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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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une voix caverneuse.
    «Vous désobéissez à votre mère?»
    Paul regarda Blanche, furieux. Puis il se tourna vers ses parents qui semblaient plongés dans leurs pensées.
    «Pas besoin de nous parler comme ça, pépère. La grenouille nous l’a dit avant vous.
    —        La grenouille?...
    —        Ben oui, la grenouille, répondit Blanche. Paul pis moi on Fa vue la grenouille. Pauvre p’tite grenouille toute écrasée parce qu’elle avait été dans la rue. Paul pis moi, on est revenus en courant pour dire à moman qu’on désobéirait pus jamais.»
    Jeanne s’était approchée de son grand-père. Il déposa l’enfant qu’il avait sur les genoux et la prit. Il prit aussi Clément.
    «Toi, tu dois être Clément.»
    Clément fit oui de la tête.
    «Le chat a-tu mangé ta langue?»
    Clément fît non de la tête.
    «Tu as quel âge, toi? »
    Clément montra trois doigts puis deux doigts en pointant Jeanne.
    «Parles-tu des fois?»
    Clément prit un air renfrogné et montra du poing à son grand-père. Puis, au grand étonnement de Caleb, d’Ovila et d’Émilie, il lui donna un bon coup, juste dans l’œil. Caleb fut tellement saisi qu’il le poussa et Clément tomba par terre, sur ses fesses. Il se releva aussitôt et donna un bon coup de pied dans le tibia droit de son grand- père. Ovila se leva rapidement et prit Clément par le bras. Il lui donna une taloche derrière la tête. Clément hurla. Ce fut assez pour permettre à Caleb de se ressaisir.
    «Bon! je suis bien content d’entendre que tu as une voix. Je commençais à me demander.»
    Emilie prépara seule tout le repas du Nouvel An, sa mère étant trop fatiguée pour l’aider. Mais Émilie le fît avec joie. Elle s’étonnait de ne plus rien trouver dans cette maison qu’elle avait habitée pendant seize ans. Mais depuis vingt ans qu’elle l’avait quittée, ses mains, qui autrefois allaient chercher ce qu’elle leur demandait, ouvraient maintenant plusieurs portes et tiroirs avant de trouver un couteau, une fourchette ou même les assiettes et les verres.
    Le repas se déroula dans la sérénité. Caleb profita de quelques minutes de solitude avec sa fille pour lui dire combien elle lui avait toujours manqué. Combien il avait été imbécile de ne pas l’aider quand il avait su qu’elle aurait eu besoin de lui. Combien il regrettait d’être intervenu dans son projet de mariage avec Douville. Émilie lui sourit en lui disant qu’elle était plus heureuse avec son Ovila qu’elle l’aurait été avec un trop sage et trop parfait Douville.
    «C’est difficile à expliquer, pâpâ, mais Ovila, j’ai toujours essayé de l’attirer. Ovila, c’est un grand indépendant. Chaque fois que je suis avec lui, même astheure, j’ai l’impression que je viens de gagner une p’tite bataille...ou bien, des fois, une grande guerre.»
    Ovila, Émilie et les enfants revinrent à Saint-Tite en chantant des cantiques de Noël. Alice avait dormi pendant presque tout le trajet, bien au chaud sur sa mère. En passant à Saint-Séverin, ils avaient fait une halte chez la cousine Lucie mais la maison était vide. Lucie et Phonse avaient dû aller fêter quelque part. Émilie en fut attristée.
    «Ça fait tellement longtemps que Lucie m’a pas fait rire. Dans ses lettres, je l’entends pas bégayer, pis c’est moins drôle. »
    Ils arrivèrent à Saint-Tite tard dans la nuit et Paul trouva quand même le temps de compter tout l’argent que son grand-père Bordeleau leur avait donné. Le lendemain matin, il réussit à convaincre son père de les conduire, lui et Blanche, à la nouvelle Banque Provinciale pour qu’ils puissent, avec toute leur fortune, ouvrir chacun un compte de banque. Ovila céda et c’est le sourire aux lèvres qu’il avait regardé son fils serrer la main de J.B. Lebrun, le gérant, et signer le bordereau de son premier dépôt. De retour à la maison, il dut accepter de conduire Emilien qui, lui aussi, voulut faire son premier dépôt. Paul avait dit qu’avec tout l’argent qu’il mettrait à la banque, il paierait ses études. Blanche, elle, avait déposé son argent pour se payer un voyage à Montréal. Emilien, lui, avait promis que cet argent servirait à l’achat du magasin qu’il aurait plus tard.
    En voyant le télégramme, Emilie sut. Il contenait certainement une mauvaise nouvelle. Elle prit des ciseaux pour ouvrir l’enveloppe au lieu d’en déchirer un côté. Les mots se brouillèrent

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