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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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fit oublier l’humiliation qu’il avait subie dans la plaine d’Ardres, et il en sut gré à Charles Quint.
    Trois jours plus tard, une alliance était conclue entre les deux souverains.
    Lorsqu’il apprit cette nouvelle, François I er fut un moment agacé. Puis il alla oublier les soucis de la politique dans une chambre admirablement agencée pour l’amour, où Françoise aimait à l’attendre aux environs de quatre heures du soir…
    C’était leur petit goûter.
     
    Si François I er et M me  de Châteaubriant oublièrent philosophiquement l’échec du Camp du Drap d’Or, Louise de Savoie ne prit pas aussi bien la chose. Sachant que cet étalage de luxe inutile avait vidé la caisse de l’État et que la France s’était, en somme, ruinée pour rien, sa haine pour la favorite, qu’elle tenait pour responsable de ces folles dépenses, s’en trouva accrue.
    Depuis longtemps, elle cherchait à séparer de son fils cette femme qu’elle jalousait comme une rivale. Cette fois, elle pensa qu’il était grand temps d’agir ; mais, connaissant le caractère de François, il lui sembla adroit de ne pas attaquer franchement la favorite. Elle préféra utiliser les moyens sournois et essaya, tout d’abord, de perdre Françoise dans l’esprit du roi en l’accusant d’être devenue la maîtresse de l’amiral de Bonnivet.
    Ce qui était vrai, d’ailleurs. En effet, depuis quelque temps, l’amiral, ayant ajouté la favorite sur la liste de ses conquêtes, faisait cocu son bon ami le roi. Liaison fort périlleuse qui le conduisit à se trouver dans une humiliante situation ainsi que nous le conte plaisamment Brantôme.
    Un soir que M me  de Châteaubriant recevait dans son lit le galant amiral, François I er vint frapper à sa porte.
    Affolée, la favorite cria :
    — Un petit moment, je vous prie !
    Car elle n’osa pas dire le mot des courtisanes de Rome : Non si puô, la signora è accompagnata [73] .
    Alors, raconte Brantôme :
    « Ce fut à s’aviser là où son amant se cacheroit pour plus grande sécurité. Par bonheur, c’estoit en été, et l’on avoit mis des branches et feuilles en la cheminée ainsi qu’il est de coutume en France. Par quoy luy conseilla et l’avisa aussitôt de se jeter dans la cheminée, et se cacher dans ces feuillards tout en chemise, que bien le servit de quoy ce n’estoit en hiver.
    « Après que le roy eut fait sa besogne avec la dame, voulut faire de l’eau ; et, se lavant, la vint faire dans la cheminée, par faute d’autre commodité ; dont il en eut si grande envie qu’il en arrosa le pauvre amoureux plus que si on luy eût jeté un seau d’eau, car il l’en arrosa en forme de chantefleure de jardin, de tous côtés, voire et sur le visage, par les yeux, par le nez, la bouche et partout ; possible en échappa-t-il quelques gouttes dans la gueule.
    « Je vous laisse à penser en quelle peine estoit le gentilhomme, car il n’osoit se remuer, et quelle patience et constance tout ensemble ! Le roy, ayant fait, s’en alla, prit congé de la dame et sortit de la chambre. La dame fit fermer par-derrière et appela son serviteur dans son lit, réchauffa de son feu, luy fit prendre chemise blanche ! Ce ne fut pas sans rire, après la grande appréhension : car, s’il eût été découvert, et luy et elle estoient en très grand danger. »
     
    Bien entendu, les bruits répandus par Louise de Savoie vinrent aux oreilles du roi. Croyant qu’il s’agissait de calomnies, il tint à montrer publiquement qu’il n’en croyait rien. Un soir, il dit en souriant aux courtisans qui l’entouraient :
    — Cette Cour ne serait-elle point ce que je pense ? On s’étonne, paraît-il, en cachette des hommages que mon ami l’amiral de Bonnivet rend à M me  de Châteaubriant. J’espère qu’on m’a trompé, car moi je m’étonnerais plutôt que toute la Cour ne fût pas aux pieds de cette dame…
    Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir… M me  d’Angoulême n’insista pas. D’ailleurs, elle eut bientôt un sujet de tourment qui l’empêcha de penser, pendant quelque temps, à M me  de Châteaubriant. Le 6 janvier 1521, jour de l’Épiphanie, François I er dînait chez elle, à Romorantin, quand il apprit que le comte de Saint-Pol, qui tirait les rois en son hôtel, venait de trouver la fève. Il feignit une grande indignation :
    — Un rival à la couronne ! dit-il. Allons le détrôner…
    Et, sans même

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