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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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mort tardive. La mort courageuse, la mort lâche.
    â€” Quoi qu’il en soit, il est affaibli. Je vais lui écrire en lui demandant s’il souhaite venir travailler avec moi.
    â€” Vous êtes proche de votre frère   ? demandai-je.
    â€” Nous sommes jumeaux, dit-elle. Nous avons toujours eu un lien très fort. Parfois, quand je pense à lui, c’est comme s’il était là dans la pièce avec moi. Le soir où il a reçu le coup de sabot, je me suis réveillée avec une marque rouge sur la poitrine. Cela doit vous sembler étrange.
    â€” Oui, en effet.
    â€” J’ai dû me donner un coup dans mon sommeil, poursuivit-elle.
    â€” Oh.
    â€” Cet homme, là-haut, c’est vraiment votre frère   ?
    â€” Oui.   »
    Elle dit, «   Vous êtes très différents, tous les deux, hein   ? Il n’est pas méchant, je crois. Peut-être est-il simplement trop fainéant pour être bon.
    â€” Nous ne sommes bons ni l’un ni l’autre, mais il est fainéant, c’est vrai. Enfant, il refusait de se laver, jusqu’à faire pleurer notre mère.
    â€” Comment est-elle, votre mère   ?
    â€” Elle était très intelligente, et très triste.
    â€” Quand est-elle morte   ?
    â€” Elle n’est pas morte.
    â€” Mais vous venez de dire qu’elle était très intelligente.
    â€” Je suppose que je… enfin, pour vous dire la vérité, elle ne veut plus nous voir. Elle n’est pas d’accord avec notre travail, et dit qu’elle ne nous parlera plus tant que nous n’aurons pas trouvé une autre forme d’activité.
    â€” Et que faites-vous, tous les deux   ?
    â€” Nous sommes Eli et Charlie Sisters.
    â€” Oh, dit-elle. Oh, je vois   !
    â€” Mon père est mort. Il a été tué, et il méritait de l’être
    â€” Très bien   », dit-elle en se levant.
    J’attrapai sa main. «   Comment vous appelez-vous   ? J’imagine que vous avez déjà un homme   ? Oui ou non   ?   » Mais déjà elle s’éclipsait vers la porte en déclarant qu’elle n’avait plus une minute à perdre. Je me levai et m’approchai d’elle, lui demandant si je pouvais lui voler un baiser, mais elle affirma à nouveau qu’elle était pressée. J’insistai pour connaître la teneur de ses sentiments à mon égard   ; elle répondit qu’elle ne me connaissait pas assez bien pour pouvoir se prononcer, et admit avoir une préférence pour les hommes minces, ou du moins pour les hommes un peu moins corpulents que moi. Elle ne disait pas cela pour être cruelle, mais ses mots me blessèrent, et après son départ je restai un long moment devant son miroir, à étudier mon profil, la silhouette avec laquelle je traverse ce monde d’hommes et de femmes.

 
    J’évitai Charlie tout l’après-midi et toute la soirée. Je regagnai notre chambre après le dîner et le trouvai endormi, le flacon de morphine vide renversé sur le sol. Le lendemain matin nous prîmes notre petit-déjeuner ensemble, ou, devrais-je dire, il prit son petit-déjeuner, car j’avais décidé d’en finir avec la gloutonnerie, dans le but de réduire la taille de mon abdomen et d’avoir une allure plus acceptable. Charlie était groggy mais de bonne humeur, et voulait que nous nous réconciliions. Pointant son couteau vers mon visage, il demanda, «   Te souviens-tu d’où viennent tes taches de rousseur   ?   »
    Je secouai la tête. Je n’étais pas mûr pour la réconciliation. Je dis, «   Connais-tu les détails de ce duel   ?   »
    Il opina du chef. «   L’un est avocat, et d’après ce qu’on dit, il n’a rien à faire dans ce genre d’affrontement. Il s’appelle Williams. Il est opposé à un palefrenier qui a un passé diabolique, un homme du nom de Stamm. On dit que Stamm va tuer Williams, que ça ne fait pas un pli.
    â€” Mais pourquoi se battent-ils   ?
    â€” Stamm avait engagé Williams pour récupérer le salaire que lui devait un fermier. L’affaire est allée au tribunal et Williams a perdu. Quand le verdict est tombé, Stamm lui a demandé

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