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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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extraordinaire n’est cité par aucun contemporain ; or il eût frappé, je crois, ceux qui entouraient l’échafaud…
    Il faut donc tenir l’anecdote pour indiscutablement fausse. Mais les légendes ont la vie dure, et, pour pouvoir prétendre que François I er avait été l’amant de Diane, des historiens ont présenté pendant bien longtemps des lettres passionnées écrites au roi par une femme…
    — Cette femme, disaient-ils, c’est Diane ! Les experts en écriture sont formels.
    Ils avaient tort d’être aussi catégoriques, car il s’agissait d’une grossière erreur ; et Guiffrey a démontré par simple comparaison des graphies que l’auteur des lettres était M me  de Châteaubriant…
    Il ne reste donc plus le moindre doute, et tous les historiens sont d’accord aujourd’hui pour affirmer que Diane de Poitiers n’a jamais été la maîtresse de François I er .
    C’est donc en femme honnête, si j’ose dire, qu’elle entra dans le lit du dauphin…
     
    La duchesse d’Étampes fut la première à soupçonner ce qui se passait entre le dauphin et la grande sénéchale. Elle se livra à une enquête discrète et acquit bientôt la certitude que la vertueuse chasseresse, ayant, si j’ose dire, plus d’une corde à son arc, faisait les belles nuits de l’héritier du trône. Elle en fut stupéfaite, ulcérée et inquiète.
    Ainsi donc, Diane, qu’elle haïssait en silence depuis le fameux concours de beauté qui les avait naguère opposées, devenait brusquement sa future remplaçante – autant dire sa rivale.
    Le dauphin lui importait peu, et elle eût accepté de voir n’importe quelle maîtresse dans le lit du prince Henri ; mais que le destin eût choisi précisément la femme à qui elle devait le plus cuisant affront de son existence, la mit dans un état de nervosité dont s’alarma François I er .
    Enfermée dans sa chambre, elle rumina sa colère, cherchant un moyen de se débarrasser à tout jamais de la grande sénéchale. La satire lui parut être une bonne arme et elle décida de faire fuir son ennemie sous les quolibets et les sarcasmes de la Cour…
    Dès le lendemain, Anne avait préparé son plan. Elle convoqua un de ses protégés, le poète champenois Jean Voulté, et lui demanda de composer des vers ironiques et cruels contre la maîtresse du dauphin.
    Certain d’être bien payé, le poète se mit aussitôt au travail et rima en latin des épigrammes fort injurieuses qui furent rapidement connues de toute la Cour. Dans ces vers, Jean Voulté accusait grossièrement – et faussement – Diane de Poitiers de farder son visage de blanc et de rouge, de porter des dents artificielles et même des cheveux d’emprunt…
    La grande sénéchale riposta sans tarder, en faisant sournoisement courir des bruits fâcheux sur la fidélité de la favorite.
    La guerre entre les deux dames était déclarée.
    Se voyant découverte, la duchesse d’Étampes mit bas le masque et attaqua ouvertement sa rivale, la traitant en public de vieille édentée, de vieille ridée , et racontant, en riant très fort, « qu’elle était née le jour du mariage de la grande sénéchale ». Ce qui était faux, car les deux femmes n’avaient que sept ans de différence.
    Alors, Diane lança de nouvelles accusations beaucoup plus précises cette fois, avec l’espoir que le roi en serait ému. Et l’on murmura que l’ardente favorite « avait souventes fois compté les solives en compagnie du sire de Dampierre, du comte de la Mirandole, de Clément Marot et de quelques autres seigneurs ; oultre ceux-ci, ils estoient bien dix et plus à la Cour qui eussent pu affirmer, sans pécher, lui avoir touché le brimborion… »
    Or, si M me  d’Étampes mentait lorsqu’elle traitait Diane de vieille ridée, celle-ci n’avait pas tout à fait tort en prétendant que la favorite trompait le roi.
    Mais François I er était trop attaché à la blonde duchesse pour qu’une rupture fût possible, même sous l’empire de la jalousie. Une anecdote le prouvera. Un jour que le souverain était à la chasse, la favorite posta la demoiselle Renée des Colliers à l’œil-de-bœuf du corridor.
    — Dès que le roi entrera dans la cour, lui dit M me  d’Étampes, venez frapper à la porte de ma chambre.
    Bien entendu, la demoiselle s’endormit, et François I er , pénétrant chez sa maîtresse, trouva celle-ci couchée avec le jeune Christian de Nançay. Les accusations de la grande

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