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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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comme monsieur de Condé, ou promis aux
galères et devenir baron comme je le suis.
    Églantine savait qu’en dehors de la scène, où
il avait surtout joué jadis des personnages bouffons, son ancien camarade n’était
point homme à lancer pareille plaisanterie.
    Elle hésita, puis :
    — Baron, baron, comment est-on baron ?
    — Par royale décision. Avec terres et
château.
    Elle le crut mais une ombre de tristesse passa
sur son visage lorsqu’elle lui dit :
    — Eh bien sois heureux en ton château et
oublie le théâtre et ta vie de jadis.
    Il lui sourit.
    — Je me rappelle une nuit d’automne, sur
la route d’Auxerre. Il pleuvait et le temps était tout de froidure et de
brouillard. En la vieille charrette couverte de toile qui nous abritait, nous, six
pauvres comédiens, tu étais en proie aux fièvres. Je ne t’ai point lâché la
main que nous ne soyons arrivés.
    — Je sais.
    — C’est un des plus beaux souvenirs de ma
vie.
    Elle posa ses poings sur ses hanches, soudain
scandalisée :
    — Alors pourquoi, lorsque je t’ai souri, au
matin, as-tu montré si grande froideur ?
    — Je croyais que tu te moquais.
    — Pourquoi l’aurais-je fait ?… Pourquoi
pareille idée ?…
    — Parce qu’on se moque de moi depuis
toujours car comme le singe, ici, je fais rire.
    — Seuls les imbéciles rient. Dont je ne
suis point, je l’espère !… À présent adieu, sois heureux en ton château
moi, je dois m’en retourner là-bas.
    Elle fit demi-tour, il la rattrapa vivement
par la main.
    — Je n’y serai point heureux. En un
château, il faut châtelaine.
    — César !…
    Ils se regardèrent longuement puis s’embrassèrent,
dissimulés au regard des autres par les branches du saule pleureur qui
tombaient jusqu’à terre.
    Le troisième jour, inquiets,
Nissac et les Foulards Rouges se rendirent chez Manon qu’ils trouvèrent en
compagnie du lieutenant des Gardes Françaises.
    En une de ses colères froides, le comte parla
durement au baron de Fervac, prononçant même le mot « déserteur ».
    Fervac protesta :
    — Point du tout, je songeais à me marier,
monsieur le comte !
    Nissac haussa les épaules.
    — Se marier, se marier : mais en
pareille guerre civile, qui songe à se marier ?
    Sébastien de Frontignac fit un pas en avant :
    — Moi, monsieur le comte !
    Le marquis de Dautricourt rejoignit Frontignac :
    — Moi pareillement !
    Monsieur de Bois-Brûlé s’avança à son tour :
    — Et moi de même !
    Nissac fit les cent pas sous le regard amusé
de Mathilde puis, d’une voix plus douce :
    — Qu’en pensez-vous, Melchior, c’est là
très curieuse épidémie, me semble-t-il.
    Le Clair de Lafitte eut un geste las :
    — Si le spectacle de ma chère épouse ne
les en a point dissuadés, qui le fera ?
    Nissac les regarda tour à tour, puis :
    — Soit !… Mais vous prendrez épouse
après que nous aurons vaincu la Fronde !
    Il jeta un rapide – mais tendre – regard à
Mathilde et ajouta :
    — Au reste, vous ne serez sans doute
point les seuls !

69
    Jérôme de Galand fut extrêmement surpris par
la très grande beauté et le charme irrésistible de la baronne Éléonor de
Montjouvent, pourtant à peine plus jeune que lui qui venait de fêter ses
cinquante-trois ans.
    La baronne, quoique nerveuse, ne semblait
point trop se méfier, le lieu inspirant confiance par sa richesse, son décor et
ses vastes proportions.
    Elle ignorait que cet hôtel appartenait à un
seigneur en fuite car fidèle au roi, et qui n’avait point fait de difficultés
pour le laisser occuper par le lieutenant de police criminelle et ses gens dès
lors que Mazarin était intervenu en ce sens.
    Galand lui offrit de s’asseoir et la regarda
longuement, étonné d’être sensible à son charme, lui que les femmes ne
troublaient plus depuis la mort de son épouse survenue vingt ans plus tôt.
    Après quelques mots de bienvenue, il en vint
au fait :
    — Vous a-t-on dit, madame, que je
souhaite organiser ici même soirée singulière où seront rendus tout à la fois
hommages à Satan… et à l’amour ?
    — On me l’a dit, monsieur, et je n’y vois
quant à moi guère d’embarras, ayant la connaissance de tout cela.
    Jérôme de Galand hocha la tête.
    — Il faut, pour honorer Satan, objets que
je ne possède point, n’en ayant pas la pratique habituelle et me trouvant assez
ignorant en la matière.
    — Ne vous inquiétez point de cela, je
sais qui

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