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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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ou lâcher un p’tit cri.
    —        Tu peux pas dire ça, Émilie. Louisa était peut-être morte quand je suis arrivé.
    —        Non! Non, Louisa était pas morte. Je suis sûre de
    ça.
    —        En tout cas...
    —        Pis si tu t’étais pas endormi d’un sommeil d’ivrogne, tu l’aurais entendue. Si tu étais allé la voir quand moi je suis allée me coucher, ça serait peut-être pas arrivé non plus.
    —        Si, si, si... Émilie, ça donne rien de parler de même.
    —        Je te pardonnerai jamais, Ovila. Jamais!»
    Elle s’était enfin retournée et l’avait regardé quand elle avait prononcé son deuxième «jamais». Ovila baissa la tête, puis se leva. Il ne voulait pas discuter. Le médecin lui avait dit que Louisa avait dû mourir entre dix heures du soir et deux heures du matin. Ovila lui avait demandé comment il pouvait affirmer la chose.
    «Tu me dis que le corps était froid quand tu l’as trouvé à trois heures du matin. Ça veut dire que ça faisait au moins une heure que Louisa était morte. Un p’tit bébé comme ça, ça refroidit vite.
    —        Est-ce que ça veut dire que Louisa vivait peut-être encore quand je suis arrivé?
    —        Ça, Ovila, ça va toujours être un point d’interrogation. Oui ou non? Le Bon Dieu le sait pis le diable s’en doute.»
    Ovila sortit de la chambre. Il tourna en rond dans la cuisine, puis revint dans la chambre. Il essaya vainement de parler à Emilie. De lui dire qu’il l’aimait. De lui parler du destin. Emilie ne l’écoutait pas. Désespéré, il prit une valise sous le lit et l’emplit de ses effets. Émilie le regarda faire sans poser de questions. Ovila se tint devant elle, espérant qu’elle ferait un geste, un tout petit geste pour le retenir. Il ne voulait pas la laisser seule avec son chagrin. Elle ne broncha pas, se contentant de nouer et dénouer ses cheveux qu’elle avait libérés de leur prison d’épingles. Voyant qu’elle ne réagirait pas, il se dirigea vers la porte. Avant de la franchir, il se retourna une dernière fois et tenta un ultime essai.
    «Tu as rien à me dire, Émilie?
    —        J’ai pus rien à te dire, Charles.»
    Ovila marcha en direction du village. Il entendit crier sa mère et sa sœur, mais il ne se retourna pas. Il entendit ensuite le galop et le crissement des roues d’une calèche. Il ne broncha pas. Son père et son frère arrivèrent à sa hauteur.
    «Où c’est que tu t’en vas de même, mon gars?»
    Il ne répondit pas, continuant de marcher droit devant lui. Dosithée et Edmond se regardèrent, impuissants. Ils rebroussèrent chemin, convaincus qu’ils le retrouveraient à l’hôtel.
    Le soir venu, ils allèrent tous les deux à l’hôtel Brunelle. Ovila n’y était pas. Ils se dirigèrent vers le Grand Nord. Ovila ne s’y était même pas arrêté. Ils le cherchèrent dans tout le village. Ovila n’était nulle part. Ils revinrent dans le Bourdais, bredouilles. Émilie, la mine abattue, était chez les Pronovost. Elle interrogea son beau-père des yeux. Dosithée fît «non» de la tête. Émilie souleva les épaules et se désintéressa complètement de ce qu’ils avaient à raconter. Elle berçait Rose enchantée de tant d’attentions. Émilie repartit pour sa maison, refusant de dormir chez les Pronovost. Félicité lui offrit de l’accompagner. Émilie refusa.
    Elle préférait être seule, ayant à réfléchir à bien des choses. Elle ne dormit pas de la nuit, entendant sans cesse le cri d’Ovila. Elle ne dormit pas le lendemain non plus. Elle se leva même en pleine nuit pour changer les draps de son lit, encore imprégnés de l’odeur d’Ovila.
    Le troisième jour, elle reçut la visite du curé à qui les Pronovost avaient demandé assistance. Elle l’écouta poliment lui parler de la vie et de la mort, mais ne retint que deux phrases: «Je viendrai comme un voleur» et «Les voies du Seigneur sont impénétrables». Elle le remercia pour ses bonnes paroles et l’accompagna à la porte avant qu’il n’ait manifesté son désir de partir. Il ne s’en formalisa pas.
    Le lendemain, elle alla chercher ses enfants. Elle avait rêvé que ses petites mouraient dans un feu chez les Pronovost. Elle se sentait coupable de ne pas les avoir avec elle et les ramena en les caressant sans arrêt. Elle écrivit une longue lettre à Berthe, lui demandant de prier pour elle et Louisa. Elle écrivit

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