Les Mystères de Jérusalem
une si évi dente dextérité. Comme s'il venait, une fois de plus, de lire dans mes pensées, le vieux libraire me tendit la chemise cartonnée en souriant doucement.
- Faites attention, le temps l'a rendu fragile. Il s'agit d'un manuscrit ancien, très ancien... Vous y trouverez peut-être ce que vous cherchez.
Nous dépos‚mes le précieux objet sur le seul espace libre de la table. je dénouai avec précaution le ruban qui l'enserrait. La chemise contenait une vingtaine de feuilles d'un parchemin épais et raide, maculées de taches sombres, aux bords déchiquetés par endroits. Au moment o˘ j'allais ouvrir la chemise cartonnée, ses doigts secs se refermèrent sur mon poignet.
- Attendez! fit-il en me reprenant la chemise des mains pour l'ouvrir comme on ouvre un tabernacle. C'est l'instant délicat. Avec l'humidité, le vieux papier se colle et se déchire comme un rien.
Il déposa sous mes yeux une feuille recouverte d'une belle écriture penchée dont l'encre, p‚lie par les ans, était çà et là effacée.
- Vous arriverez à lire? me demanda-t-il, sans l‚cher la chemise de carton rouge.
- Oui, je crois.
Le texte était en hébreu, avec des lettres mélangées et certains mots écrits en capitales.
Lesparoles qui suivent méritent d'être transcritespour comprendre etpour connaître le lieu des sépulcres de nospèrespar les mérites desquels le monde existe. Cela est clair comme je vais le remarquer d'après un homme quifut en pays d1iraÎl avec le maître rabbi Jonathan Cohen, de Lunel, et dont le nom est rabbi Samuel bar Simson. Il l'accompagna dans la terre de Gochen, traversa avec lui le désert et vint avec lui à,7à=alem. De cet endroitje parierai comme Pauteur a parlé lui-m‚ne danssa lettre. Tout cela a eu lieu en Pan 1210..,
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je relus par deux fois ces quelques__'*ŒŒ énigmatiques, comme si ce texte s'était enrichi, à travers les siècles, d'autres significations qui m'échappaient pour l'instant.
- C'est l'introduction à une chronique de voyage, reprit Rab HaÔm. Vous trouverez également des témoignages de voyageurs qui ont visité Jérusalem depuis plus de mille ans. …tonnant, n'est-ce pas ?
…tonnant, oui. Pourtant, en vérité, j'étais déçu. Sans oser me l'avouer, mais bien plus que je ne l'avais laissé entendre à Tom Hopkins, j'avais réellement espéré que Rab HaÔm détînt dans son monceau de documents les manuscrits auxquels le moine Achar avait fait allusion. Sans trop y croire, je demandai :
- Vous souvenez-vous de la confession du moine que vous m'aviez confiée la dernière fois ?
- Hélas, je me souviens de tant de choses que parfois j'en oublie quelques-unes... Mais pas celle-ci. je me souviens.
- Ce moine dit avoir caché des papyrus hébreux et peut-être contemporains de la vie dejésus avec sa confession. J'avais pensé que peut-être vous aviez ces manuscrits?
- Oui... Des textes vraiment très anciens. Peut-être un peu trop anciens pour ma modeste boutique.
E laissa passer un silence. Son regard ne me quittait pas et je me sentis soudain mal à l'aise. Découvrant ses mauvaises dents, il me sourit.
- Il n'est pas impossible qu'ils soient quelque part ici, mais, oye, oye, oye! Comment voulez-vous que je les retrouve?_
La clochette de la porte l'interrompit. Deux hommes, la trentaine, les cheveux courts et les yeux très clairs, entrèrent. Instantanément je songeai qu'ils pouvaient bien être russes ou ukrainiens. Avec leurs jeans et leurs chemises aux imprimés criards, ils ne ressemblaient nullement à la clientèle habituelle de Rab HaÔrn. Dans le même temps, je le sentis se raidir, comme si ces inconnus ne l'étaient pas pour lui et que leur visite agit‚t dans son coeur une colère dont je ne l'aurais pas cru capable. Ils s'avancèrent entre les piles de livres et les meubles surchargés avant de s'apercevoir de ma présence. Ils me dévisagèrent, échangèrent un regard contrarié et esquissèrent un salut de pure forme avant de ressortir sans même avoir prononcé un mot.
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- Drôles de gens, fis-"j*e , s-'a-nsvo-u--'I- o ir'-parallre trop curieux*
lorsque la porte de la boutique se referma.
- Drôles! Oye! Non, pas du tout drôles! Voilà deux semaines qu'ils me tarabustent. Et vous ne devinerez jamais Pourquoi! Pour m'acheter tout ça!
D'un grand geste de Son bras maigre, il balaya l'antre poussiéreux qui contenait toute sa vie. Des gens comme eux! Acheter la boutique de Rab HaÔm!
- Curieux,
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