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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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France, dans cette affaire, lui rendait sa fille et lui prenait sa femme…
    Dès qu’il fut en mesure de prononcer deux paroles cohérentes, il réunit son conseil et déclara solennellement que le mariage célébré à Langeais était irrégulier et que, d’ailleurs, le roi de France avait enlevé et violé la petite duchesse.
    On lui répondit que six bourgeois rennais étaient là pour affirmer qu’il n’y avait pas eu rapt ; mais l’Autrichien ne voulut pas en démordre et continua de croire qu’il était duc de Bretagne.
    Cela tourna bientôt à l’idée fixe. Il ne pouvait pas rencontrer quelqu’un sans lui dire immédiatement :
    — Vous savez, je suis marié à Anne de Bretagne. C’est moi le vrai mari. Charles VIII n’est qu’un voleur et un adultère…
    Sans doute, avec ces propos, ennuyait-il fort les personnes qui vivaient à sa Cour : mais il intéressait beaucoup les autres souverains d’Europe, lesquels avaient vu d’un très mauvais œil le roi de France rattacher la Bretagne à son domaine.
    — Quelle puissante monarchie que celle de la France ! s’était écrié Laurent de Médicis.
    — Et combien redoutable, maintenant, avait ajouté Ferdinand d’Espagne.
    Quant à Henry VII d’Angleterre, s’il n’avait rien dit, c’est que son tempérament ne le poussait pas aux discours ; mais il n’en pensait pas moins…
    L’attitude de Maximilien rendit l’espoir à tous ces souverains affligés.
    Faisant cause commune avec lui, ils décidèrent de déclarer la guerre à ce roi de France qui enlevait les femmes mariées avec tant de désinvolture. Naturellement, l’Angleterre prit la tête du mouvement.
    Alors, Anne de Beaujeu, qui était encore régente à cette époque, eut une idée fort amusante pour se débarrasser de Henry VII, et, par conséquent, pour détruire la coalition.
    Voici comment elle s’y prit :
    Il existait alors en Angleterre un personnage curieux qui s’appelait Perkins Warbeck. Il était né des relations suivies d’Édouard IV avec une jeune femme du peuple. Ne pouvant, bien entendu, prétendre à la couronne, puisqu’il était bâtard, Perkins avait eu l’idée d’utiliser la ressemblance étonnante qu’il présentait avec le duc d’York, assassiné à la Tour de Londres, pour… créer un précédent à Naundorff…
    — Je suis le duc d’York, disait-il. Je me suis échappé de la Tour de Londres au moment où j’allais être livré aux bourreaux. Je revendique donc la couronne d’Angleterre. Henry VII n’est qu’un usurpateur…
    Il avait eu rapidement des milliers de partisans.
    Anne de Beaujeu convia Perkins à Paris et le reçut magnifiquement. Pendant plusieurs jours, elle l’invita à sa table, le choya et lui fit rendre les honneurs dus à un roi.
    Henry VII fut saisi d’inquiétude.
    Le fait que la France, dont la puissance était considérable, parût accorder son soutien à cet imposteur pouvait avoir, en effet, des conséquences incalculables. Le roi d’Angleterre le comprit immédiatement, et, voulant amadouer la régente, il rappela sans tarder ses troupes, qui assiégeaient pour lors Boulogne. Puis, délaissant Maximilien, il reconnut, par le traité d’Étaples, Charles VIII comme mari véritable d’Anne de Bretagne…
    La partie était gagnée, grâce à un bâtard anglais beau comme tous les enfants de l’amour…
     
    Pendant ce temps, la petite Marguerite d’Autriche était toujours en France. Installée à Melun, puis à Meaux, elle vivait tristement, malgré les égards qu’on lui montrait.
    Sa captivité dorée dura un an et demi. En mai 1493, enfin, les hostilités entre Maximilien et la France ayant cessé, Charles VIII voulut bien que sa « petite fiancée » retournât en Autriche.
    Marguerite quitta Meaux le 13 juin. Au moment du départ, Anne de Bretagne vint lui adresser de bonnes paroles fort affectueuses et lui fit cadeau de bijoux, d’une splendide toilette de voyage, de tout un trousseau et d’une coiffe qu’elle avait fait broder par Jeanne de Jambe, dame de Beaumont, la plus habile de ses filles d’honneur.
    Marguerite remercia ; mais toute la gentillesse de la reine ne pouvait lui faire oublier le camouflet qu’elle avait reçu. Son regard, d’ailleurs, était plein de haine pour ce roi qui l’avait dédaignée, pour cette reine qui avait pris sa place et pour ce peuple qui l’avait laissé répudier sans protester.
    Une escorte de seigneurs l’accompagna jusqu’à

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