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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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homme, dont les muscles des épaules et du dos étaient douloureux. Ça ira mieux dans quelques jours.
    — Je vais, moi aussi, avoir besoin d’exercice. L’entraînement à l’épée n’est guère aisé sur ce pont mouvant. Pourtant, que diriez-vous de reprendre nos séances ?
    — Je suis d’accord.
    Ils se turent, contemplant les colporteurs et les petites marchandes de pâtisseries qui s’agglutinaient autour des passagers du knörr. Le jeune moine de Savigny, frère Dreu, était descendu à terre, lui aussi, et s’était arrêté près des étals. Quelques instants plus tard, il se dissimulait derrière des ballots de marchandises pour dévorer des beignets en buvant de l’hydromel.
    — N’est-ce pas lui qui nous parlait des vertus du jeûne aux Ecrehou ? Il est remonté à bord avec une écuelle si peu remplie que l’on avait peine pour lui. Me voilà rassuré pour sa santé, déclara Hugues avec un sourire amusé.
    Les yeux de l’Oriental s’étaient plissés.
    — Tiens, j’ai déjà vu celui-là.
    Il lui avait semblé reconnaître un homme aperçu à Barfleur. Un solide gaillard qui boitait bas. À l’autre extrémité du quai venait d’accoster un bateau à la coque et à la voile vert pâle, plus petit que l’esnèque, mais, comme elle, taillé pour la vitesse et la haute mer.
    — Vous m’accompagnez à terre ? demanda Hugues.
    — Avec plaisir.
    Le jeune homme hésita.
    Alors qu’il ramait, son esprit était revenu vers Bar-fleur.
    — Vous vouliez me dire autre chose, remarqua l’Oriental.
    — Oui, je crois que le prévôt s’est trompé. La bête n’est pas à bord.
    — J’aimerais que vous ayez raison, Tancrède, mais à mon avis, il est trop tôt pour le dire. J’ai connu là-bas, dans les Pouilles, un homme, un berger, qui s’en prenait aux bêtes et aux enfants. Il n’y avait rien de commun entre sa façon de penser, de ressentir et la nôtre. J’ai pu parler avec lui avant que les villageois ne le mettent à mort et, croyez-moi, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui soit aussi étranger à notre nature que celui-là... Sauf peut-être les guerriers fauves.
    — Vous voulez dire que le tueur n’a peut-être eu ni le temps ni l’envie de frapper ?
    — Les navires ne recèlent que peu de victimes comme celles qu’il aime tuer, hormis les mousses. Ensuite, que ce soit à bord de l’esnèque ou du knörr, je ne vois pas bien comment il aurait pu assassiner l’un d’eux sans se faire remarquer.
    — Mais il peut tout aussi bien, vous en êtes d’accord, être resté à Barfleur.
    — C’est une possibilité qui me réjouirait... Mais, regardez ! Là-bas !
    L’Oriental avait cru distinguer une silhouette familière dans la foule qui se pressait près du navire de charge.
    — Qu’avez-vous vu ?
    — Quelqu’un de connaissance. Venez, allons à terre, nous aussi !
    Ils descendirent précipitamment sur le quai et, jouant des coudes, se frayèrent un passage parmi les gens rassemblés près du knörr. Enfin, Hugues aperçut à nouveau celui qu’ils poursuivaient.
    L’homme était grand, large d’épaules, mais ce n’était pas tant sa silhouette ni la blondeur de ses cheveux que sa façon tranquille de marcher et de balancer les épaules qui le faisait remarquer.
    — Bjorn ! C’est lui, murmura Hugues. Il me semblait l’avoir aperçu sur l’un des bancs de nage, mais je n’étais pas sûr de moi.
    — Que dites-vous ? fit Tancrède qui observait le manège d’un gamin avec un pèlerin de Saint-Jacques. Tiens, nous l’avons croisé à l’auberge, celui-là.
    Le garçonnet avait baisé la main du pèlerin avant de s’emparer avec avidité des galettes que celui-ci lui tendait.
    — C’est un des passagers du knörr. Je vous disais que je crois que c’est Bjorn qui est là-bas devant nous, répéta Hugues. Il était sur le bateau de Giovanni. Venez, hâtons-nous, je veux lui parler.
    Ils pressèrent le pas, rattrapant le géant blond alors qu’il s’arrêtait devant l’étal ambulant d’une toute jeune marchande, contemplant les oublies, rissoles, fouaces et beignets étalés sur le fin voile d’étamine.
    — Donne-moi celui-là, fit le marin en désignant un beignet ventru et doré.
    La fillette saisit le sou qu’il lui tendait, enveloppant la pâtisserie dégoulinante de miel dans des feuilles de chêne.
    — Bonjour, Bjorn, dit l’Oriental. Nous vous avons beaucoup cherché.
    L’homme se retourna. Il parut

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