Les Mystères de Jérusalem
professeur était véritablement un ami, il nous serait d'une grande aide. Malgré les encouragements de Tom, je commençais trop bien à percevoir les limites de mes capacités à élucider les énigmes du rouleau le cuivre. Le professeur était un véritable savant.
Il possédait, en )utre, des relations parmi les chercheurs qui pourraient se révéer utiles. je commençais à penser que, face à une bande 172
mafieuse, plus nombreux nous Il. serions,, nueux nous nous porte rions... Troisième raison, enfin - et, hélas pour lui, ce fut celle qui emporta ma décision -, Calimani, son énergie, ses cheveux gominés, son go˚t presque enfantin pour les bonnes choses de la vie et même ses clignements d'yeux m'étaient de plus en plus sympathiques. J'avais mesuré la tendresse des secours qu'il avait apportés à Rab HaÔm et sa gentillesse envers moi. Non, cet homme ne pouvait pas être mauvais, me dis-je. Pour une fois, fie toi à ton intuition!
C'est en pensant à la colère de Tom qu'il me faudrait à nouveau affronter que je lui déclarai :
- Oui, vous avez raison. je ne suis pas ici uniquement pour mon roman.
Encore que, chaque jour qui passe, il me semble y être, comme à mon corps défendant, un peu plus enfoncé et d'une manière bien inattendue...
- Ah, s'exclama-t-il la bouche gourmande et en reposant sa fourchette.
Racontez-moi!
Il m'écouta avec le plus grand sérieux. quandj'eus fini, je crus qu'il allait applaudir. Mais il se leva en disant :
- je vais commander les cafés. Nous allons en avoir besoin. Deux pour moi... Et pour vous?
¿ son retour sur le balcon-terrasse, il s'assit en hochant la tête et se frotta les mains.
- quelle histoire, quelle histoire !j'ai h‚te de rencontrer votre ami américain.
- Je doute qu'il partage votre h‚te... Il va vous soupçonner du pire et m'en voudra terriblement de vous avoir révélé tout cela.
Calimani agita les mains comme des colibris et me fit un clin d'oeil.
- Ne vous en faites pas! je saurai me présenter sous mon meilleur jour...
Puis il redevint soudainement sérieux. Son regard balaya la ville qui s'assoupissait dans le plus chaud de la journée. C'était l'heure o˘jérusalem. changeait d'ombre, o˘ le mont Sion paraissait s'aplatir et presque reculer derrière les remparts. La blancheur des minarets des mosquées de la Vieille Ville semblait plus blanche et les maisons éparses dans l'interminable banlieue se
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fondaient dans le tissu du paysage, indissociables bientôt de la terre grise.
- En toute franchise, je dois vous dire quelque chose. je possède comme vous la soif de connaître le passé de cette ville. Tous les passés, d'ailleurs, quoique à un degré moindre. Pourtant, ici comme nulle part ailleurs, je sais que le passé peut devenir un enjeu redoutable. Vous le savez, mon cher ami, le passé dévoilé, revisité, peut à chaque instant provoquer des guerres et des haines inextinguibles! ¿Jérusalem, le passé
est autant le sang de la vie qu'une arme mortelle. Ce que peut contenir le trésor risque de...
Il s'interrompit comme s'il cherchait à peser chacun de ses mots.
- Le monde présent, même si notre époque fébrile se démène pour l'oublier, repose entièrement sur les fondations, les piliers, les arches et les vo˚tes du passé. Rien, de notre présent, n'est pensable : un ordinateur, une frontière, une ville, une route, une famille..., rien ne vit, ne se produit et n'existe sans la vitalité des racines lointaines qui en permettent l'émergence. …branlez seulement un pilier de cet édifice par un nouvel éclairage et c'est toute la b‚tisse qui tremble sur ses bases.
Plonger à la source de Jérusalem, c'est s'immerger dans la matrice du monde occidental... Bref, le trésor du Temple, c'est le risque de...
Il hésita encore et se mordilla la lèvre supérieure.
- Disons que la mafia, à mon sens, n'est pas, de loin, le pire danger d'une pareille aventure!
- Une vieille sagesse affirme que le passé tue celui qui part à sa recherche, murmurai-je. Seul en réchappe celui qui tue son passé... Mais vous venez de le dire : que sommes-nous sans passé ?
- Des ‚mes errantes, sans chair ni pesanteur... Ces ‚mes qui échappent à
tous les cercles de Dante... Oui, mieux vaut la faute que le néant. Les fautes se rachètent ou, à tout le moins, désignent le Bien, comme l'ombre désigne l'aile du papillon. En voulant empêcher que ce Sokolov ne s'approprie le trésor, votre ami Hopkins accomplit
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