Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
une bande d’espions.
    Puis, sortant l’épée et se tournant vers ses
hommes :
    — Sus aux Mazarins !… Mort aux
espions de l’Italien !…
    « Mon Dieu, comme cet homme est bavard et
cherche grands effets de paroles ! » songea le comte de Nissac mais, entre
le premier et le dernier mot de cette phrase, avec une foudroyante rapidité, on
le vit sauter de cheval en sortant l’épée et toucher mortellement l’officier à
la gorge.
    Puis, tandis que ses hommes engageaient les
quatre autres Frondeurs, Nissac lâcha avec froideur :
    — Ils nous ont vus. Pas de survivants !
    L’affaire allait être réglée, faute d’adversaires,
dont le dernier expirait sous un coup de Fervac, lorsque monsieur de Bois-Brûlé
hurla :
    — Il en vient d’autres !
    — Les foulards ! Mettez les foulards !…
cria le comte, aussitôt obéi par ses hommes, tandis qu’une dizaine de Frondeurs
se précipitaient et bientôt, le combat commença, à un contre deux.
    Depuis qu’ils se battaient en équipe, Nissac
et ses hommes avaient travaillé la méthode et la manière.
    Ainsi, le comte et Fervac, les deux plus fines
lames, engageaient-ils le combat avec un pas d’avance sur leurs camarades. Touchant
tous deux très vite et à tous coups, ils atteignaient le moral de l’adversaire
qui voyait deux des siens culbutés en si peu de temps – à peine le temps d’un
soupir.
    Derrière, venaient les barons de Frontignac et
Le Clair de Lafitte, bonnes épées, soldats de métier qui ne cédaient point leur
place. Enfin, plus loin encore sur les arrières, on se « débrouillait ».
    Ainsi en fut-il cette fois encore.
    Nissac et Fervac, par commodité pour leurs
amis, engagèrent chacun deux Frondeurs. Deux autres subissaient les assauts des
barons.
    Nicolas Louvet, adoptant la méthode de
Florenty actuellement occupé à Notre-Dame, vidait ses pistolets… – sans
toujours atteindre sa cible. Restait monsieur de Bois-Brûlé, le seul qui ait
omis d’ajuster son foulard…
    Monsieur de Bois-Brûlé, en son for intérieur, pensait
qu’un homme n’a pas toujours une rapière à disposition et fût-ce le cas, qu’il
ne s’y montre pas nécessairement expert. Il en concluait donc qu’en les
situations extrêmes il faut savoir user d’expédients qui allient la ruse à l’intelligence.
    Ce qu’il démontra, alors qu’il se trouvait en
situation délicate.
    Un Frondeur, d’une maigreur extrême et de
taille modeste, tenait monsieur de Bois-Brûlé au bout de son épée. Le contraste
entre le Frondeur maigrelet et le géant musclé aurait frappé les spectateurs, à
supposer qu’il en fût.
    Sûr de son fait, le Frondeur avançait, l’épée
tendue, et monsieur de Bois-Brûlé reculait, sans pour autant se départir d’un
sourire indéfinissable qui perturbait son adversaire.
    Enfin, monsieur de Bois-Brûlé s’arrêta, affecta
un air de grande résignation et dit d’une voix pathétique :
    — Reculer, reculer toujours, est-ce une
vie, monsieur, je vous le demande ?
    Le Frondeur, surpris qu’on l’interrogeât lui à
qui, précisément, nul ne demandait jamais son avis, se sentit flatté et
réfléchit longuement au sens de la question avant de répondre :
    — Ah non, monsieur. Moi-même, que vous
voyez tout à fait exceptionnellement en position si favorable, et cela à ma
grande stupeur, apprenez que je recule depuis que je suis enfant.
    Monsieur de Bois-Brûlé, l’air pénétré, croisa
les bras puis, prenant son menton dans l’une de ses mains puissantes, questionna
avec un air de profonde humanité :
    — Depuis si longtemps ?
    Le Frondeur, ému qu’il se trouvât quelqu’un
qui se préoccupât enfin de lui, baissa légèrement son épée.
    — Depuis toujours, monsieur ! J’ai
reculé devant mon père qui me battait chaque jour, j’ai reculé devant ma femme
qui m’inspire grande terreur en me criant dessus de sa voix forte, et à présent,
je recule devant mon maître, monsieur le maréchal de La Motte-Haudancourt chez
lequel je sers en qualité de laquais mais qui a fait de moi un Frondeur sans me
demander ce que je pensais de la chose !
    Monsieur de Bois-Brûlé hocha gravement la tête.
    — Je vois que pour vous aussi ce monde n’est
que douleur !
    — Assurément, monsieur le Foulard Rouge.
    — Avec cruauté qui n’est point humaine, la
souffrance dispute nos pauvres âmes à la peur et à l’ennui.
    — Comme c’est vrai, monsieur !
    — Voyez-vous, monsieur

Weitere Kostenlose Bücher