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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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yeux.
    — Non, George. Mais j’avais peur que le gamin ne te trouve pas à temps.
    — Il t’a fait du mal ? répéta-t-il.
    — Non. On a parlé. De Michael, une fois de plus.
    — La peste soit de la mère Neller, qui laisse entrer tous ces pendards ! » Il se tourna vers moi. « Nous vous avons eu cette fois-ci, compagnon. Et il vous en cuira d’avoir frappé une femme sans défense. »
    Je levai les mains. « C’est une erreur, je vous le jure. Je n’avais jamais vu cette fille.
    — Vous, non, mais votre ami au visage grêlé, si. Celui qui est venu la semaine dernière et lui a fait ça. Il l’aurait tuée si le gamin n’était pas accouru pour me chercher. » Il se tourna vers sa sœur, les poings serrés. « Celui qui est dans l’autre pièce, c’est le grêlé ? Ou son complice, ce grand pendard avec des grosseurs sur le nez ?
    — La mère Neller dit que non. Elle l’occupe.
    — Un homme au visage grêlé ? demandai-je. Grand et très pâle ? Qui pose des questions sur Michael Gristwood ?
    — Oui, votre complice. »
    J’avais envie d’appeler Barak, mais le frère de Bathsheba semblait si nerveux qu’il était susceptible de me couper la gorge à tout moment. Je me forçai à parler calmement. « Je vous en prie, écoutez-moi. Cet homme-là est à mes trousses, il a essayé de m’assassiner hier. Je ne veux aucun mal à Bathsheba, je souhaitais juste lui parler de messire Gristwood…
    — Lui aussi, il m’a posé des questions sur les papiers de Michael, les projets de son frère. Il prétend être avocat. »
    Les yeux du jeune homme lancèrent de vifs éclairs de colère. « Je ne savais pas que les bossus pouvaient devenir avocats. » Il s’approcha de moi et posa de nouveau son poignard contre ma gorge. « Si vous êtes avocat, vous travaillez pour quelqu’un. Qui ?
    — Lord Cromwell. Mon assistant a son sceau. »
    Le frère de Bathsheba et le grand gaillard à la porte échangèrent un regard. « Oh ! George, gémit Bathsheba, qu’avons-nous fait ? »
    Son frère m’empoigna le bras et me plaqua contre le mur du fond, la pointe du poignard appuyée contre ma gorge.
    « Pourquoi ? Tudieu, en quoi cela le concerne-t-il ?
    — George ! s’écria Bathsheba en se tordant les mains, il faut tout leur dire et s’en remettre à leur merci… »
    Son frère se tourna vers elle, furieux. « À la merci de qui, deCromwell ? Non, nous allons tuer le bossu et son acolyte, et nous jetterons les corps dans la Tamise. Il n’y aura aucune trace de leur passage ici… »
    J’entendis hurler la maquerelle de l’autre côté de la porte, puis il se fit un grand branle-bas. L’homme au gourdin traversa la pièce en titubant et atterrit sur le lit de Bathsheba, qui se mit à crier tandis que la porte s’ouvrait brusquement. Barak se précipita dans la chambre brandissant son épée. Il l’abattit sur le poignard de George Green qui se tournait vers lui. Poussant un cri, le jeune homme laissa tomber son arme.
    « Vous n’êtes pas blessé ? me demanda Barak.
    — Non, soufflai-je.
    — J’ai entendu ces gaillards dans le couloir, bien qu’ils aient essayé d’être discrets. » Il se tourna vers George, qui se tenait le bras. Du sang ruisselait entre ses doigts. « Ce n’est pas grand-chose, l’ami, juste une coupure. J’aurais pu te trancher le bras, mais je ne l’ai pas fait. En retour, tu me donneras bien quelques renseignements…
    — Attention ! » hurlai-je. Le grand gaillard avait sauté du lit, brandissant son gourdin, pour l’abattre sur la tête de Barak. Je me jetai sur lui, le déséquilibrant. Il chancela et se cogna contre le mur. Comme Barak se retournait, George empoigna sa sœur terrorisée par la main, poussa les volets et sauta par la fenêtre. Bathsheba le suivit en criant. Le grand reprit son aplomb, laissa tomber son gourdin et s’enfuit par la porte ouverte.
    Barak courut à la fenêtre. « Arrêtez ! » cria-t-il en sautant pour se lancer à la poursuite de Bathsheba et de son frère, qui disparurent au coin de la ruelle. Je m’assis sur le lit crasseux, m’efforçant de reprendre mes esprits. Au bout de quelques instants, je me rendis compte qu’un silence total régnait dans la maison. Tout le monde avait-il donc pris la fuite ? Je me levai, ramassai le poignard de George et retournai dans la salle à manger. Les filles et leurs clients avaient disparu. La patronne était assise toute seule à la table, la tête entre les mains. Sa tignasse rousse, une

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