Les Frères Sisters
indice  ?
â Il a toujours parlé de suivre la rivière en remontant le courant, jusquâà la source.
â La rivière où il a son placer, vous voulez dire  ?
â Exactement.
â Pourquoi nâêtes-vous pas allé là -bas  ?
â En le suivant  ? Et après  ? Mâimposer de force  ? Non, sâil avait voulu que je vienne, il serait venu me chercher. Il a décidé de tenter lâaventure avec lâautre.  »
Charlie trouvait lâattitude du propriétaire désagréable. «  Mais que faites-vous de lâaccord que vous aviez passé avec lui  ? demanda-t-il. Et lâor  ?
â Je me moque de la richesse, répondit le propriétaire. Je ne sais pas pourquoi. Je devrais y faire plus attention. Non, je me faisais une joie de partir à lâaventure avec un ami. Câest tout. Je pensais que Warm et moi, nous étions proches.  »
à ces mots, mon frère prit une expression de dégoût. Il boutonna son manteau et se retira au comptoir pour prendre un verre. Je restai à observer lâhomme perdre un dollar avec la femme, puis un autre.
«  Câest dur de trouver un ami, dis-je.
â Câest la chose la plus difficile au monde, approuva-t-il. Encore  », dit-il à la femme. Mais de toute évidence, il commençait à fatiguer. Je mâéloignai. Mon frère avait bu une eau-de-vie et mâattendait dehors. Nous nous dirigeâmes vers lâhôtel de Morris, et passâmes devant lâécurie où nous avions laissé Tub et Nimble. Le palefrenier mâaperçut et me héla  : «  Câest votre cheval  », dit-il en me faisant signe dâentrer. Charlie dit quâil allait faire un tour, et quâil reviendrait dans une demi-heure  ; nous nous séparâmes.
Â
Jâentrai dans lâécurie et trouvai le palefrenier, un homme en salopette, chauve, voûté avec les jambes arquées et le visage couvert de taches de rousseur, en train dâinspecter lâÅil de Tub. Je mâapprochai de lui et il me salua dâun signe de tête en disant, «  Il a une personnalité vraiment attachante, celui-là .
â Que pensez-vous de cet Åil  ?
â Câest de ça que je voulais vous parler. Il va falloir lâenlever.  » Pointant le doigt, il ajouta, «  à deux pas dâici il y a un médecin vétérinaire.  » Je demandai combien allait coûter lâintervention et il me répondit, «  Je dirais dans les vingt-cinq dollars. à confirmer avec lâhomme lui-même, mais je crois que ce sera dans ces eaux-là .
â Le cheval lui-même ne vaut pas vingt-cinq dollars. Un Åil ne devrait pas mâen compter plus de cinq, je pense.
â Je pourrais lâenlever, pour cinq dollars, dit-il.
â Vous  ? Vous lâavez déjà fait  ?
â Je lâai vu faire sur une vache.
â Et vous feriez ça où  ?
â Par terre dans lâécurie. Je lui donnerai du laudanum  ; il ne sentira rien.
â Mais comment allez-vous enlever lâÅil, concrètement  ?
â Avec une cuillère.
â Une cuillère  ? dis-je.
â Une cuillère à soupe, acquiesça-t-il. Stérilisée, bien entendu. Déloger lâÅil, et couper les tendons avec des ciseaux  ; câest ainsi que cela sâest passé, avec la vache. Ensuite le doc a rempli lâorbite de lâÅil avec de lâalcool. Ãa a bougrement réveillé la vache  ! Le doc a dit quâil ne lui avait pas donné assez de laudanum. Jâen donnerai plein à votre cheval.  »
Je caressai la tête de Tub, et dis, «  Il nây a pas de remède que je pourrais lui donner à la place  ? Il a assez souffert comme ça  ; on ne va pas le rendre en plus à moitié aveugle.
â Un cheval borgne nâest pas dâune grande utilité pour un cavalier, concéda le palefrenier. La meilleure solution serait peut-être de le vendre pour le faire abattre. Et jâai des chevaux à vendre derrière. Vous voulez les voir  ? Je pourrais vous faire un bon prix.
â Allons-y avec lâÅil. Nous nâallons plus très loin et il pourra
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