Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
voyage de noce. Vous?»
    Caleb demeura muet. Ainsi donc elle se marierait.
    «Comme je connais ton futur, il doit avoir une idée pas ordinaire pour faire un voyage de noce. Il voudrait t’amener voir les grosses chutes du Haut-Canada que ça m’étonnerait même pas.»
    Emilie sourit. Son père avait bien toisé Henri. Elle le regarda pendant quelques minutes avant de lui révéler leur destination. Elle savait qu’il en tomberait de son tabouret. Caleb, lui, attendait qu’elle parle. Elle n’avait, Dieu merci, pas remarqué le tremblement de ses mains.
    «Cette année, pâpâ, j’vas être obligée d’être remplacée à l’école pour le mois de juin.
    Pourquoi ça?
    —        Parce qu’Henri et moi, on se marie.
    —        Vous avez décidé de la date comme ça sans nous en parler!
    —        C’est qu’on n’a pas eu de choix. Il faut qu’on embarque sur le bateau au début de juin.
    —        Le bateau! Quel bateau?»
    Émilie attendit quelques secondes afin de s’assurer de l’effet qu’elle produirait.
    «Le bateau qu’on va prendre à New York pour se rendre en France. Voir l’Exposition de Paris!»
    Caleb ne tomba pas du tabouret, mais c’était bien parce qu’il était solidement arrimé au pis de sa vache.
    «Ben, ma fille, on peut dire que c’est tout un projet. J’espère que tu tiens pas de moi parce que je suis même pas capable de prendre le traversier des Trois-Rivières sans vomir ce que j’ai dans le ventre. Pis il paraît que la mer, ça vous brasse une panse, madame, que c’en n’est même pas drôle. J’espère qu’Henri a le pied marin parce que tu vas avoir affaire à nettoyer quelques p’tits dégâts. »
    Émilie cessa de sourire. Elle n’avait jamais pensé à cet aspect du voyage. Elle n’avait vu que le chic d’un paquebot, les lumières se reflétant sur la mer dans la nuit, les repas servis sous l’éclairage d’immenses chandeliers. Et s’il fallait qu’elle ou Henri aient le mal de mer? Ou les deux?
    «Henri m’a dit qu’en juin, c’est rare que ça brasse.
    —        Ils disent que ça a pas besoin de brasser pour donner le mal de mer. Juste le fait de pus être sur le plancher des vaches ça suffit. En tout cas, c’est ce qu’ils disent. Moi, j’ai juste l’expérience du fleuve, pis si ma mémoire est bonne, l’eau était calme.
    —        Oh! vous! Chaque fois que j’ai une idée pis que vous avez pas la même, vous vous arrangez toujours pour... pour... »
    Elle ne termina pas sa phrase. Elle tourna les talons et sortit de l’étable. Elle referma la porte et, de dos, s’appuya dessus. Elle bascula quand Caleb l’ouvrit quelques secondes plus tard.
    «J’ai bien pensé que tu serais encore ici. C’est quoi au juste, Emilie, que tu voulais me dire?
    —        Rien de spécial...En fait, je voulais juste vous dire qu’Ovila Pronovost m’a écrit. J’aime mieux Douville. Au moins, avec lui, on sait ce qui va arriver le lendemain, pis le jour après.
    —        C’est certain. Le grand Pronovost, c’est pas le même genre pantoute. Il m’a l’air d’avoir toute une tête de mule lui avec.
    —        Pour avoir une tête de mule, il a une tête de mule. Ça fait que deux têtes de mules, pâpâ, c’est rien de bon. Vous pouvez pas comprendre pourquoi Henri c’est le mari qu’il me faut. Oubliez pas que ça fait bien des années que je vis pus ici, pis que vous me connaissez un peu moins qu’avant.
    —        Je sais ça, Emilie. C’est pour ça que je me demande pourquoi tu te donnes tant de mal à essayer de me convaincre. Si tu étais si sûre de toi, ça paraîtrait dans ta face. Me semble. »
    Il avait visé juste. Emilie s’était dit qu’en convainquant son père, elle trouverait les arguments pour se convaincre elle-même. Elle doutait de ses sentiments et détestait cette confusion. Elle soupira. Comment pourrait-elle expliquer à Henri que leurs fiançailles n’auraient duré que le temps d’une nuit?
    Caleb avait suivi le cours des pensées de sa fille.
    «Dans mon temps, Emilie, on avait pour notre dire que les fiançailles ça servait à deux choses. La première, ça voulait dire au prétendant qu’on allait le marier ou bedon la deuxième, qui voulait dire qu’on prenait plus de temps pour réfléchir. Tu peux choisir. »
    Il se frotta la nuque, puis les yeux. Il s’étira en bâillant.
    «Bon, bien, moi, si tu as rien contre,

Weitere Kostenlose Bücher