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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Toujours est-il qu'elle résolut de te quit≠
    ter.
    Faux, archi-faux.
    Là encore, je n'avance rien sans preuves. N'at-elle pas fait entreprendre des démarches auprès de son père et de Geroul dans l'espoir de regagner Narbonne? A l'évidence elle comptait emmener son fils.

    Dès lors, vos disputes se sont envenimées et multi≠
    pliées. Votre amour s'est transformé en détestation, en haine ! Ce projet de fuite qu'elle envisageait depuis plusieurs mois, elle a décidé de le mettre en úuvre au plus tôt.

Amalbert se leva en s'écriant :
    -
    C'est un tissu de mensonges insupportables. Je ne veux pas en entendre davantage !
    Il se dirigea vers la porte.
    -
    Si telles sont les accusations que certains
    peuvent formuler contre toi, tu ferais mieux de les écouter jusqu'au bout, intervint Nadjet.
    -
    D'ailleurs, si tu quittes cette salle à cet instant, souligna l'assistant des missi, je serai dans l'obligation de te faire appréhender pour te conduire, sous bonne garde, jusqu'à l'hôtel de la mission impériale o˘ mes seigneurs procéderont à ton interrogatoire, avec cer≠
    tainement moins d'aménité que je ne l'ai fait jusqu'ici.
    A tout prendre, je crois qu'il vaut mieux que tu aies affaire à moi.
    Nadjet, qui s'était levée à son tour, obligea son fils à reprendre place à
    la table.
    -
    A la pensée qu'elle puisse s'enfuir en t'enlevant ton fils, reprit Timothée, tu as envisagé tous les moyens possibles, y compris les pires, pour l'en empê≠
    cher. Je suis tenté de croire que c'est le meurtre étrange de Laetitia, dont tu n'as pu manquer d'apprendre les détails, qui t'a inspiré le dessein d'agir de même.
    La mère d'Amalbert fut à nouveau obligée de cal≠mer son fils.
    Le jour choisi pour cela, tu ne t'es pas engagé
    sur la voie Domitienne pour quelque rendez-vous, affirma le Grec. Tu es resté dans les alentours de ta villa et lorsque Laure, comme à l'accoutumée, faisait une promenade, tu l'as immobilisée, b‚illonnée, ligo≠
    tée avec l'aide de complices et portée ainsi sur un bateau que tu avais loué à cette fin. A-t-elle été noyée sur place, puis transportée ensuite près du grau de Narbonne...
    Assez ! hurla Amalbert. C'est intolérable ! Je n'écouterai pas davantage les divagations de ce chien !
    En un instant, Timothée se leva, dégaina et posa la pointe de son glaive sur la gorge de son interlocuteur, tandis que deux de ses gardes ouvraient la porte, prêts à intervenir.
    -
    Fais attention, fils de Leuthard, " ce chien "
    n'est pas d'une espèce très patiente !
    Il remit son arme au fourreau et poursuivit d'une voix très calme : J'étais en train de parler, je crois, d'un bateau loué. Pourquoi pas celui des frères Pinguet et Lumet?
    Tu les connaissais, je crois.

    Comme tout le monde, grommela Amalbert. Ils
    rendaient des services à droite et à gauche.
    Des services qui leur ont valu de périr dans les circonstances les plus nauséabondes qui soient.
    …trange, non? Sans doute en savaient-ils trop long pour survivre. Mais quoi?
    Le Goupil jeta sur son interlocuteur un regard scru≠tateur.
    -
    Mais revenons, dit-il, au meurtre de cette infor≠
    tunée Laure. La façon de procéder que j'ai envisagée exige en tout cas des complicités à Leucate. Tu m'as décrit, me semble-t-il, avec beaucoup trop de complai≠
    sance la façon dont le destin d'Emmeran et le tien ont divergé, jusqu'à ce que vous vous perdiez de vue. Je n'y crois guère. Une amitié d'adolescents qui a duré
    des années ne cesse pas ainsi, sans qu'il en subsiste quelque chose. Et, vois-tu, si je te cherchais un complice, c'est d'abord à Emmeran que je penserais.
    Le Grec prit le temps de manger deux beignets et de boire un gobelet de vin, tandis que Nadjet lui jetait un úil noir et qu'Amalbert ravalait sa rage.
    -
    Voilà ! Tu m'as rapporté les événements à ta
    manière et je les ai envisagés à la mienne, souligna Timothée sur un ton apaisant. Il se peut cependant que les choses se soient déroulées autrement. N'est-ce pas?
    Le trafiquant s'essuya le front sur lequel perlaient des gouttes de sueur.
    -
    Crois-tu, dit-il d'une voix lasse, que j'aurais eu besoin de tuer Laure pour l'empêcher de m'enlever mon fils ? Crois-tu vraiment que, si, par grande vilenie, je l'avais voulu mettre à mort, j'aurais choisi une voie aussi compliquée, nécessitant un bateau et des complices et comportant autant de risques d'être découvert, de plus une voie aussi honteuse, alors qu'un coup

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