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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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s’arrêta devant la maison de Caleb. Ce dernier demanda aux filles de demeurer là où elles étaient et s’empara d’un fanal. Il se dirigea vers le chemin, Berthe et Émilie n’entendirent pas la conversation qui suivit.
    «Ça doit pas être pour moi, parce que ton père m’aurait déjà appelée.»
    Émilie ne répondit pas. Elle croyait plutôt le contraire. Caleb mettait peut-être le temps nécessaire à trouver les mots pour annoncer une mauvaise nouvelle.
    «Émilie! Approche donc, cria Caleb, j’ai besoin de toi. »
    Emilie regarda Berthe. Berthe ne broncha pas. Emilie
    s’éloigna. Berthe s’assit sur le bord de la chaise, prête à bondir dès qu’on la réclamerait. Elle déglutit péniblement. Un malheur. Une malédiction. La fin de son rêve d’entrer au couvent.
    «Berthe! Viens ici, Berthe!»
    Le cri d’Emilie lui résonna aux oreilles comme un écho de brume. Elle franchit en un éclair la distance qui la séparait du chemin et s’immobilisa subitement. Emilie riait aux éclats et Caleb faisait les frais d’une conversation enjouée.
    «Berthe, je te présente Ovila Pronovost!»
    Berthe demeura bouche bée. Ovila Pronovost. Elle avait passé tellement d’heures à l’entendre décrire par Emilie qu’elle eut l’impression que son visage lui était familier. Elle s’illumina.
    «Ha! ben! Ha! ben! » parvint-elle à dire. «De la grande visite de Saint-Tite. » Discrètement, elle écrasa le pied droit d’Émilie.
    Caleb invita Ovila à faire reposer sa bête. Il l’invita avec d’autant plus d’empressement que l’attelage était tiré par le bel étalon à la crinière blonde. Il poussa même la politesse jusqu’à lui offrir de conduire lui-même l’attelage à l’abreuvoir. Il s’éloigna.
    Ovila, empêtré mais heureux de l’accueil qui lui avait été réservé, suivit les filles. Berthe ne cessait de faire des clins d’œil et des grimaces à Émilie, que l’arrivée d’Ovila avait surprise. Émilie n’avait pu retrouver le comportement qu’elle avait adopté depuis ce fameux soir de mars. Ovila épousseta ses vêtements avant de s’asseoir. Caleb revint vers eux avec Célina qu’il était allé chercher. Les présentations faites, Caleb les invita tous dans la maison pour boire quelque chose. A l’intérieur, la haute taille d’Ovila devint rapidement un objet de curiosité.
    Ils parlèrent à bâtons rompus pendant une bonne demi- heure. Ovila précisa qu’il se dirigeait vers Shawinigan et Trois-Rivières, pour essayer d’y trouver du travail. Émilie avait feint un vif intérêt même si, intérieurement, un effroi de perdre Ovila de vue lui avait glacé le cœur. N’ayant rien remarqué, Ovila avait enchaîné en disant qu’il voulait travailler dans les chantiers durant l’hiver.
    «Des chantiers de bûcherons ou des chantiers de construction, j’ai pas de préférence.»
    Emilie décida de changer de sujet et lui demanda s’il avait de la parenté à Saint-Stanislas. En fait, elle connaissait la réponse, mais elle savait que ses parents se passionnaient pour toutes les souches familiales de la Mauricie. Ils avaient donc été fascinés d’apprendre que, par sa mère, Ovila était un parent d’Isidore Bédard.
    «Isidore doit vous attendre pour la nuit?» demanda Célina.
    Ovila rougit un peu avant d’avouer qu’il n’était en fait pas attendu mais que sa mère l’avait assuré d’un bon accueil. Caleb jeta un furtif coup d’œil vers Émilie. Sa fille avait l’air absolument subjuguée par Ovila. Il décida donc de brusquer un tantinet les événements.
    «Je vois pas pourquoi qu’à une heure de même, vous arriveriez chez Isidore comme un quêteux. Ici, on a de la place pour la visite. »
    Célina le regarda, étonnée. Émilie ne dit pas un mot. Elle évita même de regarder Berthe qui s’était levée pour remplir le pot d’eau.
    «Bon, astheure que c’est réglé, enchaîna Caleb, j’vas aller dételer votre bel animal. »
    Il allait sortir, l’air guilleret, lorsqu’Émilie l’informa qu’elle et Ovila iraient conduire Berthe. Émilie connaissait bien son père. Elle savait qu’elle venait de lui imposer une attente torturante.
    «Tu as le don, Émilie, de toujours fatiguer les bêtes après une trotte, répondit Caleb déçu. Mais amusez-vous, on va attendre.» Sans comprendre comment elle avait pu faire une telle erreur, Berthe se retrouva assise entre Emilie et Ovila. Elle passa tout le temps de la trotte à

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