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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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voix râpeuse au léger accent traînant de la campagne. Vous devenez imprudent, quand vous n’avez pas messire Barak à votre côté. » Il indiqua la direction de la fosse. « Ça vous plairait d’aller là-dedans ? On ne vous retrouverait qu’en la curant, et on ne remarquerait pas l’odeur, vu ce que ça sent déjà. » Il sourit à Wright. Le grand gaillard opina brièvement, sans me quitter des yeux, comme un chien qui file son gibier. Ceux de Toky brillaient avec l’intensité cruelle de ceux d’un chat. Il souriait, savourant son plaisir.
    « Quelle que soit la somme qu’on vous paie, dis-je en m’efforçant de parler avec assurance, lord Cromwell vous donnera le double si vous dites le nom de celui qui vous a mandés. Je vous en donne ma parole. »
    Toky éclata de rire puis cracha par terre. « Ce fils de tavernier, voilà pour lui !
    — Qui vous paie ? Bealknap ? Marchamount ? Rich ? Norfolk ? lady Honor Bryanston ? » Je scrutai leurs visages, à l’affût de la moindre réaction, mais ils étaient tous deux bien trop avertis pour broncher. Le grand fit un pas de côté, brandissant sa hache. Alors Toky déploya les bras et s’avança vers moi pour me repoussercomme un mouton à l’abattoir vers son complice afin qu’il me donne le coup fatal. Je hurlai, mais si quelqu’un se trouvait dans ces taudis de bois, il n’interviendrait pas. Nul rideau ne bougea. Mon cœur cognait dans ma poitrine et, malgré la chaleur, je me sentis glacé, paralysé. Cette fois, mon heure était venue. Alors me revint en mémoire l’image du visage fracassé de Sepultus Gristwood et je me dis que si je devais finir comme lui, au moins, je mourrais en me battant.
    Leurs yeux fixaient le bras avec lequel je tenais ma dague. Je baissai l’épaule sur laquelle pendait mon sac, la bandoulière glissa et, la saisissant, je lançai la sacoche contre Wright de toute ma force. Il reçut le poids des livres sur le côté du crâne et tituba en poussant un cri.
    Je me précipitai vers la porte, remerciant Dieu qu’elle fût vermoulue. J’entendis Toky tout près derrière moi, et grimaçai en redoutant de sentir une lame s’enfoncer dans mon dos. J’empoignai la porte, la fis sortir de ses gonds et la jetai sur Toky, qui perdit l’équilibre, me laissant le temps de courir dans la nef. La vieille femme était toujours sur son escalier, en conversation avec une autre, plus jeune, qui était sortie du taudis voisin. Elles restèrent bouche bée de surprise en me voyant filer dans le couloir. Je passai devant elles et me retournai. Toky était debout dans l’encadrement de la porte, le nez en sang. À mon grand étonnement, il se mit à rire.
    « Pour ta peine, l’ami, on te mettra vivant dans la fosse. » Il fit un pas de côté tandis que Wright chargeait vers moi, hache levée.
    Il s’arrêta net en recevant sur la tête un flot de liquide lancé de l’étage, suivi d’un pot en faïence qui lui tomba sur l’épaule. Je levai les yeux. La vieille femme avait renversé sur lui un plein pot de chambre. Sa compagne arriva de chez elle avec un autre. Cette fois-ci, elle visa le grand gaillard, qui le reçut en plein front. Il chancela contre le mur en poussant encore un cri, et s’effondra, lâchant sa hache.
    « Filez ! » me cria la vieille femme ! Toky courait dans l’allée centrale, l’œil étincelant de rage. Je me précipitai vers la porte et dégageai les rênes de Chancery, qui, les yeux exorbités et tremblant de peur, me laissa néanmoins le tirer dehors. M’enfuir au galop était ma seule chance de salut. À pied, ils auraient tôt fait de me rattraper. Je sautai maladroitement en selle et serrai les rênes. Mais la tête de Chancery plongea brusquement car les rênes avaient été tirées par en dessous. Je baissai les yeux. À ma grande horreur, je vis Toky me faire un sourire hargneux. La lame de sonpoignard miroitait au soleil. Je cherchai désespérément ma dague, que j’avais glissée dans ma manche en montant à cheval, mais il était trop tard. Le bras de Toky se détendit en direction de mon ventre.
    Chancery me sauva en se cabrant au moment du coup. Il se mit à hennir et à ruer de terreur. Toky recula d’un bond. Je vis avec un frisson d’horreur que le poignard était rouge de sang. C’était le sang de Chancery qui maculait l’arme : il avait au côté une large entaille ruisselante. Toky évita les sabots frénétiques de l’animal et essaya de frapper à nouveau, mais, avec

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