Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
Vom Netzwerk:
appareillage   ; comme je me levai pour lui prêter main-forte, Mayfield me somma, un peu trop sèchement à mon goût, de m’asseoir. «   Laisse-la faire   », dit-il. Elle traîna son dispositif dans un coin éloigné de la pièce, afin que nous pussions examiner l’étrange couleur de la fourrure. La vieille bique s’essuya le front avec sa manche et quitta la pièce d’un pas lourd.
    Je dis, «   Cette femme est trop âgée pour ce genre de tâches.   »
    Mayfield secoua la tête. «   Elle ne s’arrête jamais. J’ai essayé de lui donner des travaux plus simples et plus légers à faire, mais elle ne veut pas en entendre parler. En un mot comme en cent, elle adore s’occuper.
    â€” On ne dirait pas. Mais peut-être s’agit-il d’un plaisir intérieur que les étrangers ne peuvent pas comprendre.
    â€” Je vous conseille de ne plus vous embêter avec ça.
    â€” M’embêter n’est pas exactement l’expression que j’emploierais
    â€” C’est moi que vous embêtez.   »
    Charlie dit, «   Et à propos de la récompense pour cette peau.   »
    Mayfield m’observa un moment, puis se tourna vers Charlie. Il jeta sur la table cinq pièces en or de vingt dollars, que Charlie ramassa avant de m’en tendre deux, que je pris. Je décidai que j’allais dépenser cet argent encore plus à tort et à travers que d’habitude. Que serions-nous, pensai-je, sans ce fardeau de l’argent qui nous pend au cou, qui pend à nos âmes mêmes   ?
    Mayfield soupesa et secoua la troisième clochette, la plus grosse. Cette fois-ci nous entendîmes des pas précipités dans le couloir, et je me préparai à voir les trappeurs faire irruption et se jeter sur nous, quand des filles de joie, au nombre de sept, envahirent la pièce. Elles avaient toutes le visage peinturluré, portaient toutes des tenues affriolantes, et étaient toutes déjà saoules. Elles se mirent à s’exhiber pour nous, jouant tour à tour les curieuses, les attentionnées, les amoureuses, les coquines. L’une d’entre elles trouvait judicieux de parler comme un bébé. Leur présence me déprimait, mais ravissait Charlie, et je constatai que son intérêt pour Mayfield allait grandissant. Je me rendis compte que cet homme était l’incarnation même de l’avenir de Charlie, pour autant qu’il traversât les dangers qui jalonnaient notre existence   ; et il était vrai, comme l’avait souligné le défunt prospecteur, que Charlie et Mayfield se ressemblaient, même si ce dernier était plus vieux, plus corpulent et avait le visage davantage marqué par l’alcool. Autant j’aspirais à la vie tranquille de commerçant, autant Charlie souhaitait continuer à vivre entre passions et violence perpétuelles mais sans plus s’engager personnellement, donnant ses instructions à l’abri d’un rideau de sbires bien armés tandis qu’il se prélasserait dans des chambres au doux parfum où des femmes bien en chair lui verseraient à boire et ramperaient par terre pareilles à d’hystériques nourrissons, le derrière à l’air, frissonnantes de rires, d’eau-de-vie, et de fourberies. Mayfield devait trouver que je ne faisais pas preuve d’un enthousiasme suffisant, car il m’interrogea, dépité   : «   Tu ne les trouves pas à ton goût, ces femmes   ?
    â€” Si, elles sont très bien, merci.
    â€” Peut-être est-ce l’eau-de-vie qui te fait grimacer quand tu parles.
    â€” L’eau-de-vie est parfaite, elle aussi.
    â€” Il y a trop de fumée dans cette pièce, c’est ça   ? Faut-il que j’ouvre une fenêtre   ? Voudrais-tu un ventilateur   ?
    â€” Tout va bien.
    â€” Il est peut-être d’usage, chez toi, de regarder ton hôte de travers.   » En se retournant vers Charlie, il déclara, «   Je dois avouer que je n’ai pas aimé Oregon City la fois où j’y suis allé.
    â€” Que faisiez-vous à Oregon City   ? demanda Charlie.
    â€” Tu sais, je ne me souviens plus vraiment. Dans le temps, j’étais un jeune chien fou et j’allais d’une idée à l’autre sans vraiment

Weitere Kostenlose Bücher