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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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dit-il en un latin à peu près compréhensible. Tu figures, j'imagine, parmi leurs assistants.
    -
    Depuis nombre d'années déjà, en effet.
    Catulle de son unique úil valide examina son vis-à-vis.
    -
    Ne serais-tu pas d'origine grecque?
    -
    Oui, mais voilà bien longtemps que j'ai quitté
    les rives du Bosphore.
    -
    quant à moi, je connais quelques mots de grec, pas assez cependant pour soutenir une conversation.
    Catulle était un homme d'une quarantaine d'années, massif, la tête enfoncée dans les épaules, vêtu de riches étoffes. Il s'exprimait avec une lenteur calculée. Ses mains, aux doigts boudinés, ponctuaient chacune de ses phrases. Il soupira démonstrativement.
    -
    Le malheur qui me frappe m'a anéanti, affirma-t-il. Ma femme m'a donné cinq enfants avant de mou≠rir en couches, infortunée Amanda.
    Il essuya une larme.
    -
    Laure était mon aînée, ma préférée, elle réunis≠
    sait en elle toutes les perfections : la beauté, de l'esprit, de la gr‚ce... qu'elle ait pu périr de cette manière épouvantable...
    Il essuya une autre larme, puis il secoua la tête.
    -
    Pourquoi, mais pourquoi une telle atrocité?
    s'écria-t-il.
    -
    Telle est aussi la question que mes seigneurs se posent et ils trouveront la réponse, sois-en certain !
    Timothée but une gorgée de vin avant de pour≠suivre :
    -
    On m'a dit que tu occupais dans le négoce de
    cette région une place importante, surtout comme financier et changeur. Cet état n'est pas sans risque. Je gage que plus d'un mauvais payeur, plus d'un emprun≠
    teur malhonnête songe à se libérer de sa dette autre≠
    ment qu'en acquittant son d˚.

    -
    Oui, tels sont les risques de mon état !
    Catulle jeta sur son vis-à-vis un regard rusé.
    -
    Le meurtre de ma Laure ne saurait être mis en relation avec ma situation. La dette de mes débiteurs ne se trouve pas allégée d'un denier! quant à ma sécurité, tu as pu constater qu'elle était bien assurée!
    A son tour le Grec dévisagea son interlocuteur.
    -
    Ta fille, pourtant, n'a pu être tuée sans motif.
    Une raison sans doute sordide, abominable, exécrable, mais une raison !
    Catulle prit un air accablé.
    Je crains, dit-il à mi-voix, qu'il ne me faille en venir à un sujet qu'un père, ou plutôt deux pères n'abordent qu'avec la plus profonde répugnance.
    Deux pères? s'étonna Timothée.
    Oui, celui de Harbald le Jeune, Geroul donc, et moi-même.
    Le financier joignit les mains pour se recueillir un instant.
    -
    Lorsque j'ai donné mon consentement au
    mariage de Laure avec Harbald, reprit-il, j'ai certes approuvé un hymen souhaité par ma fille et le fils de Geroul, mais j'ai aussi réalisé l'union de deux familles que reliaient déjà des intérêts communs dans le négoce.
    Il baissa la voix.
    Laure s'était éprise de Harbald en tout bien tout honneur. Son amour ne l'a portée avant le mariage, malgré sa ferveur, à aucune anticipation scandaleuse.
    Peut-être e˚t-il mieux valu qu'elle f˚t moins sage !
    Voilà un propos bien singulier dans la bouche d'un père !
    Fondé, hélas ! La nuit de noces lui a révélé une réalité affreuse : Harbald est, comment dire, eh bien oui, frappé d'impuissance. En tout cas, avec Laure, il n'a pas pu accomplir son devoir d'homme.
    Cette défaillance, si je ne me trompe, peut être sanctionnée par un divorce que l'…glise admet.
    Mais que rendait difficile, voire impossible, la position de l'une et l'autre famille. Ma fille, elle, comme toute femme ainsi bafouée et privée de l'espé≠
    rance d'engendrer une descendance, n'aurait pas hésité
    à le réclamer, motif à l'appui. Geroul s'y est opposé de toutes ses forces : le coup porté à l'honneur de sa race aurait été trop rude. J'ai eu avec lui, à ce sujet, des entrevues orageuses.
    Serait-il allé jusqu'à proférer des menaces?
    Catulle ne répondit pas.
    Cette situation a-t-elle duré longtemps?
    Dix-huit mois environ. Peut-être ma fille a-t-elle pensé qu'en redoublant d'attentions, tu me comprends, n'est-ce pas, elle arriverait à éveiller son envie.
    Apparemment rien n'y fit?
    Rien, en effet!
    ; - Et c'est à la suite de cet échec définitif qu'elle est partie ?
    -
    Précisément, et sans prévenir personne, pas
    même sa vieille gouvernante qui était aussi sa confi≠
    dente... à moins que celle-ci n'ait gardé le secret.
    Laure est-elle allée retrouver tout de suite cet...
    Amalbert? Si elle l'a rejoint immédiatement? Je ne sais. Mais je le crois. Dès que

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