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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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voulez débeller 262 vos ennemis, fiez-vous à moi !
    –  Bien dit, confia Audrehem à son neveu. Dénia est un outrecuidant. Nous le verrons à la bataille.
    *
    Prévenus de la proximité de l’ennemi par la défaite de leurs fourrageurs dont quelques-uns étaient parvenus à s’enfuir, le prince de Galles et don Pèdre n’avaient éprouvé qu’une hâte : jucher leurs troupes sur une montagne entre Vitoria et Arinez. Des coureurs apprirent à Guesclin et à Henri que l’arrière-garde anglaise était encore à sept lieues au moins du corps de bataille et qu’elle progressait lentement.
    Un dilemme se posa : fallait-il quitter les hauteurs fermant le chemin de Burgos et se porter à la rencontre de ce lambeau d’armée pour l’anéantir – comme le proposait Dénia, soutenu par Tello et Sanche – ou devait-on demeurer immobiles et prêts à tout, -meilleur comme le pire ?
    Se fiant à Guesclin moins résolument que de coutume, Henri se détermina, non sans mal, à ne pas abandonner une position qui, si elle n’était avantageuse » pour sa gloire, avait l’excellent mérite d’être profitable ; à sa vie.
    –  Jamais, dit Guesclin, le matin qui suivit son algarade avec les Espagnols, Édouard n’osera nous attaquer là où nous sommes. Je crains qu’il n’aille chercher un autre champ de bataille. 
    Dénia revint à la charge d’une façon moins âpre mais tout aussi impertinente :
    –  J’ai interrogé cette nuit quelques Anglais. Le prince Édouard a laissé derrière lui moult malades. La neige, le changement de nourriture, voire la disette ont fait périr les chevaux par centaines. Les Navarrais, les Castillans et les Aragonais ainsi que les montagnards de Biscaïe ont, par leurs escarmouches, mis les Anglais en grand trouble. Ils sont arrivés lentement sur Burgos par Navarrete, Nâjera et Santo Domingo de la Calzada. Tous les hommes sont épuisés, les chevaux et les mules aussi… Ils sont nos prisonniers pour peu que nous le voulions !
    –  J’ai grand-hâte de vous voir les combattre, messire, dit Guesclin.
    Sachant que la dispute allait recommencer, Tristan quitta le pavillon royal. Il faisait beau. Les sierras et les vallées avaient recouvré leur peau verte et le ciel son azur, et le vent sa douceur si pareille à l’haleine d’une femme. Au bas de la montagne, la Najerilla, un des affluents de l’Èbre, encaissée dans de hautes berges, scintillait. Cette rivière constituait un retranchement supplémentaire que les Anglais, immobiles sur la rive droite de l’Èbre, à Navarrete, voyaient peut-être – ou tout au moins leurs coureurs. Il y avait, entre les deux armées, un intervalle de quatre lieues. Il pouvait, en une nuit, se combler subrepticement.
    –  Eh bien, messire, dit Paindorge, qu’avez-vous ouï à ce conseil ?
    –  Je l’ai quitté, Robert, avant qu’il ne s’achève. Que font, dis-moi, Lemosquet et Lebaudy ?
    –  Comme toujours, les soins des chevaux et des armes. Ils ont peur, j’aime autant vous le dire. Nul n’ignore autour de nous les dissentiments de nos capitaines. C’est de mauvais augure, comme on dit.
    –  As-tu peur, toi aussi ?
    –  Grand’peur, je le confesse.
    –  Moi également. Je crains que Dénia et ses compères ne cherchent l’appertise 263 dès le commencement de la bataille et ne la trouvant pas, s’en aillent au grand galop. Ce ne sont que des baveux 264 , des malebouches.
    –  Il fait beau, dit Paindorge en regardant le ciel. Savez-vous quel jour nous sommes ?… Non !… Le premier avril.
    –  Du printemps enfleuri nous savons peu de chose. Vois : de la boue partout, ce qui rendra la bataille lourde, glissante. Gare aux chutes, Robert ! Il te faudra en prévenir Girard et Yvain.
    –  Je le leur dirai, mais voyez, messire !
    Tristan partagea l’ébahissement de son écuyer.
    Un héraut du prince de Galles avait franchi les premières défenses castillanes. À cheval, la bannière d’Édouard le Jeune au poing, il montait le chemin conduisant au logement du roi Henri. Une cotte frappée d’un écusson aux armes du prince couvrait en partie son armure dont le bassinet ouvert laissait paraître un visage rêche, pâli par l’émoi d’être pris et exécuté.
    Paindorge se saisit du frein du cheval noir aux harnais simples, soigneusement apprêtés. Le héraut l’en remercia mais refusa qu’on l’aidât à quitter la selle. Une fois à terre, il considéra, autour de lui,

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