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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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révélèrent fondées.
    Si le comte prit plaisir à retrouver la petite
maison de la rue Neuve-Saint-Merry et les repas en commun avec le père de
Mathilde, pour les Foulards Rouges, les fortunes furent diverses.
    Le baron de Florenty étudia une nouvelle fois
les rues de Paris, lui qui en connaissait parfaitement le sous-sol. Époux
sérieux, il ne chercha pas un seul instant à se distraire en compagnie féminine.
    Tel ne fut pas le cas du baron Le Clair de
Lafitte qui chercha à rencontrer, pour lui conter fleurette, femme qui ne fût
point bavarde comme son épouse, et de davantage de tempérament en les choses de
l’amour.
    Restaient les célibataires.
    Pour certains, dont les affaires se trouvaient
déjà fort avancées, ces deux jours permirent d’affirmer plus encore à celles qu’ils
aimaient quelle passion était la leur. Ainsi d’Henri de Plessis-Mesnil, marquis
de Dautricourt, avec Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de Luègue, qui n’avait
point encore quitté Paris pour son château de Saintonge.
    À Saint-Denis, le baron Sébastien de
Frontignac parvint à faire compliment à la jeune et jolie Catherine de Dumez, qui
se laissa embrasser la main. Enhardi, Frontignac approcha le père de la belle, un
officier de très haut rang qui avait envisagé autre parti pour sa fille mais, voyant
par hasard le Premier ministre serrer le jeune homme contre sa poitrine et le
roi lui-même l’entretenir en particulier quelques instants, il se dit que ce
monsieur de Frontignac, traité avec tant d’égards, ferait un gendre des plus
acceptables.
    Pour le lieutenant Maximilien de Fervac, les
choses ne furent point des plus simples.
    Il se trouvait au lit, en compagnie de sa
jolie Manon, et pensait l’instant propice, leur étreinte ayant été des plus
sensuelles mais aussi des plus tendres.
    D’une voix d’abord hésitante, qu’il affermit
bientôt, il demanda à la jeune femme ce qu’elle ressentait à l’idée que son
amant était à présent baron de Fervac ; aristocrate, en somme.
    Un rire clair et cascadant lui répondit.
    Bien que telle réponse le vexât, il n’en
laissa rien paraître, attaquant de nouveau :
    — Le cardinal m’a laissé entendre que je
serais bientôt capitaine aux Gardes Françaises.
    Nouveau rire.
    Il reprit :
    — Je vais avoir des terres en ma baronnie,
et beaucoup d’or. Cela s’ajoutant à ce qui précède.
    La jolie Manon, couchée à son côté, se
redressa légèrement :
    — Alors tu vas me quitter ?
    — Il ne s’agit point de cela. Mais toi, quitterais-tu
la vie qui est la tienne pour devenir baronne de Fervac ?
    Elle le regarda avec stupeur puis l’embrassa
avec fougue, ne reprenant souffle que pour lui dire :
    — Baronne ou pas, il y a si longtemps que
j’attendais ces paroles !
    À quelques rues de
là, monsieur le baron de Bois-Brûlé allait solitaire et sans but lorsqu’une
troupe qui donnait la comédie attira son attention.
    Jouant des coudes, qu’il avait puissants, le
baron se trouva au premier rang et fut stupéfait de reconnaître Églantine, avec
laquelle il jouait un drame sur ce genre d’estrade en son ancienne vie.
    Au reste, la surprise fut partagée car la
jeune femme, voyant son ancien camarade, quitta les planches, lui prit la main
et l’entraîna en courant sous les huées des spectateurs.
    Ils coururent ainsi plusieurs minutes, monsieur
de Bois-Brûlé s’interrogeant sur les raisons de cette course mais la petite
main d’Églantine en la sienne constituait tel enchantement qu’il ne songea
aucunement à interrompre cette étrange cavalcade.
    Enfin, la jeune femme s’arrêta sous les
branches d’un saule pleureur qui les dissimulait puis elle le regarda avec une
attention qui égalait celle que lui portait monsieur de Bois-Brûlé.
    Églantine, vingt-trois printemps, était
charmante blondinette aux grands yeux d’un bleu profond et au visage
intelligent. Dressée sur la pointe des pieds, elle n’aurait pas atteint
mi-poitrine de monsieur de Bois-Brûlé.
    Son regard se fit sévère.
    — T’es-tu échappé des galères du roi ?
    — Je n’y ai point été, ayant obtenu grâce
de Son Éminence tandis que le roi m’a fait baron.
    Églantine éclata de rire mais, voyant l’air
sérieux de son ancien camarade, elle se reprit :
    — D’un baron, tu as les beaux habits, mais
toi, baron, c’est là chose impossible.
    — Avec la Fronde, tout est possible. Tu
peux être prince et connaître la prison,

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