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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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ennemi :
    – Vas-tu descendre ?
    – Je n’ai que faire de cette injonction. Je suis…
    – Tu vas voir !
    D’une voix qu’il ne se reconnaissait plus, Tristan vomit toutes sortes d’injures. Sa fureur avait corrompu sa cervelle, infecté sa gorge, et si les mots orduriers semblaient en égratigner les parois, il n’en avait cure. Ses intentions meurtrières furent instantanément dilatées par la flamme qu’allumait en lui la vision du visage impassible du bâtard, de ses yeux qui s’étaient repus de la personne d’Ogier d’Argouges avant que de la détruire.
    Il tenait fermement la bride du cheval, l’obligeant à tourner la tête. Saisissant le pied de Lionel, il l’enleva sauvagement de l’étrier puis, soulevant la jambe, il bascula le malandrin dans l’herbe.
    Abandonné, craintif, le cheval bondit et s’élança, la selle vide et les étriers flottants. Bagerant le saisit par les rênes au passage.
    – Holà ! dit-il, compère, la menace n’est pas pour toi.
    Lionel s’était relevé, fou d’humiliation et de rage. Sa mauvaiseté consumant le peu de prudence qui lui restait après ce coup inattendu, il saisit son poignard dans sa heuse et se précipita.
    Tristan sentit passer contre sa hanche senestre le vent d’une fureur et d’un acier dont la pointe lacéra son pourpoint.
    – Prends ça, dit Bagerant. Pas le temps d’empoigner la tienne.
    Tristan happa la dague sans la regarder.
    – Holà ! Vous autres, ses compères, hurla Paindorge. Que pas un ne remue ou nous ferons un malheur.
    – Nous ne nous mêlerons pas de ce tençon, affirma haut et clair le barbu de Rechignac. Depuis quelques semaines, à dire vrai depuis sa rencontre avec son père, il voulait péter plus haut qu’il n’a le cul.
    – Traîtres ! hurla Lionel. Ah ! Vous me le paierez. Toi d’abord, Eudes !
    Tristan sentait ses nerfs se durcir. Aucune peur ne le titillait. Sans doute, lors de la crémation de la veille, avait-il complètement épuisé sa faculté de compatir à quoi que ce fût. Il retrouvait les yeux d’Ogier d’Argouges dans ceux qui le dévisageaient, mais ce regard vivant, étincelant de malice, ne pouvait amoindrir son courroux et sa volonté de meurtre : un énorme dégoût affleurait ses lèvres, et plutôt que des mots, des crachats s’y mêlaient à son souffle. Il regardait la lame adverse, large et longue, et sans regretter sa Floberge, il savait qu’il avait affaire à un escarbillat 369 rompu aux combats de truanderie. Il entrevit dans la foule Guesclin hilare, Audrehem et Bourbon ahuris ; puis les chefs de route au premier rang desquels ricanait Espiote. Sans doute avaient-ils appris la raison de cet affrontement.
    Il frémit quant la lame de Lionel parut gicler le long de sa joue. Il donna du pied dans le genou de son adversaire que son élan projeta vers Paindorge. La souffrance dut descendre et monter dans la jambe, mais Lionel ne la voulait pas sentir.
    Hop ! Cette fois c’était l’épaule.
    « Touché ! J’avais le soleil dans l’œil ! »
    Tourner. Tourner encore ! Encore ! Cette fois, c’était un va-te-laver en pleine face. Tristan sentit comme un couperet lui trancher l’arête du nez. À travers le bref éclair de douleur qui résultait de cet horion, il entendit et sentit un os ou un cartilage se briser.
    Il chancela. Il serait tombé en arrière s’il ne s’était heurté à la croupe du cheval que Naudon de Bagerant tenait bien en main. Il cligna rapidement des yeux, souffla du sang par ses narines, sentit une coulée de morve sanglante atteindre sa bouche.
    – Tu vas mourir !… Je vais faire de ma sœur une veuve éplorée !
    En dépit de la brûlure qui, du nez, irradiait dans toute sa face, Tristan sentit ses forces un moment désunies se reconstituer.
    – Va te faire lanlaire, fils de gouine (562)  ! Jamais ta sœur ne verra ta hure !
    La réaction de Lionel fut celle qu’il attendait : le poignard jaillit, étincelant et formidable. Tristan sauta de côté, assena un violent coup de lame sur le bras encore tendu et le fendit entre le coude et le poignet. Levant son genou vite et fort, il l’enfonça irrésistiblement dans le ventre de Lionel. Le misérable hurla. Ses jambes cédèrent. La bouche envahie d’injures, il chut sur les genoux.
    Ainsi, Tristan ne pouvait voir l’expression d’une figure qu’il imaginait tordue de haine et de douleur. Il lança son pied dedans. La force du coup renversa le blessé. Il roula

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