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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Arrivé devant la herse, il se fit reconnaître des sentinelles effarées et demanda où était le roi d’Angleterre, son frère.
    Tremblants d’émotion, et croyant à un coup de force, les archers répondirent que Henry dormait encore.
    — Où est sa chambre ?
    Un garde lui indiqua l’appartement privé du souverain, et François s’en alla, seul, à travers les couloirs interminables, jusqu’à une salle d’où s’échappait un énorme ronflement.
    Là, dans un grand lit, Henry VIII dormait avec un air confiant. François le considéra un moment en souriant, puis il le tira doucement par la manche de son vêtement de nuit. Henry s’éveilla et eut un moment d’épouvante en reconnaissant le roi de France. Se dressant dans son lit, il chercha des yeux une épée, mais l’attitude de François le rassura bientôt, et il soupira :
    — Mon frère, vous m’avez fait meilleur tour que jamais homme fit à l’autre et me montrez la grande confiance que je dois avoir en vous ; et de moi, je me rends votre prisonnier dès cette heure et vous baille ma foi.
    Et, pour montrer qu’il savait comprendre la plaisanterie, il défit de son cou un collier d’une valeur de quinze mille angelots et l’offrit à François I er . Mais le roi de France, conseillé par M me  de Châteaubriant, avait tout prévu, même ce geste, et il tira de sa poche un bracelet qui valait plus de trente mille angelots.
    — Il est à vous, mon frère. C’est pour vous l’offrir que je suis venu ce matin.
    Henry VIII, une fois de plus, était dépassé par la générosité de François.
    Hélas ! tout ce déploiement de richesses ne devait être d’aucune utilité.
    Au contraire.

12
    Une bataille de femmes nous fait perdre Milan
    Quand vous laissez deux femmes ensemble, il est bien rare qu’elles ne provoquent pas une catastrophe…
     
    J.-J. Rousseau
     
    Quand François I er et Henry VIII en eurent assez de jouer à la paume, d’échanger leurs vêtements et de lutter ensemble à mains plates, ils décidèrent de se quitter.
    Ce qui réjouit fort les personnes prudes qui se trouvaient là par la nécessité du devoir, car le Camp du Drap d’Or était en train de devenir un très mauvais lieu. Toutes les demoiselles d’honneur de Louise de Savoie et de la reine Claude avaient, en effet, pris l’habitude, à la nuit tombée, de retrouver les seigneurs britanniques « sous des buissons hospitaliers », cependant que, dans un autre coin de la prairie, les dames anglaises venaient s’allonger sur le trèfle en compagnie de capitaines français.
    Et à longueur de nuit, tandis que le vent du large faisait frissonner les jupes haut retroussées et les corsages largement délacés, des centaines de petits pactes franco-anglais étaient ainsi conclus dans l’herbe de l’été.
     
    Le 24 juin 1520, après dix-sept jours de cette vie extraordinaire, les deux souverains se dirent adieu. Et François I er , accompagné de M me  de Châteaubriant, se dirigea au petit trot vers Amboise. Persuadés que le roi anglais s’en retournerait chez lui émerveillé et prêt à conclure une alliance avec le « très riche royaume françois », ils avaient cet air satisfait, ironique et un tantinet méprisant des gens qui viennent d’épater leurs invités en leur servant le caviar dans des soupières…
    Or cette magnificence, ce faste, cette générosité avaient eu un effet déplorable sur Henry VIII. Blessé dans son amour-propre, le roi d’Angleterre ne décolérait pas depuis le départ de François. Il rudoyait les membres de sa suite, les marins qui attendaient le vent favorable pour traverser la Manche, et jusqu’aux maîtresses qui peuplaient son lit. Les malheureuses, qui avaient espéré être à l’honneur en venant au Camp du Drap d’Or, n’étaient plus qu’à la peine. D’un coup de poing, elles se trouvaient allongées sur le tapis et fort brutalement conduites au bonheur. Certaines furent grièvement blessées « pendant le déduit » et même, nous dit un chroniqueur, « privées de l’usage de leur écrevisse, pour de nombreuses semaines ». C’était, en effet, avec une espèce de rage que le roi Henry prenait son plaisir…
     
    C’est à ce moment que le nouvel empereur Charles Quint vint à Gravelines rendre visite au roi d’Angleterre. Charles était malin. Il arriva en petit appareil, mal vêtu, l’air humble, comme un client.
    Cette attitude plut beaucoup à Henry VIII. Elle lui

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