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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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et encore des mérites de l’étalon et en vint finalement au point qui l’intéressait. Une connaissance lui avait offert une pouliche «bien prête à se faire servir», mais il avait refusé de l’acheter ne trouvant pas nécessaire d’avoir un autre cheval. Sa vieille jument, bien que moins ardente, dépannait encore. Il avait trois chevaux pour les labours. Trois gros et forts chevaux, avait-il précisé. Mais si Ovila voulait bien lui accorder quelques heures, il pourrait, le lendemain, acquérir la pouliche et la mettre au pâturage avec son étalon. Ovila ne réfléchit qu’un instant, le temps de feindre qu’il était attendu à Shawinigan, puis accepta de prolonger son séjour à Saint-Stanislas. Caleb jubila.
    Caleb partit immédiatement après avoir trait ses vaches. Il se rendit chez Elzéar Veillette. Il détestait Elzéar Veillette, d’abord parce que Veillette s’entêtait à toujours avoir raison, ce qui, selon Célina, était impensable, puisque c’était Caleb qui n’avait jamais tort, et ensuite parce que Veillette faisait l’élevage de chevaux. Un petit élevage, certes, mais avec quand même quelques belles bêtes. Caleb savait que l’étalon des Pronovost aurait fait blêmir Veillette.
    Veillette fut surpris de le voir arriver. Caleb fonça droit au but. Il avait entendu dire qu’il avait une pouliche à vendre. Veillette répondit qu’il l’avait vendue la veille et que c’était certainement la plus belle pouliche qu’il ait jamais eue. Caleb lui demanda qui l’avait achetée. Quelqu’un de la parenté du curé qui, justement, devait atteler pour s’en retourner à Grand-Mère. Caleb demanda si «ces bonnes gens» habitaient au presbytère. Veillette confirma. Caleb le salua en le remerciant et partit à la hâte.
    «Coudon, Bordeleau, me semblait que tu voulais pus en avoir des ch’vaux.
    —        C’est pas toi, Zéar, qui m’as dit qu’il y a rien que les fous qui changent pas d’idée?»
    Sur ce, Caleb reprit le chemin du village. Il arriva au presbytère au moment où le curé saluait ses visiteurs. Caleb interrompit, aussi poliment que possible, le rituel du départ. Il demanda au curé s’il pouvait «parler affaires» avec sa charmante visite. Il avait été étonné de constater que les «visiteurs» étaient trois des nièces du curé. Caleb leur expliqua, mentant légèrement, qu’il y avait eu erreur. Qu’il avait promis à monsieur Veillette d’acheter la pouliche qu’elles venaient d’atteler. Les femmes, surprises, lui répondirent que le gentil monsieur Veillette n’avait jamais parlé d’un autre acheteur. Caleb prit le curé à témoin sur la légendaire distraction de Veillette. Le curé n’osa pas le contredire, mais il savait fort bien que Caleb, et non Veillette, était reconnu pour sa distraction. Caleb offrit aux dames de racheter la jument. Les femmes refusèrent catégoriquement. Caleb sourit d’un sourire crispé et mit un prix sur son offre. Les femmes ne bougèrent pas d’un iota. Il augmenta la somme. Les femmes ramollirent. Il ajouta encore quelques dollars. Elles acceptèrent mais à la condition qu’il les accompagne chez Veillette. Si ce dernier n’avait pas une autre bonne bête à leur vendre, elles ne feraient pas la transaction. Caleb accepta. Il attira le curé à l’écart et lui demanda s’il pouvait lui avancer les fonds. Il n’avait pas en poche la somme nécessaire. Le curé s’empourpra. Caleb essaya de l’apaiser en lui promettant un prompt remboursement et...une part généreuse à la quête du dimanche pour le mois à venir. Le curé, toujours en colère, accepta néanmoins de lui avancer la somme. Caleb le remercia plus que chaleureusement. Le curé, intrigué par toutes les tractations, lui demanda s’il pouvait l’accompagner chez Veillette. Caleb n’osa pas refuser.
    Veillette ne fut pas surpris de voir revenir Caleb. Il fut plus étonné d’apprendre que les demoiselles voulaient une autre bête. Il n’avait plus de jument à leur offrir. Seulement des étalons. Les femmes hésitèrent puis acceptèrent une des bêtes à la robe presque noire que Caleb leur recommanda chaudement. Pendant que les demoiselles faisaient leurs adieux à leur oncle, Veillette s’approcha de Caleb qui attachait la pouliche derrière sa calèche.
    «Qu’est-ce que tu lui veux à ma jument? demanda-t-il l’air méfiant.
    —        Rien pantoute. Je veux juste une belle pouliche pour le plaisir de

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