Les Mystères de Jérusalem
mal. Mais vous ne devez pas croire que je ne pense qu'à ça...
je ne pus m'empêcher de rire doucement.
- Mais vous ne pensez qu'à ça!
- Chuut..., souffla-t-elle en posant à nouveau ses lèvres sur les miennes.
Il suffit d'avoir envie, non?
je ne résistai pas au plaisir de plonger les doigts dans sa lourde chevelure. Ses paupières se refermèrent sous ma caresse etje sentis la vibration de ses hanches contre mes cuisses.
- Ce n'est pas l'envie qui manque. Mais, pour quantité de bonnes raisons, je ne suis vraiment pas certain que ce soit la meilleure des choses à
faire.
Orit attrapa mes doigts qui achevaient leur caresse sur ses tempes et attira ma main sur son sein nu sous la chemise.
- Si nous en discutions après? chuchota-t-elle.
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Le soleil montait très vite à l'orient. Le col de la jarre était visible, bien dégagé. Le couvercle de grès rose, d'une cinquantaine de centimètres de diamètre, était par endroits recouvert d'une sorte de glaçage gris largement ébréché. Une brisure nimgulaire de la taille d'un poing laissait entrevoir l'ombre à l'intérieur. La terre que Tom et Cahmani retournaient depuis l'aube, ocre, parfois brique ou traversée de larges veines blanch
‚tres de sel, devenait de plus en plus souple. Autour d'eux, au point de rencontre du wadi à sec et de son affluent de sable et de rocaille, le terrain, tel un plancher rongé par des termites, était à présent criblé de trous et de tranchées.
Sans cesser de rejeter ses pelletées, Tom dit
- Impossible de retirer cette jarre, elle est bien trop grande...
- Il n'est pas question de la sortir, fit Calimani, soucieux.
- On ne va pas non plus continuer à creuser comme des idiots!
- Non.
Ils s'arrêtèrent ensemble, la pelle à la main.
Calimani ne parvenait pas à détacher son regard du couvercle de la jarre.
Toutes les émotions passaient une à une sur son visage : l'incrédulité, la joie, la crainte, l'espoir...
- Sije vous disais queje n'y croyais pas! chuchota-t-il comme s'il craignait de déranger un fantôme. Je jouais le jeu, mais je n'y croyais pas... Ne crions pas victoire. Mais tout de même...
Tomjeta un coup d'oeil au Range Rover, fronçant les sourcils.
- On n'aurait pas d˚ laisser le 4 X 4 si loin...
- Pourquoi?
- Parce que cela nous laisse trop à découvert.
- Ah, fit Calimani comme s'il reprenait conscience de la réalité. Oui, nos amis de là-haut!
Tom se rendit compte que cette pensée l'effleurait à peine.
Ils ne devraient pas tarder à se manifester, dit-il.
Peut-être... Mais pas avant que nous ayons ouvert la jarre. Cahmani souleva son chapeau de toile marqué de sueur. Ce matin ses cheveux n'avaient pas reçu son ordinaire et minutieuse
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attention. Sa calvitie était visible. Sa main se hasarda sur la peau très blanche de son cr‚ne comme sur un terrain neuf
- Si ça se trouve, reprit-il pensivement, du ton d'un homme qui veut encore douter de son bonheur, cette grosse poterie n'est rien d'autre qu'une jarre à grain ou à huile.
- Alors, attendez avant d'en retirer le couvercle! je vais rapprocher le Range Rover et nous l'ouvrirons avec les cordes...
- Mmm, fit Calimani en s'agenouillant, fasciné. Vous vous rendez compte?
Vous vous rendez compte? Non! Vous ne pouvez pas...
Du bout des doigts il effleura la patine du grès. En gestes lents, comme s'il nettoyait la joue d'un enfant, il en ôta doucement la poussière, les minces éclats.
Curieusement, Tom vit la langue avant la tête. Il hurla. Calimani avait vu en même temps que lui. Dans un réflexe, il se projeta en arrière tout en se redressant, mais son talon glissa dans une étroite tranchée de terre meuble et se prit sous le manche d'une pioche. Il y eut un craquement. Calimani retomba de tout son long en gémissant de douleur.
Impérial et furieux ' sifflant par ses narines dilatées tandis que sa langue vibrionnait, un naja le fixait.
Surgi de la brèche du couvercle, l'aspic de Cléop‚tre, le cobra sentinelle, oscillait doucement à un mètre des baskets noires de l'Italien d'o˘
dépassait, d'une p‚leur un peu ridicule, sa cheville bloquée sous le fer arqué et rouge de la pioche. Déjà, elle commençait à enfler.
_ Ne bougez pas! gronda Tom en serrant le manche de sa pelle. Ne bougez pas!
Calimani, hypnotisé par le regard mortel du naja, ne risquait pas de bouger. On 'e˚t plutôt dit qu'il allait s'offrir à lui.
- Ne bougez pas 1 reprit Tom plus doucement, comme pour calmer
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