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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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sénéchale se trouvaient donc brusquement vérifiées.
    Durant quelques secondes, la duchesse d’Étampes se crut perdue.
    Le roi comprit qu’un scandale l’obligerait à chasser l’infidèle. Il préféra faire semblant de ne pas la reconnaître.
    — Que cette femme se lève ! dit-il simplement. Et vous, Monsieur, qui osez entretenir ici des intrigues avec une suivante de M me  d’Étampes , allez réfléchir en prison sur l’inconvenance d’une pareille conduite.
    Puis il sortit, très pâle.
    Diane de Poitiers n’avait donc aucune chance de séparer le roi de sa maîtresse. D’ailleurs, pour montrer qu’il ne faisait aucun cas des accusations lancées par la grande sénéchale, François I er , à quelque temps de là, se fit accompagner de M me  d’Étampes pour aller rendre visite au pape…
     
    La lutte entre les favorites devint si farouche que deux camps se formèrent bientôt à la Cour. On oublia la guerre contre l’empereur pour se ranger derrière la fringante duchesse d’Étampes ou aux côtés de l’altière grande sénéchale.
    Il y eut le parti du dauphin et celui du roi. François I er et son fils se trouvèrent donc divisés à cause de leurs maîtresses au moment précis où Charles Quint regroupait de nouvelles forces contre la France…
    Autour du roi et de M me  d’Étampes, il y avait Marguerite d’Angoulême, sœur de François I er , du Bellay, l’amiral de Brion et quelques seigneurs favorables aux idées lancées par Luther. Autour du dauphin et de Diane de Poitiers, il y avait la reine Éléonore, le Grand Maître Anne de Montmorency, les princes de Lorraine et, aussi étrange que cela puisse paraître, la dauphine Catherine de Médicis qui se montrait douce, gentille et prévenante pour la maîtresse de son mari.
    La Florentine, cachant, avec une force de caractère peu commune, la jalousie qui la torturait, souriait à Diane et à ses amis. Mais, déjà, des idées de vengeance commençaient à lui venir… Et, peu à peu, l’amertume et la haine lui façonnèrent l’une des âmes les plus noires qui aient jamais habité un corps humain…
    Une étrange histoire allait, d’ailleurs, lui fournir un exemple dont elle ne manquerait pas de s’inspirer un jour.
    Au mois d’octobre 1537, alors que la Cour vivait dans une atmosphère de guerre froide, une nouvelle vint surprendre tout le monde : M me  de Châteaubriant était morte.
    L’ex-favorite disparaissait à quarante-trois ans, ayant conservé jusqu’au dernier jour son éclatante beauté. Le roi fut bouleversé. Montant à cheval, il fila d’une traite jusqu’à Châteaubriant pour n’incliner devant la tombe fraîchement close de son ancienne « mye ».
    Rentré à Fontainebleau, il se désintéressa un moment de la querelle des « dames » et « se consacra à sa peine », nous dit un historien du temps. Il composa même un poème fort mélancolique qui se terminait par :
     
    L’âme est en haut, du beau corps c’en est fait
    Icy dessous .
     
    Pendant ce temps, Clément Marot rimait pour la belle Françoise une épitaphe dont le dernier vers mériterait d’être inscrit sur le tombeau de toutes les favorites du monde :
     
    Ci gît un rien, là où tout triompha .
     
    Ce vers fut commenté comme il se doit, puis la Cour oublia M me  de Châteaubriant pour reprendre ses intrigues.
    C’est à peine si quelques facétieux clignèrent de l’œil lorsque le sire de Châteaubriant, dix jours après la mort de sa femme, réussit à se faire donner par le roi les lettres lui concédant « la jouissance des revenus des terres et seigneuries de Rhuys et Suscinio, pour en user comme en jouissait M me  de Châteaubriant, sa femme, récemment décédée ».
    Tout le monde, en effet, trouva normal que le gouverneur de Bretagne profitât des cadeaux reçus par sa femme « pour ce que le roi accointait icelle et le faisoit cocu… ».
    Or, trois mois plus tard, en janvier 1538, un bruit colporté par des Bretons stupéfia la Cour : M me  de Châteaubriant n’était pas morte de mort naturelle, elle avait été assassinée par son mari…
    Ces braves gens racontaient une histoire horrible. À les entendre, Jean de Laval avait dissimulé sa jalousie pendant des années, feignant l’indifférence ou la cupidité : puis au début de 1537, sachant que le roi, pris définitivement par M me  d’Étampes, ne pouvait plus protéger Françoise, il avait résolu de se venger.
    Après

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