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Les galères de l'orfêvre

Les galères de l'orfêvre

Titel: Les galères de l'orfêvre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Christophe Duchon-Doris
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saunier à s’échapper. Nous avons recueilli plus de vingt témoignages qui confirment ce fait. De tels agissements vous vaudraient la peine de mort si Sa Majesté, promptement avertie, n’avait aussitôt commué cette sanction en celle des galères à perpétuité.
    Il brandissait un papier portant le sceau du roi.
    — Vous n’allez pas me faire croire que le roi, dans la nuit, a pris la peine de…
    — Il me fait entièrement confiance. Il ignore jusqu’à votre nom. Il a signé les deux documents, il y a de cela quelques jours, sans me demander la moindre explication.
    — Le second document ?
    — Celui de votre réhabilitation, ordonnant votre libération et, en dédommagement de l’erreur judiciaire dont vous avez été victime, vous attribuant une récompense en argent et une autre sous forme de charge.
    Une bûche s’écroula dans le feu, libérant des flammes violettes qui dansèrent un instant jusque sur le tapis. M. de Montmor se saisit du tisonnier et fourragea dans l’âtre. Guillaume suivit chacun de ses mouvements.
    — Un refus de votre part nous navrerait, ajouta M. de Montmor. Et, en vérité, il nous mettrait dans l’embarras. Vous en savez désormais assez pour faire échouer nos plans et, nonobstant vos états de service et la confiance absolue que nous avons en vous, nous ne pourrions prendre le risque, eu égard aux intérêts du royaume qui sont en jeu, de vous laisser vaquer à vos occupations.
    Le piège s’était refermé, il le savait. Il n’avait pas d’autre choix que d’accepter et de mener cette tâche le plus efficacement possible. Il songea soudainement à Delphine. En ne le voyant pas revenir, elle s’alarmerait. Elle était femme à remuer ciel et terre pour le retrouver. Et ces messieurs ne mettraient pas longtemps à comprendre qu’elle en savait suffisamment pour être elle aussi une menace. Mon Dieu, pensa-t-il, comment la protéger ?
    — Eh bien, monsieur ? demanda M. de Chabas.
    — Doutez-vous de ma réponse ? dit Guillaume d’un ton décidé. Je n’ai jamais refusé de servir mon roi. Sa Majesté me veut aux galères ? J’irai sans sourciller. M’accorderez-vous toutefois une faveur ? Je m’inquiète pour ma jeune épouse. Elle est si impulsive, si passionnée. Je ne donnerai le meilleur de moi-même que si je la sais rassurée et seulement si je suis persuadé de sa sécurité et de sa bonne santé.
    Les deux hommes échangèrent des regards furtifs. Bien sûr, ils étaient en mesure de contraindre ce M. de Lautaret mais ils savaient l’un et l’autre que la mission n’avait pas de chance de réussir sans le concours actif de ce dernier.
    — Nous l’informerons, dit M. de Chabas, et nous la mettrons en lieu sûr. Vous avez nos paroles de gentilshommes.
    Le propos avait un double sens qui n’avait rien de rassurant. Guillaume ne broncha pas. Il continuait à regarder ses interlocuteurs en se lissant la moustache. Il voulait davantage. M. de Montmor émit un petit rire.
    — Madame votre épouse me ferait un grand honneur, dit-il en accentuant sa mine de chat, si, le temps de votre mission, elle consentait à disposer d’une partie de mes appartements de la maison du roi, à l’arsenal des galères de Marseille. Elle y serait accueillie selon sa qualité et vous pourriez, à l’occasion, vous assurer de visu de sa santé et de sa protection.
    M. de Chabas parut surpris de cette proposition. Mais sans doute l’analysa-t-il sous toutes ses facettes car son visage s’éclaira et il opina de la tête. N’était-ce pas le meilleur moyen de satisfaire aux exigences de M. de Lautaret tout en s’assurant du silence de l’épouse ? Guillaume s’inclina à son tour. Certes, il condamnait Delphine à une autre prison mais il n’avait pas le choix : eu égard aux circonstances, c’était même une proposition inespérée.
    M. de Chabas tira sur un cordon.
    — Bonne chance, monsieur, dit-il en étouffant un commencement de toux.
    Le sergent, encadré par ses archers, réapparut dans l’embrasure de la porte.
    — Raccompagnez le prisonnier, dit-il.
    Au moment où Guillaume allait franchir le seuil de la pièce, il ajouta encore :
    — Pour votre sécurité, monsieur, pour que nul ne vous soupçonne, nous ne pouvons faire l’économie de ce qui va se passer maintenant. Veuillez nous en excuser.
    Guillaume ne tarda pas à comprendre le sens de ces dernières paroles. Une fois dans la cour, les archers le conduisirent dans un

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