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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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seigneurs de Nissac.
    Dans la salle d’armes, en la cheminée de
laquelle grondait un feu de bois de poirier qui parfumait la pièce, Mathilde, en
chemise, haut-de-chausses et bottes, l’épée à la main, affrontait dans un
vingtième assaut consécutif le comte de Nissac qui para son attaque une fois
encore avec une vivacité et une sûreté décourageantes.
    Il sourit.
    — C’est encore et toujours mieux, madame
la baronne !
    — Ne vous moquez point, monsieur le comte.
Je n’ai jamais demandé ce titre.
    Il la regarda avec une certaine gravité, mais
sans baisser l’épée.
    — Il était cependant fait pour vous, quoique
je pense que vous ne le conserverez point longtemps encore. Je ne sais d’où me
vient pareille idée, mais je vous imagine mieux comtesse…
    Il baissa sa garde et ajouta :
    — Comme toutes choses, les titres
devraient se mériter. J’ai vu des ducs s’enfuir à bride abattue devant l’ennemi
quand de simples soldats, qui n’étaient point gentilshommes, faisaient montre d’une
bravoure qui quelquefois changeait l’issue d’une bataille. Quand ces hommes-là
seront généraux par les mérites qui leur reviennent et qui sont étrangers à la
naissance, l’armée de ce pays sera la plus forte du monde.
    Il la sollicita en tapant les dalles du talon
de sa botte.
    Elle reprit sa garde.
    — Madame, les instructeurs du cardinal
vous ont bien enseignée en ces trois années et je vous sens capable de tenir
votre rang face aux Espagnols comme aux Frondeurs. Cependant…
    Il hésita.
    — Cependant ? demanda-t-elle avec
vivacité.
    — Monsieur de Frontignac ne vous a-t-il
rien appris ?
    — Ceci !
    Il para une nouvelle attaque, assez classique
dans la manière mais vive dans l’exécution.
    Il sourit :
    — Je connais ce tour de Frontignac qui
peut en effet surprendre et vous le réussissez tout aussi bien que lui. Voyons
encore… Et monsieur Le Clair de Lafitte, vous montra-t-il quelle botte porter à
un roué adversaire ?
    — Cela !
    Le comte de Nissac para mais recula par jeu en
encourageant Mathilde :
    — Allons, madame, poussez, allongez cette
botte de nouveau !
    — C’est que vous êtes bien affligeant, monsieur,
votre épée est partout à la fois !
    Ils rompirent l’assaut et se regardèrent, étonnés
une fois encore de se trouver réunis en un tel bonheur.
    Après la soirée somptueuse organisée par le
cardinal Mazarin pour fêter le « retour » du comte, celui-ci et
Mathilde s’en étaient allés à Saint-Vaast-La-Hougue. Cependant, l’air désolé, Mazarin
avoua ne pouvoir leur laisser que quelques jours : bientôt, les Foulards
Rouges devraient reprendre attaques et coups de main.
    Le comte s’émerveillait à chaque instant de
Mathilde. Non point qu’elle fût devenue baronne, encore qu’il en fût très
reconnaissant au Premier ministre. Son admiration provenait de l’assiduité de
la jeune femme à des choses auxquelles elle n’entendait rien trois ans
auparavant et où elle excellait aujourd’hui. Mieux encore, demeurant très
féminine, la jeune baronne se montrait l’égale des hommes là où l’on n’attend
point une femme. Craintive devant les chevaux à l’époque où le comte la prenait
sur le devant de sa selle, elle était aujourd’hui cavalière de grande classe, intuitive,
infatigable et cependant économe de sa monture.
    Pareillement, à l’épée, elle tenait sa place
avec fougue, intelligence et détermination. Et au combat, sans doute
valait-elle mieux que bien des officiers d’infanterie.
    Aussi Nissac, qui était homme de bonne foi, songea
qu’un jour peut-être, les femmes égaleraient les hommes en toutes choses, et
que ce serait alors justice.
    Il tapa de nouveau du talon de sa botte. Mathilde
se remit aussitôt en garde, épée haute et une main sur la hanche, à la manière
élégantissime des seigneurs de Nissac.
    — Voyons, madame, ce que vous a appris le
lieutenant Maximilien Fervac, meilleure lame de mes Foulards Rouges mais aussi
des Gardes Françaises !
    Mathilde attaqua avec un mordant qui ne
laissait point deviner l’état de grande fatigue où elle se trouvait.
    Le comte enraya l’attaque mais dut, pour ce
faire, déployer davantage de ressources que les fois précédentes.
    — Bravo, madame !… Le coup était
redoutable et tortueux on ne peut davantage, en quoi je reconnais bien Fervac !
    Il l’observa plus attentivement.
    — Es-tu fatiguée ?
    — À peine.
    — Cette

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