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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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passa la soirée chez Ovila et Emilie à discuter d’un travail qu’il voulait confier à son frère. Il sortit un papier froissé d’une de ses poches et le déplia sur la table. C’était un meuble de bijoutier. Pipe aux lèvres, Ovila étudia le dessin longuement, puis prit un autre papier et un crayon. A partir du croquis ébauché maladroitement par Télesphore, il dessina un autre meuble, magnifique, à la devanture vitrée. A l’arrière, une mosaïque de tiroirs de toutes dimensions.
    «Maudit, Ovila, j’en reviendrai jamais. Tu as dessiné le plus beau meuble de bijoutier que j’ai jamais vu. Pis ce qui m’écœure, c’est que je sais que tu vas le faire encore plus beau que sur le dessin. C’est écœurant d’avoir du talent de même! Tu trouves pas, Emilie?
    —        Le talent d’Ovila, c’est un puits sans fond. Moi, j’ai jamais essayé de comprendre. »
    Longtemps, ils parlèrent du meuble. Ovila demanda à Télesphore quel bois il préférait.
    «Du pin blond pas de nœuds, ça serait pas beau?
    —        Jamais! Un meuble de bijoutier, faut que ça fasse riche! Pour ça, faut prendre du chêne ou de l’érable. Du bois dur. Pas du bois mou. Voyons, Télesphore! Veux-tu avoir l’air d’un bijoutier ou d’un fermier?
    —        Prends donc le bois que tu voudras, Ovila. D’ailleurs, je vois pas pantoute pourquoi tu m’as demandé mon avis. »
    Emilie s’amusa de l’étonnement réel qui était apparu au front d’Ovila. Il se racla la gorge, avant de reprendre la parole d’un ton adouci.
    «C’est que... je sais pas combien tu veux le payer ton meuble. C’est vrai que le pin, ça coûte rien. Astheure, quand on parle de l’érable, c’est pus la même histoire. On en a de coupé depuis des années. Je pourrais le faire tailler pis planer. Le chêne, c’est encore plus cher. Mais...si tu me demandes mon avis, je dirais que tu veux un meuble qui dure toute ta vie. Non? Le pin, ça va poquer pas mal plus vite que l’érable. Pis l’érable, moi, il y a un p’tit quelque chose dans la couleur du bois qui, à la longue, me fatiguerait. Je veux pas dire par là que c’est pas un beau bois. Non, c’est pas ça que je veux dire pantoute. Mais, le grain du chêne...
    —        Laisse faire, Ovila. Le chêne, je peux pas payer ça.»
    Les frères convinrent donc que le meuble serait en érable. Télesphore promit de revenir pour voir les travaux vers le dix mai. Ovila compta mentalement le temps qu’il avait devant lui et promit que le meuble serait presque fini. Le lendemain matin, il se leva très tôt pour commencer le nettoyage de son atelier avant de partir pour le travail. Emilie fut émue de voir son mari reprendre ses outils. Dès qu’il eut quitté la maison, elle s’empressa d’aller dans l’atelier. Elle n’avait jamais voulu y remettre les pieds tout le temps qu’il avait symbolisé pour elle l’image d’un bonheur longtemps évanoui. Ovila avait travaillé pendant une heure et presque rien ne paraissait. Elle revint à la maison.
    «Rose, Marie-Ange, Émilien, Blanche pis Paul, venez ici. Toi aussi, Clément, tu peux venir.»
    Les six enfants répondirent à l’appel de leur mère. Ils savaient que ce ton n’acceptait aucun retard.
    «Aujourd’hui, on va faire le plus beau cadeau de Pâques que votre père a jamais eu.
    —        C’est passé, Pâques...
    —        Je le sais, Paul, mais des fois, les fêtes ça dure longtemps. La preuve, c’est que l’école est encore fermée. Bon. Marie-Ange, tu vas t’occuper de Jeanne pis d’Alice. Pis tu vas faire les repas.
    —        Je veux pas. Je veux faire le cadeau, moi avec.
    —        Ça fait partie du cadeau. Les autres, même toi Clément, vous allez venir avec moi dans l’atelier. Apportez tous les balais, toutes les vadrouilles, toutes les vieilles boîtes vides, toutes les guenilles pis les chaudières que vous allez trouver. Vous allez mettre votre plus vieux linge pis vous autres, les filles, vous allez vous attacher un foulard sur la tête pour pas vous salir les cheveux.
    —        Moi aussi?
    —        Fais pas exprès, Marie-Ange! Tu sais que c’est pas nécessaire dans la maison. »
    Emilie tapa dans ses mains et les enfants s’agitèrent comme des lutins. En dix minutes ils étaient au garde-à- vous dans l’atelier. Emilie confia une tâche à chacun et leur dit qu’ils n’avaient qu’une journée pour tout

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