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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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Moncalieri, de son premier enfant – la fille de Filippa Duci...
    Non sans courage, Catherine de Médicis choisit d’affronter le duc.
    — Je me suis laissé dire, insinua-t-elle en essayant de rester calme, que vous verriez fort bien votre fille cadette, la jeune Louise, à ma place dans le lit du dauphin.
    — Madame, pure calomnie !
    Le roi, lui-même gêné, tenta une diversion.
    — Cette Écosse est une étrange contrée...
    Mais Catherine insista. Suivant le conseil de Diane de Poitiers, elle prit le risque de s’en remettre au roi sans détour, de son avenir à la Cour de France. À la stupéfaction des quelques témoins, la jeune Florentine s’agenouilla devant François I er et, ne cherchant pas à retenir ses larmes, se déclara désespérée de ne pouvoir donner au dauphin, à la famille royale et, finalement, à la France, l’héritier que tous étaient en droit d’attendre.
    — Je suis peut-être maudite, hasarda-t-elle.
    — Bien sûr que non...
    — Je suis résolue à suivre, en tout point, la volonté de Votre Majesté, et à régler mon sort sur son bon vouloir.
    — Mais de quoi parlez-vous ?
    Catherine sanglotait à présent.
    — C’est tellement dur, gémit-elle, tellement dur !
    — Pauvre enfant...
    On crut pouvoir arrêter ses jérémiades. Mais les choses étaient allées trop loin.
    — Oh, sire, s’il le faut, je consens à me retirer dans le monastère qu’il vous plaira de m’indiquer et même, si telle est votre décision, de changer de rang à la Cour, et d’entrer moi-même, comme dame d’honneur, au service d’une nouvelle dauphine !
    Le désespoir de la Florentine était sincère, même si son abnégation, un peu trop poussée, donnait le sentiment d’avoir été méditée. Se tournant soudain vers le vieux duc de Guise, la dauphine le prit à témoin de son abaissement volontaire et de sa parfaite soumission aux décisions du souverain.
    — Oui, monsieur, si l’on optait pour l’annulation de mon mariage et que l’on en vînt à unir votre fille à mon époux, je vous assure que j’accepterais de la servir en tout, bien honnêtement.
    — Voyons, madame...
    — Je le ferais, hoqueta Catherine, par amour du dauphin !
    Elle s’étranglait à présent de sanglots et le roi François, bien surpris d’une telle scène, tentait de la relever pour la serrer dans ses bras.
    — Là, là, dit-il, paternel et compatissant. Qu’allez-vous inventer, ma fille ?
    — Oh, sire !
    — Calmez-vous, je vous le demande. Personne ne vous a priée de quitter ma Cour, et je n’imagine pas que de telles idées aient sérieusement effleuré quiconque !
    C’était une petite pierre dans le jardin des Guise. François se rassit et plaça Catherine, comme une enfant, sur ses genoux. Elle avait sorti de ses jupes un grand mouchoir dans lequel son visage disparaissait tout entier. Le roi prit une voix rassurante, à la fois bien nette et très douce.
    — Dieu a voulu que vous soyez ma bru... dit-il sur un ton presque chantant.
    Catherine fondit en larmes de plus belle ; mais le roi ne se laissa pas désarmer.
    — Dieu a voulu que vous soyez ma bru, que vous soyez la femme du dauphin... Eh bien je ne veux pas, moi, qu’il en soit autrement ! M’entendez-vous ?
    La malheureuse dauphine sanglotait encore en silence.
    — Nous devons être patients, ma fille. Et mettre toutes les chances de notre côté... Peut-être, à la fin, Dieu voudra-t-il se rendre à vos désirs... et aux nôtres ! Sommes-nous d’accord ?
    Catherine de Médicis ne répondit pas.
    — Sommes-nous bien d’accord, Catherine ?
    — Oui, souffla-t-elle.
    Elle reniflait à présent comme une enfant.

Logis de Loches.
    C ’est à Loches, par un beau temps froid et sec, et devant de belles façades de tuffeau pavoisées de tentures et de toiles peintes, que le roi de France accueillit l’empereur. François I er souffrait d’une aggravation de son abcès et Charles Quint, d’une rechute assez sensible de son rhume. Cependant l’un et l’autre mirent un point d’honneur à surmonter leurs maux pour faire bonne figure et se montrer vaillants.
    Du logis royal, bâti sur un éperon rocheux dominant la vallée de l’Indre, la Cour était descendue jusqu’aux rues et aux places de la ville basse, pleines d’une population si dense et remuante que la suite espagnole, à peine arrivée, s’empressa de la comparer aux foules du Caire et de Constantinople.
    — Mon cousin, clama François, une main

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