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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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voulait seulement me faire part d’un secret. «   J’ai entendu ce trappeur et les autres parler de vous et de votre frère. Ils ourdissent un plan contre vous. Je n’ai pu comprendre exactement de quoi il s’agissait, mais tous les soirs ils boivent, et ce soir ils n’ont pas touché une goutte. Vous devriez prendre garde.
    â€” J’ai trop bu pour ça.
    â€” Dans ce cas, vous devriez retourner à la fête. Rester près de Mayfield est ce que vous avez de mieux à faire, je crois.
    â€” Non, je ne resterai pas une minute de plus là-dedans. Je ne veux qu’une chose, c’est dormir.
    â€” Quelle chambre Mayfield vous a-t-il choisie   ?
    â€” Aucune pour le moment.
    â€” Je vais vous trouver un endroit sûr   », dit-elle en m’entraînant à l’extrême bout du couloir, où elle ouvrit une porte avec une clé qu’elle sortit de sa poche. Elle agissait avec précaution pour ne pas faire le moindre bruit, et je me surpris à adopter un comportement similaire. Nous pénétrâmes dans la pièce sombre, et elle ferma la porte derrière nous. Elle me poussa contre un mur et m’ordonna de rester immobile pendant qu’elle cherchait une bougie. Je ne pouvais pas la voir, mais j’entendais ses mouvements, ses pas, ses mains qui fouillaient dans des tiroirs et qui parcouraient des dessus de table   ; j’aimais la sentir proche de moi, et l’entendre s’affairer, sans savoir ce qu’elle faisait. Je décidai alors que j’avais de l’affection pour elle   ; j’étais flatté par l’attention qu’elle m’accordait, et songeai qu’il ne fallait guère plus pour me rendre heureux.
    Elle alluma une bougie et ouvrit les rideaux, laissant pénétrer la lumière de la lune. C’était une chambre d’hôtel typique, si ce n’est qu’elle était poussiéreuse et qu’elle sentait le renfermé. Elle m’expliqua, «   Cette chambre est toujours vide car la clé a été égarée, et Mayfield est trop flemmard pour faire venir un serrurier. Sauf que la clé n’a pas été perdue, c’est moi qui l’ai prise. Je viens ici parfois quand j’ai envie d’être seule.   »
    Je hochai la tête poliment et dis, «   Oui, eh bien, il me semble évident que vous êtes amoureuse de moi.
    â€” Non, dit-elle en rougissant. Ce n’est pas ça.
    â€” Je le vois bien. Désespérément amoureuse, et incapable de lutter contre. Vous ne devriez pas vous en vouloir, cela s’est déjà produit auparavant. Il semblerait que je ne puisse pas sortir dans la rue sans qu’une femme ne vienne à ma rencontre, les yeux enflammés de passion et de désir.   » Je me jetai sur le petit lit et roulai sur le matelas. La femme me trouvait amusant mais cela ne l’empêcha pas de se diriger vers la porte. Je continuai à gigoter, et le lit émit des grincements plaintifs. Elle me dit, «   Vous feriez mieux d’arrêter. La chambre des trappeurs est juste en dessous de nous.
    â€” Oh, arrêtez de parler d’eux. Je m’en moque, et ils ne peuvent rien contre moi.
    â€” Mais ce sont des tueurs, chuchota-t-elle.
    â€” Moi aussi, chuchotai-je en retour.
    â€” Comment ça   ?   »
    Quelque chose dans son regard, sa pâleur ou son manque d’assurance, me rendit fou, et une sorte de cruauté ou d’instinct animal s’empara de moi. Je me levai, et criai, «   La mort nous traque tous, mortels que nous sommes   !   » Ces mots sortaient de je ne sais où, et ils m’inspirèrent prodigieusement. Je m’écartai du lit en titubant, pris mon pistolet, et tirai un coup de feu dans le plancher. La détonation fut assourdissante   ; le son résonna entre les murs, et la chambre s’emplit de fumée   ; horrifiée, la femme tourna les talons et me quitta en fermant à clé derrière elle. J’avançai à sa suite, repoussai le verrou et rouvris la porte en grand, puis m’assis sur le lit, pistolets à la main, chargés et pointés vers l’entrée de la chambre. Mon cœur battait la chamade et je me tenais prêt à un combat de tous les diables, mais au bout de cinq minutes mes paupières devinrent lourdes. Au

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