenait dans la porte de sa chambre, le bébé dans les bras. Caleb et Henri rirent encore plus fort. Antoinette descendit l’escalier suivie de Célina. Antoinette riait déjà, même si elle ne connaissait pas encore la suite des événements.
    Caleb parvint enfin à parler.
    «Ben, c’est juste qu’hier soir, je me suis trompé de chambre pis je me suis déshabillé devant ces deux-là.
    —        Vous êtes trop discret, monsieur Bordeleau. Puisque nous en rions pourquoi ne pas tout dire? enchaîna Henri.
    —        Si tu me donnes ta bénédiction, Henri... Ce qu’Henri veut que je vous dise, c’est que pendant que moi j’avais les culottes à terre, lui il était en train de servir sa belle Antoinette.» Il s’interrompit pour regarder si Antoinette avait rougi. Elle riait. «Pis à matin, je pensais que je pourrais regarder le journal tranquille. Ben non, il a fallu qu’Henri rouvre la porte pis qu’il me poigne encore les culottes à terre!»
    Henri hurlait. Célina se pinçait les lèvres. Émilie essayait de consoler Rose que les cris et les rires avaient apeurée. Ovila se tapait les cuisses et Caleb courut encore en direction du petit coin.
    Personne n’oublia le baptême de Rose.
     
    28.
    Pour leur permettre de fêter leur premier anniversaire de mariage, Rosée avait offert à Emilie et Ovila de garder la petite Rose. Ovila, qui avait réussi à se trouver un travail régulier comme menuisier chez monsieur Légaré, demanda à Emilie si elle voulait faire un voyage.
    «Pour aller où? demanda-t-elle, mise en appétit.
    —        Choisis. Montréal ou Québec.»
    Émilie songea à sa proposition en se léchant les lèvres. Elle préférait Montréal.
    «Pour combien de temps?
    —        Le temps que tu voudras, si Rosée peut rester avec le bébé.»
    Émilie alla voir Rose qui dormait paisiblement. Pouvait- elle la laisser pendant une semaine sans qu’elle lui manque? La petite se rendrait-elle compte de son absence? Elle se rembrunit. Que diraient les gens? Non, ils pouvaient dire ce qu’ils voulaient. Elle ne commencerait pas à se mettre martel en tête et à s’empêcher de s’amuser à cause d’eux.
    «Si tu continues à me tordre le bras rien qu’un peu, j’vas dire oui.» Ovila se leva, lui prit le bras droit, le tordit puis le replia vers l’arrière. Emilie grimaça.
    «Es-tu fou? Je voulais pas que tu le tordes pour vrai.»
    Ovila ne lâcha pas sa prise mais appuya encore un petit peu plus.
    «C’est oui. Ouiouiouiouiouioui... » dit Émilie ne sachant plus trop si elle se tordait de rire ou de douleur.
    Rosée accepta de rester avec la petite aussi longtemps qu’ils seraient partis. Émilie fit les valises et, en secret, Ovila compta leur argent. Ils en auraient assez pour se payer une semaine qu’ils n’oublieraient jamais.
    Émilie embrassa Rose avant de partir. Elle avait la poitrine serrée. Mais elle avait la poitrine encore plus serrée à l’idée

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