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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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»
    Ovila éclata en sanglots. Emilie le regarda, fronça les sourcils et s’approcha de lui.
    «Inquiète-toi pas, Ovila, j’vas m’occuper de Rose. Je te l’ai dit. Rose va être comme tous les enfants.»
    Elle accompagna Dosithée, le bourrant de recommandations.
    «Faites attention. Louisa est encore p’tite. Tenez-lui la tête. Couvrez-la bien pour pas qu’elle prenne froid. Mais surtout, surveillez-la pour pas qu’elle s’étouffe. C’est bien important. Faut pas que Louisa s’étouffe. »
    Dosithée, suivi d’Edmond, sortit avec le corps rigide de Louisa. Félicité fît une infusion à Émilie et la conduisit dans sa chambre. Émilie riait de faire l’objet de tant d’attentions.
    «Tu as un p’tit dans ton ventre, Émilie. Faut que tu sois en forme si tu veux qu’il soit en santé. »
    Émilie regarda son ventre et éclata de rire.
    «J’avais complètement oublié. Merci. Viens-tu te coucher Ovila ou est-ce que tu attends les filles?
    —        Les filles vont dormir chez moman, Émilie.
    —        Ah oui? Ah, bon. J’avais oublié. Bonne nuit. »
    Elle s’était endormie. Ovila, affaissé à la table de la cuisine, pleurait à chaudes larmes. Félicité l’entourait de toute son âme.
    «Qu’est-ce qui s’est passé, Ovila?
    —        Je sais pas.
    —        Quand est-ce que Louisa est morte?
    —        Je sais pas.
    —        De quoi est-ce qu’elle est morte? Est-ce qu’elle faisait de la fièvre? Elle était bien bleue. On dirait qu’elle s’est étouffée.
    —        Je sais rien.»
    Félicité avait cessé de poser des questions. Elle attendrait le retour de Dosithée.
    Dosithée revint à sept heures du matin. Ovila n’avait pas dormi et avait fumé pipée après pipée. Félicité lui avait préparé du café, même si elle ne savait pas bien encore comment prendre ses mesures. Le thé était si simple comparé à cette invention.
    «Pis?
    —        D’après le docteur, Louisa s’est étouffée en régurgitant. Il s’en vient. J’ai dit qu’Émilie était...euh...avait pas l’air dans son assiette.»
    Le médecin arriva au moment où Émilie s’éveillait. Elle avait appelé Ovila, qui était entré dans la chambre. Elle regarda la boursouflure de ses yeux et comprit qu’elle n’avait pas fait de cauchemar. Tout était vrai. Elle ouvrit les bras et il s’y précipita. Ensemble ils pleurèrent comme jamais ils n’auraient cru pouvoir le faire.
    Émilie et Ovila enterrèrent leur fille le lendemain de sa mort. Émilie avait tenu à assister aux funérailles, alléguant que si elle ne voyait pas la mise en terre, elle ne croirait jamais à la mort de Louisa. Ovila ne la quitta pas d’une semelle, craignant que son esprit ne dérape encore une fois sous la douleur. Mais Émilie tint le coup. Elle avait vaguement souvenir de la nuit de la mort de Louisa. Un goût d’amertume lui collait pourtant à la gorge.
    De retour à la maison, elle s’isola dans sa chambre à coucher. Ovila n’eut pas à prier sa famille de les laisser seuls. Félicité avait fait la valise des enfants et lui avait dit qu’elle les amenait pour au moins une semaine, le temps que lui et sa femme se remettent de leurs émotions. Il frappa à la porte de la chambre, mais Émilie ne répondit pas. Il frappa une seconde fois. Elle se tut encore. Il ouvrit et la trouva assise sur le bord du lit, fixant la fenêtre d’un regard absent. Il s’approcha d’elle et lui posa un bras sur l’épaule. Émilie souleva son épaule brusquement, de façon à faire relâcher l’étreinte d’Ovila.
    «Qu’est-ce qu’il y a, Émilie?
    —        C’est de ta faute, Charles Pronovost. Tout ça c’est de ta faute.»
    Ovila blêmit. Depuis la mort de Louisa, il n’avait cessé de se répéter ces mêmes mots. Il s’assit à l’autre bout du lit, attendant la suite. Sans le regarder, Émilie le blâma de n’être pas rentré comme il l’avait promis. De l’avoir laissée seule, à l’attendre. Elle avait la voix sèche, cassante comme une vitre.
    «Si j’avais vu le docteur avec Louisa, Louisa serait encore en vie.
    —        Non, Émilie, Louisa s’est étouffée en dormant.
    —        Laisse-moi finir!»
    Ovila avala son remords et se tut.
    «D’abord, si tu étais pas rentré saoul, tu aurais pu entendre quelque chose.
    —        Comme quoi?
    —        Je sais pas, moi. Tu aurais pu l’entendre tousser,

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