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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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aussi à Antoinette, ne se gênant pas pour blâmer Ovila pour son irresponsabilité.
    Personne n’avait revu Ovila. Il avait complètement disparu de la circulation. Félicité et Dosithée étaient partagés. D’une part, ils s’inquiétaient pour leur fils. D’autre part, ils lui en voulaient d’avoir laissé sa femme seule après la tragédie. Émilie ne leur exprima jamais le fond de sa pensée et ne parla jamais des raisons du départ d’Ovila. Elle continuait sa routine quotidienne sans jamais faire allusion à son mari. Les gens jasaient. Les hommes qui avaient passé la soirée fatidique à l’hôtel avec Ovila racontèrent qu’il était parti complètement ivre. Certains paroissiens commencèrent même à penser qu’Ovila avait peut-être tué Louisa. Le médecin dut intervenir et jurer que la petite était bel et bien morte durant son sommeil, étouffée.
    «Pis étouffée par des causes naturelles!» avait-il tenu à préciser.
    On admira Émilie pour son courage. En deux jours, elle avait perdu son enfant et son mari. Émilie ne les écoutait plus. Elle ne souffrait même pas d’entendre Ovila se faire dénigrer comme s’il avait été un parfait criminel. Elle- même avait commencé à le penser.
    Émilie était assise sur sa galerie et regardait les hommes faire les foins. A perte de vue, le foin était monté en bottes, créant l’illusion que les humains n’étaient que des petites fourmis se promenant entre des tumuli géants. Des fourmis. Étaient-ils vraiment plus importants que des fourmis? Elle se le demandait. Elle voulut se lever et se rassit aussitôt.
    «Rose! Viens ici, Rose!»
    Rose s’approcha de sa mère.
    «Va chercher mémère. Moman a besoin de mémère. As-tu compris, Rose?
    —        Ben oui. Rose aller chercher mémère avec Marie- Ange?
    —        C’est une bonne idée ça, Rose. Emmène Marie-Ange avec toi. Pis, Rose, apporte ta catin pis celle de Marie- Ange aussi. As-tu compris Rose?
    —        Ben oui. Ma catin pis celle de Marie-Ange aussi.
    —        Pis tu vas dire à mémère que les sauvages sont arrivés. As-tu compris?
    —        Ben oui, je suis pas un bébé.
    —        Répète ce que tu vas dire à mémère.
    —        J’vas dire à mémère que les sauvages sont arrivés.
    —        C’est bien ça, Rose. Viens me donner un bec quand tu vas partir pour chez mémère. Astheure va chercher Marie-Ange pis les catins. A soir, il va y avoir une surprise.
    —        Quoi?
    —        Je pense que tu vas dormir chez mémère. Mais dis- le pas à Marie-Ange. C’est un secret.»
    Rose et Marie-Ange étaient parties, se tenant par la main. Dix fois par jour, elles faisaient ce trajet. Dix fois par jour, Emilie les surveillait.
    Félicité arriva à la hâte avec Edmond. Celui-ci la laissa près d’Émilie puis s’empressa d’aller chercher la sage- femme. Émilie rentra et se coucha. La sage-femme eut à peine le temps d’arriver qu’Émilie accouchait d’un gros garçon.
    La colère grondait chez les Pronovost. Le mois de septembre s’était estompé et Ovila n’avait donné aucune nouvelle à Émilie. Dosithée et Félicité s’étaient abstenus de commentaires, certains qu’entre leur fils et sa femme, il s’était passé quelque chose qu’ils ne parvenaient pas à comprendre. Depuis les six mois de la disparition d’Ovila, Émilie avait refusé qu’on parle de lui. Elle était méconnaissable. Elle avait même refusé de faire baptiser son fils. Ne sachant plus que faire, Dosithée décida d’écrire à Caleb pour lui demander son avis. Caleb n’avait pu venir après la naissance du fils d’Émilie et Dosithée se demandait si une visite impromptue ne serait pas de quelque utilité.
    Caleb arriva sans aviser. Il n’avait plus revu sa fille depuis...depuis si longtemps qu’il ne savait pas à quoi s’attendre. Il l’aperçut dehors. Elle arrachait les branches mortes de son jardin. Ses deux filles — déjà si grandes...gambadaient à côté d’elle. Elle avait sanglé son fils tout près de sa poitrine. Caleb fronça les sourcils. Elle se serait fait des tresses qu’elle aurait eu l’air d’une parfaite Indienne. Émilie l’aperçut. Elle se redressa et déposa la binette qu’elle tenait à la main. Elle appela ses filles et leur pointa Caleb. Il eut l’impression qu’elle souriait. Les deux fillettes partirent à sa rencontre. Caleb fit de grands signes

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