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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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monsieur de Condé avait la faveur. Peu
lui importait qu’on tue un bourgeois, viole sa femme et sa fille, prenne sa
cassette et autres valeurs si, par exemple, la victime avait commis un libelle
hostile au prince ou ternissant sa gloire.
    En outre, par les moyens qu’ils employaient, dont
la torture était le favori, les truands obtenaient excellents résultats et
renseignements de tout premier plan, ce qui en faisait les meilleurs des agents
de la Fronde.
    Ces histoires, rapportées à Nissac par Fervac,
avaient beaucoup surpris le comte qui s’alarmait de cette entrée de la
truanderie en politique. Qu’une bande d’assassins et de maquereaux pût ainsi
servir des traîtres et des armées étrangères sous couvert de choix en la chose
politique le choquait profondément et lui faisait venir appréhension en cela
que semblable vilénie pourrait devenir courante en les temps futurs.
    Mais telle n’était point, pour l’heure, la
pensée de Nissac qui attendait en l’arrière-cour-jardin du « Coq Noir ».
    L’action, longuement préparée, devait – ainsi
l’espérait-on – se bien dérouler et, en effet, tout commença comme il était
prévu.
    Ainsi, Fervac se présenta à la nuit, sourit au
géant à l’oreille croquée et lui planta son poignard en plein cœur.
    L’homme mourut sur le coup.
    Aussitôt, aidé de Mathilde de Santheuil, l’officier
des Gardes Françaises plaça tonnelet de poudre à canon devant l’entrée du « Coq
Noir » et enflamma la mèche courte puis, accompagné de la jeune femme qui
portait habit d’homme, il courut sur le boulevard Saint-Victor afin de gagner
la cour-jardin où les attendaient les autres Foulards Rouges.
    Mathilde avait insisté pour participer à cette
chaude affaire et le comte, quoique très contrarié, céda, ne voulant point
froisser cette croyance de la jeune baronne qui pensait que, bien souvent, une
femme vaut un homme. Dans cet esprit, dès qu’elle le rejoignit, il lui noua
amoureusement foulard rouge autour du cou, substituant un très long baiser au
petit discours de circonstance.
    Nissac et ses compagnons attendaient sans
impatience ni crainte la suite des événements. Le général-comte et le baron
Sébastien de Frontignac appartenaient tous deux au corps de l’artillerie royale,
arme où ils excellaient, et connaissaient également l’art des sapes, utilisées
lors des sièges des places ennemies. Aussi avaient-ils dosé avec grand savoir
la charge de poudre placée à côté du cadavre de l’homme à l’oreille croquée.
    L’explosion, bruit et lueur intense, déchira
la nuit et, aussitôt, Nissac et les siens couvrirent le bas de leurs visages
avec leurs foulards rouges.
    L’éclatement du tonnelet, détruisant
totalement la façade, tua une bonne moitié des truands réunis au « Coq
Noir ». Les autres, dans la fumée, se ruèrent sur la seconde issue.
    À peine à l’air libre, ils se trouvèrent sous
le feu des mousquets de Nissac, Frontignac, Mathilde, Le Clair de Lafitte, Fervac,
Bois-Brûlé, Florenty et Dautricourt, soit huit armes à feu aux tiges solidement
plantées en terre. Tandis que certains Foulards Rouges rechargeaient leurs
mousquets, Mathilde, Nissac, Frontignac, Fervac, Le Clair de Lafitte engagèrent
les survivants à l’épée.
    En quelques minutes, tout fut dit, le « Coq
Noir » détruit et trente des meilleurs agents du prince de Condé tués.
    La nouvelle devait peu ensuite se faire pâmer
de bonheur Mazarin tandis que Louis XIV s’émerveillait de ce genre de coup
de main qui flattait son goût de l’élite.
    Satisfait, Nissac donnait l’ordre de repli
lorsque…
    Le duc de Beaufort tendit une bourse au soldat
roux, d’origine allemande, et lui fit signe de s’éloigner.
    Il savourait cet instant. Ainsi, grâce à ce
déserteur venu le trouver, pouvait-il espérer anéantir les « Foulards
Rouges ».
    Un hasard, un merveilleux hasard ! L’Allemand
avait reconnu un de ces gentilshommes qui, tandis qu’il se trouvait assez mal, prirent
la peine de le restaurer et de le soigner. Il s’étonna qu’un officier du roi
circule ainsi, librement, en les rues de Paris.
    Son cœur avait tout de même balancé entre
reconnaissance et appât du gain mais l’attrait de l’or fut le plus fort et, par
relation de canaillerie, le déserteur n’eut guère de peine à joindre le duc de
Beaufort qui se faisait appeler « le roi des Halles » en raison des
amitiés qu’il entretenait avec les

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